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du 19 au 22 mai 2011 (semaine 20)
 

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22 mai 2011- USA
UNE ÉTUDE SUR LA PÉDOPHILIE DES PRÊTRES

Le 18 mai, les chercheurs du "John Jay College of Criminal Justice" ont remis à la Conférence des évêques catholiques, l'USCCB, un rapport sur les abus sexuels commis par des membres du clergé, rapport qui en éclaire bien des causes.

Il est le résultat d'une enquête menée durant cinq ans à la demande de la Conférence épiscopale américaine, et il fournit une réponse définitive concernant les causes des abus sexuels commis par des membres du clergé, note l'USCCB. Selon cette longue enquête, ce n'est pas le célibat sacerdotal ni l'homosexualité qui sont en cause.

"Pour ce qui est des causes et le contexte des abus sexuels commis contre des mineurs par des prêtres catholiques aux Etats-Unis, 1950-2010", ce rapport montre qu'il n'y a pas qu'une seule cause et qu'un seul élément indicateur d'abus sexuels.

Il en ressort, par ailleurs, que pour l'essentiel, ces affaires, qui ont fortement décrédibilisée l'Eglise catholique aux Etats-Unis ces dix dernières années, sont désormais en constant déclin et sont pour l'essentiel liées à un autre contexte.

"Le gros des cas a eu lieu il y a des décennies", a relevé Karen Terry, investigatrice principale de cette enquête du "John Jay College". Pour elle, la fréquence croissante des abus dans les années 1960 et 1970 découlait des modèles de plus en plus déviants de la société à cette époque.

Selon les experts du "John Jay College of Criminal Justice", les cas d'abus sexuels dans les 195 diocèses et éparchies dépendant de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis sont en baisse constante depuis 2004. Les nouveaux cas deviennent rares, grâce notamment aux politiques mises en place depuis le début des années 2000, relèvent-ils.

En fait, note le rapport, les abus sont survenus parce que les prêtres abuseurs, mal préparés et mal surveillés, victimes de stress, ont atterri dans un contexte d'agitation sociale et sexuelle des années 1960 et 1970. Les abus sexuels de mineurs par des prêtres ont dramatiquement augmenté durant ces deux décennies "et le problème s'est aggravé quand la hiérarchie de l'Eglise a répondu en faisant montre de davantage de souci pour les auteurs de ces abus que pour les victimes".

Les chercheurs ont conclu qu'il n'était pas possible d'identifier par avance les prêtres abuseurs: ils n'ont pas de "caractéristiques psychologiques" particulières ou d'histoires dans leur développement qui les distingueraient des autres prêtres.

" Des occasions et des "facteurs de situation" ont, estiment-ils, joué un rôle significatif pour les amener à commettre des premiers abus et à les répéter. Etant donné la difficulté de détecter les caractéristiques particulières des prédateurs potentiels, il est"très important" de prévenir les abus sexuels en limitant les "facteurs situationnels" permettant la commission de tels actes.

Ce rapport renvoie dos à dos les millieux conservateurs et progressistes. Les milieux conservateurs dans l'Eglise affirment que le problème vient des prêtres homosexuels, tandis que du côté des progressistes, on met en avant la culture uniquement masculine du clergé et le célibat sacerdotal.

Si plus de garçons que de filles ont été victimes d'abus sexuels, souligne le rapport, ce n'est pas parce que les abuseurs étaient des homosexuels ("gays"), mais simplement parce que ces prêtres avaient davantage accès aux garçons qu'aux filles dans les paroisses, les écoles et les activités avec les jeunes.

Si William Donohue, président de la "Catholic League", un mouvement conservateur américain, met en cause la permissivité ayant existé dans l'Eglise américaine des années 1960-1970 - en particulier dans les séminaires - et le nombre d'homosexuels devenus prêtres durant ces deux décennies, cet avis n'est pas unanimement partagé.

Kristine Ward, présidente du réseau de personnes abusées "National Survivor Advocates Coalition" (NSAC), a estimé pour sa part que les explications culturelles ne tiennent pas. Comment alors expliquer les cas d'abus sexuels qui ont éclaté au sein de l'Eglise de l'Australie et de l'Irlande jusqu'en Amérique latine. "Est-ce que l'on peut expliquer cela par la culture américaine des années 60? C'est difficile à croire!", a-t-elle déclaré.

"Il est impossible de comparer avec précision le taux d'abus sexuels au sein de l'Eglise catholique avec les taux existant dans d'autres organisations" , font remarquer des experts du "John Jay College of Criminal Justice". En effet, il n'y a pas d'études comparables menées par d'autres institutions, qu'elles soient religieuses ou laïques.. (source : CNS et Apic)


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