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du 19 au 22 mai 2011 (semaine 20)
 

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22 mai 2011- Bouthan
DES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES ÉTONNANTES


L’Eglise au Bhoutan n’a pas d’existence officielle. Les chrétiens sont « rattachés » au diocèse indien voisin. Exceptionnelle, la visite, du 9 au 17 mars, de Mgr Menamparampil, archevêque de Guwahati, nous fait revenir aux débuts de l'Église.

Le gouvernement bhoutanais décourage les espoirs de reconnaissance officielle du christianisme par les autorités et les visites de prêtres étrangers très limitées.

" Je me suis rendu dans une quinzaine d’endroits différents du royaume, dit Mgr Menamparampil, : d’ouest (Geddu, Phuntsholing, Wangdi) en est (Mongar, Trashigang, Kanglung, Sandrup Jongkhar), en passant par le centre (Bumthang, Trongsa) et bien-sûr, Thimphou, la capitale. J’ai rencontré deux à trois cent personnes, par petits groupes. Certains, à Tihmphou, se souvenaient même de ma précédente visite… dix-huit ans plus tôt !"

" Les catholiques de la capitale se réunissent chaque semaine, discrètement, dans une petite salle pour prier ensemble. Ils ne sont pas inquiétés par les autorités car ils font profil bas et sont, pour la plupart, considérés comme d’anciens catholiques ayant embrassé la foi de leurs parents quand ils étaient en Inde."

" Les catholiques du Bhoutan n’ont pas de prêtre depuis la mort du P. Mackey, en 1995. Le P. Kinley Tshering vient d’Inde pour dire la messe et soutenir les catholiques bhoutanais, aussi souvent qu’il peut. Il appartient au diocèse de Darjeeling en Inde.

" Apparenté à la famille royale et unique prêtre de nationalité bhoutanaise, lui seul peut se rendre dans son pays plus de sept jours, mais il n'y vit pas à l'année. Les autres prêtres doivent se munir d’un visa touristique.

" Après les catholiques, les communautés que j’ai visitées étaient principalement des Eglises indépendantes, souvent proches des Pentecôtistes. Bien qu’ils sachent que j’étais archevêque catholique, les gens semblaient très touchés qu’on se donne tant de mal pour venir les encourager."

" La plupart des endroits où je me suis rendu se situaient à 2500 mètres et il fallait souvent composer avec la neige. Chaque jour, je devais parcourir sept heures de longues routes sinueuses épuisantes pour aller d’un site à un autre. Mais j’étais ensuite chaleureusement reçu par des petites communautés de dix à vingt familles qui voulaient même que je reste !"

" Certains groupes donnent l’impression d’être des « Chrétiens self-made ». Ils cherchent encore, ne sont affiliés à aucune Eglise. Un peu comme au temps des Actes de Apôtres. Avec eux, on expérimente vraiment la présence du Saint-Esprit : chaleur, foi, espérance. Parfois, ils se retrouvent dans leurs maisons respectives pour prier ensemble, les familles s’accueillant à tour de rôle. Leur culte consiste à chanter des hymnes pendant un moment incroyablement long, lire la Bible, commenter la Parole et enfin prier. Bien qu’ayant une connaissance du christianisme très primaire, ils font montre d’une foi vive.

" Le nombre de chrétiens au Bhoutan augmente surtout chez les Bhoutanais d’origine népalaise. Ils ont la nationalité du royaume mais sans doute restent-ils attachés au Népal où, justement, les Eglises évangéliques progressent avec rapidité.

" Au Bhoutan, le culte public n’est pas autorisé et le prosélytisme considéré comme inacceptable. Les chrétiens se retrouvent donc dans des lieux cachés : un cellier, une cave, une pièce aux rideaux tirés… généralement en dehors des villes. En les voyant agir ainsi, on comprend mieux comment les premiers chrétiens romains, menacés de persécution, ont dû prier dans les catacombes pour préserver leur foi.

" Quant au gouvernement bhoutanais, il ne cherche pas à persécuter les chrétiens, tant qu’ils pratiquent dans la discrétion. Mais si on spécifie qu’on est chrétien dans un formulaire administratif, on n’obtiendra pas d’entretien d’embauche, de promotion au travail ou encore, on n’aura pas accès aux études supérieures.

" En Asie, la plupart des gens ne font pas la distinction entre culture et religion. Or ça ne s’enseigne pas en cours académique. Si on pouvait leur démontrer, expériences à l’appui, qu’il est possible de distinguer les deux sans compromettre l’un ou l’autre, sans ébranler leur identité, là, ils pourraient choisir librement leur religion. Mais les communautés chrétiennes n’ont pas toujours réussi à le faire…

" Les jeunes bhoutanais ont soif d’apprendre. Ils sont doués pour cela. Nous essayons donc de mobiliser des sponsors, des groupes de soutien qui parrainent leurs formations, participent au financement de voyages en Asie du sud. Les jeunes méritent cette aide et feront des merveilles avec tous ces enseignements.

L'archevêque termine son entretien avec l'AED par cette affirmation :

" Je me réfère souvent à ce passage d’Isaïe (2 ; 2-4) : « Il arrivera dans la suite des temps que la montagne de la maison de Yahvé sera établie en tête des montagnes et s’élèvera au-dessus des collines. Alors toutes les nations afflueront vers elle, alors viendront des peuples nombreux qui diront : ‘venez, montons à la montagne de Yahvé […] qu’il nous enseigne ses voies et que nous suivions ses sentiers.’»

" Ce n’est pas un hasard, conclut-il, si Dieu a élevé l’Himalaya au-dessus de toutes les montagnes. Nous aurons besoin de discerner ses voies sur ces hauteurs et parmi ces formidables habitants. (source : AED)


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