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du 16 au 19 mai 2011 (semaine 20)
 

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19 mai 2011-
ENTRE ESPOIRS ET INCERTITUDES

Plus qu'on ne le pense, le vent de la contestation qui souffle en Afrique, alimente les conversations sur tout le continent. De la Tunisie à l'Afrique sub-saharienne, ces contestations sont-elles porteurs d’espoirs ou sources d’incertitudes.

Au-delà de ce qui se dit dans les grands médias internationaux, ces événements sont porteurs d’espoirs ou sources d’incertitudes non seulement pour ces pays, mais aussi pour tout le continent africain. Telle est l'analyse qu'en fait le Professeur Kä Mana de l’Université Evangélique du Cameroun en fait une analyse à l'intention de l'Agence DIA.

" Ces
événements ne se réduisent pas seulement à ce que les radios, les télévisions et les grands journaux internationaux en disent. Il y a lieu de regarder plus à fond leur signification pour les comprendre au-delà de l’écume des jours. Comme tout le monde, je suis au courant des grilles politiques qui ont servi à décrypter les tempêtes et les ouragans sociopolitiques de ces derniers mois au Maghreb et en Côte d’Ivoire.

" Je sais qu’en Tunisie comme en Egypte, les peuples ont été poussés à bout par la chape de plomb de la dictature et qu’ils en ont eu marre, si l’on peut ainsi parler, d’être niés dans leurs droits et dans leurs pouvoirs essentiels par des Chefs sans conscience. Des potentats que n’ont ébranlés ni l’usure de leur longévité à la tête de leurs pays, ni le décalage de plus en plus gigantesque entre les aspirations des nouvelles générations et les intérêts des classes dirigeantes.

"
En Côte d’Ivoire l’autisme politique du Chef, son enfermement dans les ruses politiciennes et sa soif de régner envers et contre tout ont eu raison de son propre régime. Un régime tout d’un coup confronté à une détermination inattendue de la part de ses adversaires internes et de ce que l’on appelle aujourd’hui la communauté internationale.

..." A côté de ces clés de compréhension s’ajoutent, à tort ou à raison, les vieilles rengaines africaines contre l’impérialisme ainsi que les jérémiades habituelles sur le complot international contre le continent noir.
Laurent Gbabgo et Mouammar Al-Kadhafi seraient ainsi victimes de la voracité et de la prédation des forces occidentales de l’ombre. Moubarak et Ben-Ali n’auraient plus été de ce point de vue des garanties sûres dans la volonté américano-européenne de configurer le Grand Moyen-Orient selon les attentes des « Maîtres du monde ».

" Mais n ’y a-t-il pas une culture de la tyrannie et de la cruauté qui embrase le continent africain et que l’on veut masquer en recourant à des théories faciles de victimisation de soi et d’exaltation publique du complot mondial contre les pays africains ? Cette question revient constamment dans les débats intellectuels et constituent l’une des grilles aujourd’hui utilisées pour mettre l’Afrique devant ses propres responsabilités et devant les impératifs de construction de son propre futur. Un futur de paix, de prospérité, de démocratie et de liberté clairement assumée.

" Nous sommes là devant des questions d’éthique fondamentale et du développement de l’esprit, des questions qui interpellent les consciences sur les finalités humaines de la politique, de l’économie, de la vie sociale et des valeurs d'une civilisation.

" Il me semble, poursuit le Professeur Kä Mana
, que la lame de fond de tous les événements dramatiques que nous vivons est une immense interrogation pour que l’humanité dans son ensemble et l’Afrique en particulier enfantent une nouvelle idée d’humanité.

- Une idée d’humanité où le pouvoir politique ne puisse plus être un pouvoir de dictature, de tyrannie, d’autisme ravageur et d’esprit de domination au service d’un homme ou d’une caste.

- Une idée d’humanité où l’économie ne puisse plus être une jungle ou une arène, un monde que seul gouvernent les logiques du profit et des inégalités, une sphère du pillage des peuples par d’autres peuples, une aire des misères indicibles et des dénuements extrêmes causées par l’exploitation de l’homme par l’homme.

- Une idée d’humanité où les relations entre les hommes et les relations entre les peuples ou entre les pays ne puissent plus être dominées par les instincts de puissance, par les pulsions de violence, par le recours aux armes pour régler les conflits.

- Une idée d’humanité où la culture dominante ne soit pas celle des égoïsmes agressifs, des calculs géostratégiques à court terme et de l’irresponsabilité face au futur de la planète et de la vie.

" C’est à l’enfantement de ce monde que nous devons nous atteler, si nous comprenons qu’un nouvel esprit prend souffle en Afrique et que l’Esprit comme forme de changement de l’Histoire se manifeste maintenant comme une grande force pour la construction de l’humain dans les tragédies de l’histoire, comme aurait dit Hegel en son temps.

"Nous sommes devant cette responsabilité historique pour penser et vivre l’humanité africaine, et l’humanité tout court, en termes d’exigences éthiques et de valeurs spirituelles sans lesquelles l’humain s’effritera dans les folies des hommes et dans les fureurs tragiques des peuples.

" Construisons l’humain, construisons le développement des peuples, construisons la paix sur la terre, construisons le bonheur dans l’inter-fécondation des civilisations, construisons une culture de l’amour, comme n’ont cessé de nous le dire les grandes voix éthiques et spirituelles de l’humanité." (source :
DIA)

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