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du 30 juin au 3 juillet 2011 (semaine 26)
 

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3 juillet 2011- Égypte
PROTESTANT ET VICE-PRÉSIDENT DES FRÈRES MUSULMANS


Le nouveau parti des Frères musulmans, le Parti de la Justice et de la Liberté, a désigné son second vice-président : Rafik Habib, un intellectuel copte protestant, conseiller, voire "théoricien" de ces derniers.

Compagnon de route de longue date des Frères, engagé dans leurs diverses expressions politiques, Rafik Habib était membre du parti al-Wasat, un parti à référence musulmane formé en 1996 par un groupe de Frères musulmans et légalisé 15 ans plus tard.

Il joua un rôle déterminant dans la rédaction du programme politique des Frères en 2007 où il se distingue par son conservatisme, notamment en proposant que le processus législatif soit placé sous la supervision d'un haut conseil d'ulémas, une proposition qui suscita l'ire des libéraux, mais aussi les critiques d'une bonne partie des Frères.

Cette nomination de Rafik Habib consacre un cheminement de long terme auprès de l'islam politique égyptien, redoublé d'une influence croissante sur leur vision politique.

La relation entre Rafik Habib et le leadership les Frères n'est donc pas qu'instrumentale. Sa nomination à la direction politique du parti n'est pas mue par le seul besoin pour les Frères de trouver le copte de service et donner à faible coût des gages de citoyenneté. Elle est bien l'expression d'une vision partagée.

Pour comprendre les ressors profonds de la nomination de Habib, il faut donc se pencher sur le fond de sa pensée. Il avait donné, en octobre 2010, un long entretien à l'Institut Religioscope, singulièrement éclairant sur le cheminement intellectuel et les ressorts de l'engagement politique et religieux d'un intellectuel copte pro-islamiste au positionnement pas si paradoxal que cela.

La réflexion de Rafik Habib porte avant tout sur le devenir de l'État postcolonial et la sortie de l'autoritarisme dans la région. Cette sortie est par ailleurs indissociable d'une prise en compte du facteur religieux et identitaire. L'argumentaire est le suivant: le monde arabe a besoin d'une modernité politique endogène. Pour ce faire, il faut mettre en adéquation les régimes politiques et les valeurs centrales des sociétés de la région où domine le religieux.

D'un point de vue politique, il faut alors soutenir les mouvements qui portent en eux ce projet d'ajustement entre la dynamique de l'État et la culture des sociétés qu'ils régulent. Il en va de la légitimité de l'État, mais aussi du salut des chrétiens d'Orient.

C'est sur cette base que Rafik Habib soutient les Frères musulmans: ceux-ci ont, selon lui, le triple avantage d'être dans l'identitaire et la modération, tout en jouissant d'une formidable capacité de mobilisation dans l'ensemble des pays de la région. Ils portent donc en eux la possibilité de réconciliation entre la construction de l'État moderne et les sociétés qu'il encadre, et donc de résoudre le problème lancinant de la légitimité de l'État postcolonial, qui, trop centralisateur et laïcisant, s'est coupé de ses populations.

Réponse à la question de la légitimité de l'État moderne, l'islamisme modéré des Frères est, pour Rafik, le meilleur gage de protection des chrétiens d'Orient, car en tant que mouvement de renaissance d'inspiration religieuse, il est le rempart par excellence contre la grande menace qui plane sur les chrétiens d'Orient et d'ailleurs: non pas l'islamisation de la région, mais la sécularisation-occidentalisation du monde. (source : Religion.info)

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