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du 6 au 9 août 2011 (semaine 32)
 

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9 août 2011-
UNE POLÉMIQUE QUI DEMANDE DES ÉCLAIRCISSEMENTS


Le rabbin Di Segni accuse le Vatican de vouloir imposer la croix de Jésus aux juifs aussi, à la place du Yom Kippour. Il proteste contre la rupture du dialogue et va jusqu'à remettre en question sa présence à Assise.

La polémique a été peu remarquée mais elle a bien failli remettre en question la présence des juifs à la "Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde" convoquée par Benoît XVI à Assise le 27 octobre prochain.

Son point de départ a été un article du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, publié dans "L'Osservatore Romano" du 7 juillet pour expliquer le sens de cette Journée.

Dans la partie finale de son article, le cardinal Koch définissait la croix de Jésus comme "le Yom Kippour permanent et universel" et il disait qu’elle indiquait "le chemin décisif que surtout les juifs et les chrétiens [...] devraient accueillir en une profonde réconciliation intérieure".

Ou plus exactement : "Selon la foi chrétienne, la paix, à laquelle les hommes d’aujourd’hui aspirent tellement, provient de Dieu, qui a révélé en Jésus-Christ son dessein originel, c’est-à-dire le fait qu’il nous a 'appelés à la paix' (1 Corinthiens 7, 15). De cette paix, l’épître aux Colossiens dit qu’elle nous est donnée à travers le Christ, 'par le sang de sa croix' (1, 20).

" Parce que la croix de Jésus supprime tout désir de vengeance et nous appelle tous à la réconciliation, elle se dresse au-dessus de nous comme le Yom Kippour permanent et universel, qui ne reconnaît pas d’autre 'vengeance' que la croix de Jésus, comme Benoît XVI l’a affirmé, le 10 septembre 2006 à Munich, avec ces mots très profonds : 'Sa vengeance, c’est la croix : le non à la violence, l’amour jusqu’au bout'.

"En tant que chrétiens, nous ne manquons certainement pas au respect dû aux autres religions ; au contraire nous le consolidons si, surtout dans le monde d’aujourd’hui où la violence et la terreur sont utilisées aussi au nom de la religion, nous professons ce Dieu qui a opposé sa souffrance à la violence et qui a vaincu sur la croix non par la violence mais par l’amour. Voilà pourquoi la croix de Jésus n’est pas un obstacle au dialogue interreligieux ; elle indique plutôt le chemin décisif que surtout les juifs et les chrétiens [...] devraient accueillir en une profonde réconciliation intérieure, devenant ainsi un ferment de paix et de justice dans le monde".

Ce sont surtout ces dernières lignes qui ont déclenché la réaction du grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni qui s’est déjà montré, en d’autres occasions, moins pacifique que son prédécesseur Elio Toaff dans ses rapports avec l’Église catholique.

Au point qu’il a conclu de la façon suivante sa réponse publiée dans "L'Osservatore Romano" du 29 juillet : " Si l’objectif de ce qui est dit est d’indiquer aux juifs le chemin de la croix, on ne comprend pourquoi il faut un dialogue et à quoi sert Assise".

Dans sa réponse au cardinal Koch, le rabbin Di Segni insiste sur le fait que le Yom Kippour, le jour de l'expiation, est la fête liturgique la plus importante de l'année juive.

Di Segni avait déjà expliqué le sens de cette fête, en première page de "L'Osservatore Romano", le 8 octobre 2008. Déjà à ce moment-là, il avait souligné que, dans le Yom Kippour, on voit se manifester les "différences inconciliables entre les deux mondes", le monde des juifs et celui des chrétiens, parce qu’"un chrétien, en raison des principes de sa foi, n’a plus besoin du Kippour, de même qu’un juif qui a le Kippour n’a pas besoin d’être sauvé du péché comme le propose la foi chrétienne".

Pour confirmer cette distance, Di Segni fait remarquer que l’Église a repris dans sa liturgie les fêtes juives de Pâques et de la Pentecôte, mais pas celle du Kippour. Et ce choix est compréhensible – écrit-il – parce que "le croyant chrétien peut certainement penser que la Croix remplace de manière permanente et universelle le jour du Kippour".

Mais alors – ajoute Di Segni – le chrétien "ne doit pas proposer ses croyances et interprétations au juif comme indices du 'chemin décisif', parce qu’en le faisant on risque vraiment d’entrer dans la théologie du remplacement et la Croix devient un obstacle".

Les juifs célébreront le Yom Kippour la fête de l'expiation le 10 octobre, quelques jours avant la Journée d’Assise. (source : Chiesa)


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