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du 22 au 24 mai 2011 (semaine 21)
 

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24 mai 2011-
LE VATICAN RÉAFFIRME LE CARACTÈRE ECCLÉSIAL DES "CARITAS"

C’est dans un climat tendu que s’est ouverte à Rome, le dimanche 22 mai, l’Assemblée générale internationale de Caritas Internationalis. Depuis plusieurs mois, des tensions sont perceptibles au sein de la galaxie des 165 Caritas dans le monde.

Caritas, qui célèbre son 60ème anniversaire, est l’un des tout premiers acteurs mondiaux dans la lutte contre les pauvretés, et la première ONG catholique. Soutenant 24 millions de personnes dans le monde, employant 440.000 salariés et 625.000 bénévoles, ces 165 Caritas, fédérées à Rome par Caritas Internationalis (CI), s’appuient chaque année sur des ressources, privées et publiques, de 5,5 milliards de dollars.

Cette ONG avait déjà mal vécu le veto mis par le Saint-Siège, le 15 février dernier, au renouvellement du mandat de Lesley-Ann Knight, actuelle secrétaire générale. Le Secrétaire d’État, le cardinal Tarcisio Bertone, avait alors écrit aux conférences épiscopales, chacune responsable de « sa » propre Caritas locale, pour leur faire part de sa décision, inédite dans l’histoire de CI, mais fondée en droit.

Fondée en droit car le statut canonique de "Caritas Internationalis", promulgué par Jean-Paul II le 16 septembre 2004, prévoit en effet cette possibilité, et confie au Conseil pontifical "Cor Unum", présidé par le cardinal guinéen Robert Sarah, le suivi de l’association.

Mais Rome, s’appuyant sur des arguments théologiques et juridiques, l’appelle fermement à réaffirmer son identité catholique, son caractère propre, source de l’œuvre de charité. L’encyclique « Caritas in Veritate », signée de Benoît XVI, en est la boussole.

Or l’impératif de lutte contre les injustices économiques, sociales et politiques, qui constitue le quotidien des militants des Caritas, les conduit à prendre des engagements aux frontières de l’Église.

Faut-il promouvoir la charité ou lutter contre les injustices ? Marquer l’action caritative du sceau évangélique, ou l’envisager en partenariat avec tous les hommes de bonne volonté ? Ces termes s’opposent-ils ou se complètent-ils ? Autant de questions qui ont sous-tendu les débats, dès l’ouverture, dimanche.

Le cardinal Maradiaga, son président sortant, a ainsi affirmé : " Nous n’avons pas un modèle de vraie Caritas, mais ces diverses organisations et communautés sont toutes appelées à être "Caritas dans la vérité". Vous avez uni des personnes de différentes religions et convictions dans la communion des actions. Je suis fier de votre travail et de votre façon d’être Caritas. L’histoire du salut est l’espérance pour tous les opprimés. La justice est la première voie de la charité."

En revanche, le cardinal guinéen Robert Sarah, président du Conseil pontifical "Cor Unum "a lui, appelé à un "examen de conscience et à une analyse de la nature juridique et du fonctionnement de la Confédération". Précisant : "Nos organismes de charité se situent dans l’Église et non pas à côté d’elle. Une 'Caritas' qui ne serait pas une expression ecclésiale n’a pas de sens ni d’existence. "

Le Secrétaire d’État, le cardinal Tarcisio Bertone, s’exprimant au nom du Pape, a été très clair : "L’activité caritative de l’Église, comme celle du Christ, ne peut jamais se limiter à l’assistance aux besoins matériels, quelle qu’en soit l’urgence.Une assistance humanitaire qui ferait abstraction de l’identité chrétienne et adopterait une approche, pour ainsi dire, neutre, qui chercherait à plaire à tout le monde, risquerait (…) de ne pas rendre un service à la hauteur de la pleine dignité de l’homme. (…). En résumé, l’Église ne doit pas seulement faire la charité, mais la faire comme le Christ. "

Un nouveau Secrétaire général sera ensuite choisi par le nouveau comité exécutif jeudi soir, parmi deux candidats : le Français Michel Roy, actuel directeur du plaidoyer international au Secours catholique, ou l’Américain d’origine tchèque Karel Zelenka, représentant de Catholic Relief Service (CRS, agence de développement de l’épiscopat américain) en Afrique du Sud.

Mais après les remous de cette Assemblée, il sera nécessaire de mieux définir les relations entre l’association sur le terrain et les instances de contrôle dans les bureaux romains.

Les représentants des diverses "Caritas" nationales ont mal vécu le fait que l´ancien maître général des Dominicains, le P. Radcliffe, à l´instar de plusieurs autres orateurs et "panellistes", a été écarté de l´assemblée pour faire place à ceux à qui la Secrétairerie d´Etat souhaitait donner la parole durant la semaine.

Selon un porte-parole de Caritas Internationalis, cette assemblée va plutôt ressembler à "une retraite du style Vatican", ajoute l´hebdomadaire catholique anglophone "The Tablet". Cet interlocuteur a cependant rejeté l´idée que l´intention principale du Vatican, en changeant le programme, était d´empêcher le Père Radcliffe de parler. Le fait que pas moins de six responsables de la curie romaine vont occuper le devant de la scène est sans précédent dans l´histoire des 60 ans de "Caritas Internationalis", souligne le journal catholique.

Par delà les discours, les diverses "Caritas" nationales devront répondre à la question de savoir où est mis l’accent : la charité ou la justice. Et comment sur le terrain des réalités immédiates et pressants, le Bon Samaritain doit secourir les pauvres que les membres des "Caritas" rencontrent sur leur chemin. (source : VIS)


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