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du 8 au 13 juin 2011 (semaine 23)
 

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13 juin 2011-Brésil
LE DRAME DE L'ESCLAVAGE MODERNE

12 millions de personnes dans le monde vivent dans des conditions d´esclavage, selon les informations recueillies par l'OIT, l´Organisation internationale du travail (OIT), et près de 40.000 Brésiliens y sont actuellement condamnés.

Principal bénéficiaire de la traite des esclaves durant la colonisation, le Brésil continue d´abriter des milliers d´"esclaves modernes". Dans ce pays sud-américain, la "Commission pastorale de la terre" vient de lancer une campagne de dénonciation, reprise en Suisse par l´ONG Brücke-Le Pont.

Malgré l´abolition de l´esclavage en 1888, le Brésil, tout comme d´autres régions de la planète, connaît de nouvelles formes d´esclavage: des êtres humains travaillent dans des conditions "infra-humaines" dans des plantations, des fabriques verrouillées, des mines, etc.
Cette situation a motivé la Commission pastorale de la terre pour lancer la campagne de dénonciation "Rester vigilants pour éviter l´esclavage".

Son partenaire suisse, Brücke-Le Pont, s´associe à la campagne. Il appuie plusieurs organisations locales dans l´Etat de Piaui (Nord-Est du Brésil). Rosa Lidia Morais da Silva, volontaire de l´organisation nationale "Haciendo la paz" - partenaire de Brücke -, est responsable à la gestion interne de l´Action sociale archidiocésaine (ASA). Cette ONG brésilienne réputée réunit divers acteurs de la société civile brésilienne, comme les Pastorales de la terre, des émigrants, des enfants et de la santé.

"Deux éléments définissent légalement la situation d´esclavage: des conditions dégradantes de travail et de vie, et la privation de liberté", explique Rosa Lidia Morais da Silva.

Selon la Commission pastorale de la terre, l´Etat du Pará est le champion en matière d´esclavage au travail. Dans ce palmarès de l´esclavage moderne brésilien, il est suivi par les Etats du Mato Grosso, de Maranhão, Goiás et Tocantina. En 2010, 3.054 esclaves furent libérées dans ces régions, grâce au travail mené par des ONG et des institutions étatiques.

"Un personnage dénommé ´le chat´ (ndr: vu qu´il capture les gens comme des rats) se rend dans une localité isolée, dont le taux de chômage est normalement très élevé, pour offrir du travail", raconte Rosa Lidia Morais da Silva, expliquant le fonctionnement de l´esclavagisme moderne.

Il donne par avance de l´argent à la famille. Et il affrète un bus, généralement assez luxueux, pour un groupe de chômeurs qu´il a engagés. Après un long voyage qui peut atteindre plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de kilomètres, "on change ces personnes de transports, pour les embarquer dans des véhicules très incommodes et peu sûrs, qui les amèneront dans différentes propriétés ou exploitations rurales".

Dans ces conditions "qui se dégradent avec l´écoulement du temps", les personnes engagées arrivent à un endroit isolé, souvent dans des zones boisées où ils travailleront dans le défrichage ou dans des parcelles rurales destinées ensuite à l´agro-industrie", précise la jeune agronome brésilienne.

"Les travailleurs arrivent sur leur lieu de travail déjà endettés, parce que le ´chat´ déduira de leurs ridicules salaires les coûts du transport et l´alimentation durant le voyage. Dès le premier moment, ils doivent supporter des conditions de vie et de travail inhumaines, aggravées par l´isolement total de leurs familles et de leur village d´origine".

L´article 149 du Code pénal brésilien considère "l´esclavagisme comme un crime". Morais de Silva reconnait les efforts tentés par l'État, grâce à un plan national contre le trafic des personnes. Ses fonctionnaires agissent en commun avec la police nationale. Ils courent souvent de grands risques, vu que les propriétaires fonciers disposent normalement de milices armées pour protéger leurs propriétés".

Et de conclure: malgré les lois et la volonté politique de l´Etat et du gouvernement actuel, "l´esclavage moderne existera au Brésil aussi longtemps que de larges secteurs sociaux continueront à vivre dans la misère". (source : Apic)

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