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du 23 au 26 août 2011 (semaine 34)
 

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26 août 2011-
Népal
LE PROJET DE LOI ANTI-CONVERSION

Alors que le Nepal tente de finaliser sa nouvelle Constitution fixée au 31 août après avoir été repoussée à plusieurs fois, les minorités religieuses se mobilisent contre un projet de loi anti-conversion actuellement débattu au Parlement.

Présenté par la commission chargée de réformer le Code pénal népalais, l’article 160 prévoit de sanctionner toute tentative de conversion ou de détournement de la religion hindoue "par quelque moyen que ce soit ". S’il est adopté, quiconque sera surpris à prêcher une autre religion que l’hindouisme ou encore à distribuer des documents religieux non hindous, pourra être condamné à une amende de 50.000 roupies (€ 485) et à cinq ans de prison.

La même sanction sera appliquée à tout individu ayant abattu un bovin pour en utiliser ou en consommer la viande, une pratique interdite par l’hindouisme. Si le contrevenant n’est pas citoyen népalais, il sera immédiatement expulsé.

Ces mesures, comme le soulignent certaines ONG, telle Christian Solidarity Worldwide, d’obédience protestante, sont encore plus restrictives que les lois anti-conversion qui sévissent actuellement dans certains Etats de l’Inde. Pour les chrétiens, qui se savent particulièrement visés par le dispositif, ainsi que pour les partisans de la laïcité au Népal, elles représentent un retour en arrière de plus d’un demi-siècle, avant « l’ouverture au monde extérieur » d’un Etat monarchique où l’hindouisme était seule religion reconnue et autorisée.

Le 14 août dernier, le projet avait déjà suscité une nouvelle fois des débats houleux. Une opération de sensibilisation avait été décidée lors d’une réunion qui s'était tenue à Katmandou la semaine précédente, à l’initiative de l’Eglise catholique et sous l’égide de l’Interreligious Secularism Protection Movement (IRSPM). Rassemblant des responsables chrétiens, musulmans, bouddhistes et baha’is, des représentants des principales communautés aborigènes ainsi que de différents partis politiques, cette assemblée interconfessionnelle représentait une grande première au Népal.

Les participants ont lancé un appel au gouvernement, lui rappelant qu’il s’apprêtait à violer les fondements sur lesquels s’appuyaient la nouvelle république népalaise et sa Constitution provisoire, laquelle avait proclamé dès 2006 la liberté religieuse et la laïcité de l’Etat.

Les leaders religieux et politiques ont également exhorté le gouvernement à faire figurer, comme cela avait été prévu par la Constituante, les libertés religieuses, d’expression et d’opinion dans la future Constitution népalaise, et à créer une Commission aux affaires religieuses, afin de représenter les minorités non hindoues du pays, les faire reconnaître juridiquement et les protéger de toute discrimination.

Après l’euphorie qui avait suivi la chute de la monarchie et la rapide croissance des religions non hindoues sous l’effet de la laïcisation de l’Etat - tout particulièrement des communautés chrétiennes (surtout évangéliques et pentecôtistes) -, la montée de l’extrémisme hindou, proportionnelle à l’avancée du christianisme, a très vite sonné la fin de la tolérance religieuse encore balbutiante au Népal.

Le projet de l’article 160 s’appuie sur la conviction martelée par les hindouistes que les chrétiens pratiquent des conversions forcées. a plaidé e ministère de la justice, Sah, "mais plutôt contre l’hégémonie grandissante du christianisme, qu’hindous et bouddhistes reprochent à certaines communautés protestantes. "Ces griefs ne s’appliquent pas aux catholiques"

L' amendement pourrait être adopté sous la pression des extrémistes hindous dont le nombre et l’influence ont grandi récemment au sein des institutions d’Etat.

Bien que la loi anti-conversion n’ait pas encore été approuvée, certains commencent déjà l’appliquer. Il y a quelques jours, des membres de son ethnie ont récemment été arrêtés à Katmandou pour avoir abattu une vache afin de consommer sa viande. « Les Tamangs mangent de la viande depuis des siècles. Consommer ce que nous voulons est notre droit le plus absolu, mais aujourd’hui nous n’osons plus regarder une vache de peur d’être arrêtés. » (source : Mepasie)

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