Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 16 au 19 mai 2011 (semaine 20)
 

-
19 mai 2011- Madagascar
DES APPELS TRÈS PEU ENTENDUS

L'Église de Madagascar vient de publier un recueil des textes des responsables catholiques qui rappellent les prises de position de l'Église catholique avant et pendant la crise politique, et qui expriment les vaines interpellations des évêques.

Prophétie ou coïncidence ? Réunis dans ce recueil publié en avril 2011, aux éditions "Foi et Justice", les textes des évêques catholiques de Madagascar de 2006 à 2010 constituent un document précieux pour une meilleure compréhension de la crise politique de 2009-2010, mais qui rappellent en même temps les mises en garde d'une conférence épiscopale très peu entendue.

" De 2006 à 2010, les évêques et autres responsables se sont inquiétés de l'appauvrissement de la population et de la montée des tensions. Leurs mises en garde ont été vaines. Mais depuis que la crise a éclaté en 2009, l'Église catholique n'a pas davantage été entendue", indique l'éditeur, le Père Sylvain Urfer, à la couverture du recueil.

Témoignant de ces interpellations, Mgr Fulgence Rabemahafaly rappelle, dans la préface, le message publié dès novembre 2006, à la fin de l'assemblée plénière de la Conférence épiscopale, la CEM. "À l'époque, nous avons averti du danger qui nous menaçait", écrit-il.

La réforme de l'éducation nationale, le référendum constitutionnel de 2007 ainsi que "certains faits qui traduisent le manque de confiance vis-à-vis de l'Église catholique" sont, entre autres, successivement pointés du doigt dans les déclarations, messages et réflexions entre 2006 et 2008, une période qui peut être considérée comme celle de «la montée des tensions».

Dans une deuxième partie sont rassemblées des propositions de médiation des évêques, de leurs appels au calme, des diverses correspondances d'encouragement adressées par les hommes d'Église étrangers, ainsi que des déclarations « coups de gueule » de l'archevêque d'Antananarivo engagé dans le processus de médiation mené par le Conseil oecuménique des Églises (FFKM), dont il était président en 2009.

Malgré le changement de pouvoir en mars 2009, les déclarations des évêques restent toujours aussi interpellatrices. Après les souhaits de succès d'usage au lendemain de l'accession d'Andry Rajoelina au pouvoir, les responsables catholiques, qui ont pris le parti de reconnaître le pouvoir de la Haute autorité de transition (HAT), ont plus proposé qu'interpellé. Mais leurs propositions étant restées vaines, elles ont aussitôt repris leur campagne d'interpellation.

L'Église catholique de Madagascar a suggéré en mars 2009 au président de la HAT " de confirmer solennellement la promesse faite à la population tananarivienne de ne pas être candidat à la prochaine élection présidentielle ". Tous les autres membres du gouvernement de la Transition ont également été exhortés à adopter cette « décision courageuse ». C'est "la garantie qu'ils sont là pour le patriotisme et non pour d'autres intérêts," soulignait la déclaration du 24 mars.

Ce nécessaire « respect de la parole donnée pour le patriotisme » a été rappelé le 28 mai 2010, juste après que Rajoelina se soit engagé à ne pas se présenter à l'élection présidentielle. Mais aussi en novembre de la même année, et en février 2011, quand le président de la HAT a commencé à tergiverser sur ses réelles intentions.

Pour les évêques catholiques, « le succès de cette transition » était conditionné par la non-candidature de tous ceux qui dirigent le pays durant cette période. (source : CEM)


Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil