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du 8 au 11 juillet 2011 (semaine 27)
 

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11 juillet 2011- Bosnie-Herzégovine
UNE VÉRITABLE PURIFICATION ETHNIQUE

Les catholiques expulsés de leurs terres par les forces serbes durant la guerre qui a ensanglanté la Bosnie-Herzégovine de 1992 à 1995, ne peuvent toujours pas rentrer chez eux dans ce qui est devenu la Republika Srpska, la république serbe.

. "Les catholiques ne sont plus que 7.000, soit moins du dixième de la population catholique présente dans la région de Banja Luka avant ´l´épuration ethnique´... Il n´y a aucune volonté politique de laisser revenir les Croates", déplore Mgr Franjo Komarica, évêque de Banja Luka, la capitale des Serbes de Bosnie.

"Il s´agit pour nous d´une lutte pour l´existence des catholiques dans notre pays... Le gouvernement de la Republika Srpska (RS) propose d´étatiser les biens de ceux qui ont été chassés, pour passer d´un État de fait à un État de droit", dénonce l´évêque de Banja Luka.

"Il s´agit d´effacer toute présence et toute mémoire de la présence catholique dans ces lieux. C´est pour cela que l´on a détruit ici systématiquement, et en dehors de tout combat, églises et monastères, dynamités, rasés au sol. Cela faisait partie d´un programme bien élaboré; les forces serbes ont fait de même avec les mosquées..."

"On l´entend dans le public, à la télévision: les catholiques (**), qu´ont-ils à chercher dans la RS ? Ils ont déjà la Croatie! Les politiciens locaux ne font rien pour le retour de nos fidèles, bien au contraire... Et Sarajevo n´entreprend rien non plus pour les Croates de la RS, le gouvernement de la Fédération croato-musulmane ne travaille que pour la majorité ethnique, c´est-à-dire pour les musulmans".

Tendant dans ses mains le rapport sur les droits humains 2010 de la Commission "Justice et Paix" de la Conférence épiscopale de Bosnie-Herzégovine, Mgr Komarica fustige les Accords de Dayton qui ont mis fin à la guerre. "Ces accords imposés par la communauté internationale ont légalisé l´épuration ethnique, et la majorité des quelque 2,68 millions de réfugiés et de déplacés internes n´ont pu retrouver leur foyer, malgré l´énorme investissement de la communauté internationale.

Mgr Komarica, qui défend sans relâche depuis deux décennies la communauté catholique de Bosnie, affirme que les responsables de l´Eglise catholique seraient des "menteurs" et des "traîtres" s´ils n´élevaient pas la voix contre cette injustice.

L´évêque croate, lui-même originaire de Novakovici, dans le diocèse de Banja Luka, regrette que personne ne s´engage pour les catholiques de Bosnie-Herzégovine, si ce n´est le Vatican.

"Rien n´est fait pour que les catholiques puissent se réinstaller dans leur maison. La région de la Posavina, au nord, a été vidée de ses catholiques, et ils n´ont pas pu revenir. Par chance, quelques journalistes serbes et bosniaques soutiennent nos revendications, mais les évêques croates nous ont laissé tomber, ils ont d´autres priorités.

... " La Croatie ne fait pas assez pour le retour des réfugiés et des déplacés, elle a l´air d´avoir peur d´intervenir dans les affaires intérieures d´un autre pays, malgré son obligation constitutionnelle d´aider les Croates en dehors de la Croatie..."

L´évêque de Banja Luka déplore également qu´il n´y a pas de la part de la Croatie de stratégie réelle pour l´aide au retour des catholiques en Bosnie: "Seulement 8% de l´aide de la Croatie va aux Croates qui veulent rentrer en République Serbe. Ici, les catholiques se sentent abandonnés également par les Etats-Unis et l´Union européenne. Notre communauté manque totalement de moyens et d´infrastructures et nous ne sommes pas traités sur un pied d´égalité".

Les Croates de Bosnie-Herzégovine
Installés en Bosnie depuis le Haut Moyen-Age, les Croates ne peuvent pas être considérés comme des immigrés, puisqu´ils sont une ancienne population de cette région.

En Bosnie occidentale (aujourd´hui en République serbe de Bosnie, région de Banja Luka), sur les quelque 70´000 Croates chassés de chez eux et réfugiés en Croatie, seuls 10% d´entre eux ont pu regagner leurs foyers. Le nombre de Croates restés en Bosnie-Herzégovine a diminué de moitié par rapport à la période d´avant la guerre de 1992-1995. Ils sont principalement concentrés au sud, en Herzégovine. (source :
Apic et KNA)

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