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du 5 au 8 mai 2011 (semaine 18)
 

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8 mai 2011 -
LA COLLUSION DU SACRÉ AVEC LE POUVOIR


Quand les politiciens en appellent aux «racines chrétiennes», c’est moins pour prôner le message du Christ que par nostalgie des liens entre politique et religion. Les périodes électorales que nous vivons ou allons vivre donnent à réfléchir.

Pour Jacques Neirynck, au moment où la plupart des pays européens se sont rendus aux urne ou vous le faire dans les mois à venir, c'est une analyse à ne pas négliger, car elle révèle que cette affirmation est bien souvent ambigüe parce que teintée de sous-entendus plus politiques que religieux.

Dans l’Europe vieillissante, désenchantée et matérialiste, il est profitable en politique de déterrer la nostalgie des «racines chrétiennes». Les partis de droite tentent ainsi de sauvegarder un électorat fragile en le rempotant dans un terreau nourricier. Sans souci de logique, ils se font parfois aussi les défenseurs de la laïcité. Car leur véritable objectif est d’entraver la montée de l’islam, dépeint comme une religion étrangère, donc fausse.

La Suisse s’est distinguée en inscrivant, jusque dans sa Constitution, l’interdiction saugrenue de construire des minarets.On pouvait croire ces combats périmés. Mais la collusion entre le pouvoir et le sacré y est persistante.

Comme il n’y a que deux sources possibles au pouvoir, Dieu et le peuple, il est tentant de convaincre ce dernier que Dieu lui appartient en exclusivité. A l’image des rois de France se faisant sacrer à Reims, certains politiciens français font étalage d’une pseudo-piété. Les despotes du monde arabe s’emmitouflent dans une prétendue fidélité au Coran, dont ils violent l’esprit.

Or saint Paul proclame qu’il n’y a plus grec ou juif, homme ou femme, maître ou serviteur, mais que tous ont une égale dignité et sont tenus à la solidarité au-delà des limites du clan.

Car une vocation première des religions est de conforter le pouvoir selon l’adage "ejus regio, cujus religio" (le peuple doit embrasser la religion du prince). C’est fatalement une religion de l’exclusion de l’étranger, puisqu’elle fonde l’appartenance nationale, sur une religion d'État.

En 1848, la Suisse moderne se garda d’instaurer une religion d’Etat, en confiant cette prérogative aux cantons, qui s’en donnèrent à cœur joie, réservant le droit au clocher à la confession régionale. La véritable question est de savoir si ces racines-là sont réellement chrétiennes ou si elles en constituèrent une perversion radicale.

Le message de Jésus de Nazareth n’est pas de l’ordre du sacré, mais de celui de la sainteté.

Les véritables racines du christianisme sont l’ouverture à tous et la solidarité avec les plus faibles. Les assimiler à la fermeture sur soi et à l’égoïsme (sacré) des nantis constitue une perversion radicale du message. (source : Protestinfo)


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