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du 25 au 28 mai 2011 (semaine 21)
 

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28 mai 2011- Inde
CONTRE L'HINDOUISATION FORCÉE DE L'ÉDUCATION

Bouddhistes, chrétiens, musulmans, sikhs et même hindous ont demandé à ce que le gouvernement du Madhya Pradesh accorde la même place à toutes les religions et cesse d’en promouvoir ouvertement une seule dans le système éducatif.

Le 23 mai dernier, un groupe interreligieux composé de sept représentants des principales religions du Madhya Pradesh a rencontré le gouverneur de l’Etat, Rameshwar Thakur, afin de lui remettre un mémorandum dans lequel il critiquait la suprématie accordée à l’hindouisme dans toutes les institutions d’Etat, en particulier dans le domaine de l’éducation.

Bouddhistes, chrétiens, musulmans, sikhs et même hindous ont demandé à ce que le gouvernement de cet Etat du centre de l’Inde accorde la même place à toutes les religions et cesse d’en promouvoir ouvertement une seule, par le biais notamment des programmes scolaires et des projets d’aide sociale, dont les noms eux-mêmes font référence explicitement à l’hindouisme.

Cette politique, ont-ils déclaré, ne fait qu’accentuer les communautarismes, déjà très présents au Madhya Pradesh, et rend impossible toute action en faveur de la paix interreligieuse. Quazi Amanullah, l’un des délégués musulmans, a également souligné que « l’Inde n’était pas une théocratie » et que de « la représentation égale des religions » dépendaient « l’harmonie et la tolérance mutuelle ».

A la tête de cette délégation, le P. Anand Muttungal, porte-parole du Conseil régional des évêques catholiques du Madhya Pradesh, a rappelé que la prééminence d’une seule religion aux dépends de toutes les autres était une violation flagrante de la Constitution du pays, laquelle accorde les mêmes droits aux croyants de toutes les religions. De telles pratiques, a-t-il déclaré, constituent de « sérieuses menaces » pour l’unité du pays dont la constitution laïque permet la cohabitation pacifique de communautés très diverses, « indépendamment de leurs différences culturelles, linguistiques ou religieuses ».

Ces dernières années, les démarches des groupes interreligieux auprès du gouvernement se sont multipliées, face à l’augmentation des attaques des minorités religieuses et des écoles leur appartenant, par les extrémistes hindous. Lors des violences antichrétiennes de 2008, le Madhya Pradesh – où les chrétiens représentent moins de 1 % d’une population hindoue à plus de 90 % – avait été le théâtre de nombreuses attaques meurtrières et de destructions de lieux de culte, motivées officiellement par des allégations de conversion forcée.

Outre les incidents liés à l’utilisation abusive de la loi anti-conversion appliquée dans l’Etat, les tentatives répétées du gouvernement pour imposer l’hindouisme au sein même des établissements privés sont régulièrement combattues par les Eglises chrétiennes et les autres religions. En 2007, chrétiens et musulmans s’étaient ainsi unis pour empêcher la promulgation d’une loi rendant obligatoire le culte du soleil dans toutes les écoles.

Le démarche des chefs religieux du 23 mai dernier a été, quant à elle, essentiellement motivée par la divulgation toute récente du contenu des programmes scolaires pour la rentrée prochaine (qui a lieu début juillet), comprenant l’enseignement obligatoire dans toutes les écoles de l’Etat de la Bhagavad Gita, l’un des écrits fondamentaux de l’hindouisme. Afin d’assurer l’application de cette nouvelle mesure, des sessions de formation pour les enseignants ont d’ores et déjà été lancées par le ministère de l’Education.

Lors d’une conférence de presse qui s’était tenue le 10 mai dernier à Bhopal à l’initiative d’Harmony Foundation, une organisation non confessionnelle en faveur de la paix intercommunautaire au Madhya Pradesh, les représentants de différentes religions avaient demandé que soient également inclus dans les programmes scolaires l’enseignement des fondamentaux de toutes les autres confessions religieuses.

Le gouverneur de l’Etat a donné « son accord de principe » aux demandes de la délégation et s’était engagé à faire parvenir le mémorandum au ministre-président de l’Etat, Shivraj Singh Chauhan, afin de « décider d’une action appropriée ». (source : Mepasie)


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