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du 20 au 23 juin 2011 (semaine 24)
 

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23 juin 2011- Myanmar (Birmanie)
DES AFFRONTEMENTS QU NE CESSENT PAS


L’Eglise catholique s’inquiète de l’afflux de réfugiés fuyant les violents combats entre les rebelles kachin et le gouvernement, qui, dans le nord-est de la Birmanie (Myanmar), les opposent depuis le 9 juin dernier.

Après une dizaine de jours où la plus grande opacité régnait sur les raisons du déclenchement des combats, le gouvernement s’est exprimé pour la première fois le 18 juin, par le biais du journal officiel "New Light of Myanmar".

Affirmant que les rebelles de l’Armée indépendante kachin (Kachin Independence Army, KIA )avaient « tiré les premiers », les autorités birmanes ont assuré n’avoir fait que défendre les employés chinois du complexe hydroélectrique actuellement en construction dans l’Etat kachin, sous le nom de Tarpein Hydropower Project. Ce projet, mis en place par le gouvernement birman et la compagnie chinoise China Power Investment Corporation, vise à construire de gigantesques barrages sur l’Irrawady afin de fournir en électricité le Yunnan ainsi que d’autres provinces du sud-ouest chinois.

Depuis le début des travaux, les Kachin dénoncent les conséquences désastreuses qu’aura le projet pour l’environnement ainsi que pour leur propre survie, de nombreux village ayant été inondés pour la construction des barrages, laissant les habitants sans ressources et sous la menace des forces armées qui ont réinvesti la région afin de « sécuriser la zone du chantier ».

Toujours selon la version officielle, les rebelles kachin auraient menacé 215 employés chinois, avant de faire prisonniers deux officiers de l’armée, forçant les forces militaires birmanes à intervenir. En représailles, la KIA aurait détruit une vingtaine de ponts et une partie des structures de deux barrages hydroélectriques en cours de construction.

La KIA accuse quant à elle le gouvernement de lui avoir début juin intimé l’ordre de quitter la région, et en particulier l’une de ses bases stratégiques se trouvant près des barrages en construction, rompant, à ses yeux, un accord tacite qui laissait sous son contrôle certaines zones de l’Etat kachin. Un important déploiement militaire aurait accompagné cette sommation, avec des tirs de mortiers et autres attaques à l’arme lourde contre la KIA, qui aurait riposté. Les deux parties se renvoient mutuellement la responsabilité d’avoir ouvert le feu les premiers.

Le nombre des victimes comme des réfugiés fuyant le conflit reste encore aujourd’hui incertain, les estimations variant considérablement selon les sources. Une vingtaine de morts a été rapportée pour le premier jour des combats, mais le bilan s’alourdit au fur et à mesure que le conflit s’étend.

Quant aux déplacés civils, ils sont évalués entre 2.000 et 10.000 dans la seule région où ont éclaté les combats. Aucune estimation fiable n’est possible également concernant les populations qui auraient traversé la frontière pour trouver refuge en Chine. Des sources kachin avancent des chiffres de plusieurs milliers de personnes, essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgées, qui se seraient réfugiées au Yunnan, à proximité de la frontière. Pékin dément de son côté les rumeurs de refoulement des populations birmanes et affirme que la frontière « est ouverte comme d’habitude » et que le gouvernement chinois n’envisage pas de « fournir des tentes et de la nourriture, qui ne sont pas nécessaires pour le moment".

Cet afflux de réfugiés inquiète fortement les Eglises chrétiennes. Les activités de l’Eglise, déjà surveillées étroitement, sont rendues encore plus difficiles à exercer : quatre catéchistes catholiques du diocèse de Myitkyina ont été arrêtés par les militaires alors qu’ils se rendaient dans des villages isolés. Dans le diocèse de Banmaw, tout proche, l’Eglise a mis à disposition des réfugiés les provisions de nourriture des pensionnats, lesquels ont dû fermer en raison des combats.

Les Kachin forment un ensemble d’ethnies de langue tibéto-birmane, présentes essentiellement dans le nord-est de la Birmanie (où ils sont estimés à un peu plus d’un million), le sud de la Chine (Yunnan) et le nord-est de l’Inde. Selon le gouvernement birman, 57 % des Kachin de Birmanie sont bouddhistes et 36 % sont chrétiens (essentiellement catholiques et baptistes). Le catholicisme fut introduit chez les Kachin par les prêtres des Missions Etrangères de Paris (MEP) il y a plus de 150 ans. (source : Mepasie)


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