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du 5 au 8 mai 2011 (semaine 18)
 

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8 mai 2011 -
LE CHRISTIANISME RÉSULTE D'UN CHOIX CONSCIENT

Le cardinal et patriarche de Venise, Mgr Angelo Scola, est une personnalité qui ne s'embarrasse pas de sclichés et des formules stéréotypées habituelles à la Curie romaine. Ce qu'il a à dire, il le dit avec force et simplicité.

Il est le fondateur d'Oasis, un centre international tourné vers le Moyen Orient et l'Extrême Orient. Née en 2004 comme centre d'études d'une intuition du ardinal Angelo Scola, Oasis s'est constituée depuis 2009 en fondation internationale vouée à la promotion, la connaissance réciproque et la rencontre entre chrétiens et musulmans, avec une attention particulière à la réalité des minorités chrétiennes dans les pays du Poche-Orient et de l'Extrême-Orient à majorité musulmane.

A l'occasion de la venue de Benoît XVI dont il est proche, il a répondu aux questions du quotidien français "La Croix" et a invité le christianisme, dans une société plurielle, à se dire, comme il le fait lui-même, avec force et simplicité.

Devant les changements que nous vivons aujourd’hui, ce qu’on appelle le « post-modernisme », les évolutions provoquées par le génie génétique, les neurosciences, le « métissage » des civilisations, les mobilités en tous domaines, etc.. sont totalement inédits, il répond :

" Je dirais plutôt que notre époque est en « travail », au sens d’un accouchement, d’un enfantement. Comme une femme qui accouche, nous ressentons les fortes douleurs de l’enfantement, mais nous savons déjà que celui-ci va donner lieu à une grande joie. Au milieu de tout cela, il nous faut chercher, et trouver, de bonnes raisons pour rester ensemble.

" Dans notre société devenue plurielle, les sujets individuels et communautaires, issus de mondes divers, religieux ou non, doivent vivre ensemble : cela est une exigence élémentaire. Et il nous faut choisir de transformer ce bien social naturel en valeur politique choisie. Car les institutions doivent pouvoir garantir ce « vivre ensemble ».

" Je pense que ce concept pourrait être le nouvel « universel » politique. Ce qui suppose de la part de chacun une attitude de « narration continue » en vue de cette reconnaissance mutuelle. Il faut avoir le courage de « se dire » et de « se laisser dire ». Car plus la société est plurielle, plus elle est tendanciellement conflictuelle. Donc, chaque sujet doit pouvoir « se dire » et accepter de « se laisser dire », en vue d’une reconnaissance réciproque.

" Dans un tel contexte, la narration des hommes religieux doit pouvoir se développer sans problème. Sauf si une certaine laïcité vise à la neutralisation des sujets.

Par exemple, j’ai la conviction que seule une société fondée sur une famille ancrée dans le mariage entre un homme et une femme vivant une relation fidèle et ouverte à la vie, peut véritablement « régir » l’enfantement dont nous parlons.

" Je souhaite par conséquent pouvoir l’exprimer, le proposer, le comparer à d’autres visions des choses au sein de cette société civile.

" Mais aujourd’hui, la pensée dominante consiste à dire : « Si je suis convaincu que ma conception est la meilleure, je peux en vivre, pourvu que je laisse les autres vivre leur propre conception. »

" La véritable liberté ne consiste pas à s’abstenir de proposer sa conception. Au contraire. Il y a là une équivoque de fond qui empêche nos sociétés pluralistes d’être constructives.

..." Le problème de la déchristianisation est lié au fait déjà mis en évidence par Paul VI : le rapport entre la foi et la vie n’est plus visible. Cela est palpable chez les générations intermédiaires, les 15-50 ans. Une telle situation est gravissime. Ces générations ne sont pas opposées à la foi. Elles n’en voient simplement pas l’« avantage ». Ces générations sont parfois fatiguées du « métier de vivre », sur le plan affectif, professionnel, éducatif. Ils ne voient simplement pas la valeur de la référence chrétienne dans la vie quotidienne. Ce que Lubac appelait le « surnaturel » ne peut que leur paraître ajouté.

" Il nous faut partir d’une annonce simple de la beauté, de la vérité de suivre le Christ dans toute vie humaine, dans tous les types de vie, toutes les existences.

Cela peut se vivre à travers des grands événements comme les JMJ, ou le « Parvis des Gentils », mais il nous faut toujours aller jusqu’à toucher la personne, à travers le témoignage. L’homme d’aujourd’hui, sommé de vivre une identité individuelle très forte, doit découvrir la joie de la relation avec le Christ, et donc avec l’autre.

" Je suis convaincu que face aux grandes questions « Pourquoi Dieu ? », « Qui est Dieu ? », le christianisme donne une réponse convaincante par rapport aux autres religions. Il respecte les éléments de vérité qui sont dans toutes les religions, mais marque également sa différence objective.

" Le principe trinitaire propose une explication convaincante à la grande question de la Création et de la raison d’être du monde. Car sans différence, pas de création. La Trinité est ainsi une clef. Jésus, les mystères de sa vie, a ainsi des implications très concrètes dans notre vie. Par exemple, dans notre société, il est aujourd’hui très difficile, simplement, de provoquer une réflexion sur la différence sexuelle.

" L’Occident, en gommant la notion de Dieu trinitaire, est à la peine pour évoquer, penser, la différence sexuelle. Cette altérité doit être considérée en lien avec la Trinité. En effet l’idée de différence est introduite en Occident de concert avec la pensée trinitaire. Il y a là une véritable implication anthropologique du mystère de la Trinité. "

La richesse et l'intensité de cet entretien ne peut être ni se résumer, ni en rester à quelques citations. Il est à recueillir dans son entier, en se référant au quotidien français "La Croix") (source : La Croix)


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