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du 5 au 8 mai 2011 (semaine 18)
 

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8 mai 2011 - Pakistan
LA COLÈRE DE LA POPULATION ET LES RISQUES DE VIOLENCE


Dans la ville, où Oussama Ben Laden a été tué dimanche dernier, les chrétiens ont peur d'être la cible de représailles. À Abbottabad, la centaine de catholiques y vivait depuis près d'une décennie "dans la plus parfaite tranquillité".

Les chrétiens de la ville d'Abbottabad, située à une soixantaine de kilomètres d'Islamabad, demandent aujourd'hui davantage de protection et ont mis sur pied des groupes de sécurité. Des mesures qui répondent à la crainte pour les chrétiens de la région d'être victimes d'attaques de fondamentalistes souhaitant se venger de la mort du chef d'Al-Qaïda.

"Il n'y a pas eu un seul attentat à la bombe dans notre ville pendant une décennie de lutte contre la terreur", a déclaré le Père Akram Javed Gill, président de l'Association interdénominationelle des Eglises de la région administrative de Hazara. Des responsables des Eglises catholique, presbytérienne, évangélique et des Assemblées de Dieu se sont réunis pour étudier les mesures de protection à prendre.

Curé depuis 2007 de la paroisse catholique de Saint Pierre Canisius à Abbotabbad, il a déclaré que la "découverte choquante" du repaire de Ben Laden a placé la ville sous le feu des projecteurs, augmentant le risque d'attaques contre les chrétiens.

Le groupe extrémiste interdit "Mouvement des Talibans du Pakistan" (TTP - Tehrik-e-Taliban Pakistan) a d'ores et déjà publié des menaces d'attaques, ayant dans le collimateur les responsables civils et militaires de la région.

" Nous devons revoir nos stratégies de sécurité, mais faire en sorte d'éviter d'attirer trop l'attention", a déclaré Zakir Paul, un ancien de l'Eglise presbytérienne locale. Les groupes de jeunes vont être mis en alerte et davantage de protection sera demandée de la part des autorités policières, a-t-il souligné. Mais les responsables chrétiens ont constaté que la hiérarchie de la police est d'abord préoccupée par sa propre sécurité.

De nombreuses personnes sur place ne se réjouissent pas de la mort de Ben Laden, considérant le chef du mouvement terroriste comme un "martyr". "J'ai vu quelques avocates en pleurs dans un tribunal", a précisé Zakir Paul, qui est lui-même avocat.

La majorité des Pakistanais partagent le sentiment du Ministère pakistanais des Affaires étrangères qui a critiqué les Etats-Unis pour avoir agi "sans autorisation et de façon unilatérale", sans en avoir auparavant averti le gouvernement d'Islamabad. Les partis islamiques pakistanais ont organisé des prières funéraires pour Ben Laden et des manifestations pour protester contre le meurtre de celui qui est considéré comme un "héros" dans de nombreuses régions du monde musulman.

Les minorités chrétiennes au Pakistan, identifiées à tort aux Etats-Unis et à l'Occident en général, sont "l'objectif le plus facile à atteindre" par les extrémistes désirant venger la mort de Ben Laden, estime le journaliste musulman Aoun Sahi, éditorialiste au journal "The News International".

Cet expert en matière politique et religieuse au Pakistan a déclaré que si Oussama Ben Laden n'était pas "le leader de l'islam", ses disciples, cependant, sont tous des musulmans et il est probable qu'ils réagiront à sa mort en perpétrant des attentats. Et le lieu où ils peuvent le faire le plus facilement, c'est au Pakistan, contre les minorités chrétiennes, car il serait plus difficile de le faire aux Etats-Unis ou en Europe. (source : Ucanews)

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