-
23 juin 2011-
ENTRE LES ÉGLISES D'ARMÉNIE ET DE GÉORGIE

Décevant les attentes qu’elle avait suscitées, la visite très médiatisée d’une semaine du catholicos de tous les Arméniens Karékine II en Géorgie, s’est achevée sans apporter de solutions concrètes aux différends entre les deux Eglises.

Cette mésentente entre les Églises chrétiennes voisines, jette du même coup une ombre sur la bonne entente entre les deux pays, exaltée encore récemment par leurs dirigeants Serge Sarkissian et Mikhaïl Saakachvili.

Le 15 juin, Karekine II, le catholicos de l’Eglise apostolique arménienne et le patriarche de l’Eglise orthodoxe géorgienne Ilia II, au terme de plusieurs jours d’âpres négociations, se sont séparés, restant sur leurs positions et réaffirmant publiquement leurs désaccords sur les différents sujets qui les opposent.

Karekine II avait commencé sa visite le vendredi 10 juin dans l’espoir de pouvoir convaincre les autorités religieuses et politiques de Géorgie de garantir un statut officiel au Diocèse géorgien de l’Eglise arménienne et de lui restituer différents lieux de culte, à Tbilisi et ailleurs en Géorgie.

Le service de presse du catholicos avait cru pouvoir annoncer, à l’issue de son entretien avec le président géorgien Saakashvili que la partie géorgienne acceptait d’enregistrer le diocèse et s’engageait à préserver les églises litigieuses “jusqu’à ce qu’elles intègrent le giron du diocèse”. Pourtant, aucun accord ni déclaration commune n’étaient venus valider de tels engagements.

Lors d'une rencontre avec les journalistes dans le Djavakhk, une région du sud de la Géorgie peuplée majoritairement d’Arméniens, les deux chefs religieux ont admis n’avoir pas été en mesure de conclure des accords mutuellement acceptables.

" Je pense que nous disons la même chose mais en l’exprimant de façon différente", a indiqué le patriarche géorgien Ilia II, soulignant que l’Eglise arménienne ne devrait se voir reconnaître un statut officiel en Géorgie qu’à la condition que l’Eglise géorgienne jouisse du même statut en Arménie.

Karekine fit valoir que la comparaison n’était pas fondée, eu égard au petit nombre de Géorgiens habitant en Arménie, à peine un millier, sans commune mesure donc avec la communauté arménienne de Géorgie estimée à quelque 500.000 membres, et qui n’ont de plus jamais formulé l’exigence d’un tel statut pour leur Eglise.

Le catholicos a par ailleurs rappelait que la légilslation arménienne n’opposait guère d’obstacle à l’enregistrement des minorités religieuses. En contradiction avec les assurances qu’aurait prodiguées M. Saakashvili au catholicos arménien Karekine II, le patriarche Ilia II aurait aussi déclaré que les “églises arméniennes ne seraient restaurées qu’à condition que les églises géorgiennes soient restaurées aussi en Arménie.”

Dans une déclaration séparée, le service de presse du catholicos Karekin II a dit que les deux parties ont reconnu que les autorités géorgiennes doivent finalement accorder « un statut légal » au diocèse local de l’Église arménienne. Comme les autres groupes religieux des minorités en Géorgie, le diocèse n’a aucun enregistrement officiel et n’est pas donc considéré par les autorités géorgiennes comme une personne morale.

La déclaration dit que les parties ont aussi convenu du besoin d’accorder un statut officiel à « la communauté religieuse géorgienne en Arménie » mais rien ne précise de qui il est question.

Le patriarche Ilia a proposé que les deux parties fondent une commission commune des spécialistes qui examineraient la question et proposeraient des solutions. Le catholicos Karekin II a dit que l’Église arménienne soutient l’idée en principe.

Tous deux ont souligné que ces discussions ne doivent pas endommager les relations entre les deux États voisins. « Nos peuples sont liés par de nombreuses liaisons spirituelles, culturelles et historiques contrairement aux différences théologiques entre nos Églises qui sont apparues suite aux événements historiques » a dit le catholicos Karekin II. (source : Orthodoxie)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil