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du 1 au 3 septembre 2011 (semaine 35)
 

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3 septembre 2011- Israël
DERRIÈRE LA MODERNITÉ, D'AUTRES PROBLÈMES

Derrière le premier et tout nouveau tramway de Jérusalem, ce calme apparent se cache une controverse politique qui dure.
Une situation qui inscrit de facto Jérusalem entre modernité et légitimité, entre Palestiniens et Israéliens.

"Citadis", c’est le fameux tramway qui depuis le 19 août sillonne la Ville Sainte avec des voyageurs. Son achèvement était prévu pour 2006, mais il a pris plusieurs années de retard sur le calendrier prévu. Les raisons sont nombreuses : découvertes archéologiques, problèmes techniques et juridiques,…

Quoi qu’il en soit, après une décennie d'atermoiements, le tramway transporte ses premiers passagers depuis une douzaine de jours. Officiellement, il ne s'agit pas d'un lancement commercial, mais d'une mise en service partielle. Il n’y a donc pas eu d’inauguration. Au bilan technique et urbain, c’est « un progrès indéniable » souligne Mgr William Shomali, évêque auxiliaire pour Jérusalem.

Sur le premier tronçon dont le tracé s'étend sur 14 kilomètres et se divise en 23 stations, 46 rames vont assurer progressivement le transport des usagers.

Le projet fut attribué au consortium Citypass, associant six prestataires dont les groupes français Alstom et Veolia. D’aucuns ont vu le tramway de Jérusalem comme un ouvrage indispensable, notamment en raison de l'augmentation de la population urbaine (une poussée démographique d’environ 50% au cours des 20 dernières années).

Mais. Car il y a un mais. Ce projet sur le front politique ne fait pas l’unanimité bien qu’il ait vu le jour à la suite des Accords de paix d’Oslo de 1993 et des espoirs qui en sont nés à propos des relations israélo-palestiniennes.

Pour les Palestiniens, ce tramway est tout bonnement un affront à l’équilibre fragile de la ville. De fait, le trajet de 14 km – deux autres sont prévus - se déploie de Pisgat Zeev, une colonie juive à Jérusalem-Est jusqu’au Mont Herzl, dans la partie ouest de la ville. Il s’agit là aux yeux des Palestiniens d’une profonde incursion dans Jérusalem-Est.

Cette intrusion dans une partie de la ville revendiquée par l'Autorité nationale palestinienne, est fortement contestée par les organisations palestiniennes, qui l'accusent de violer les résolutions internationales. Un groupe pro-palestinien avait d’ailleurs assigné devant la justice française Alstom et Veolia qui participaient au chantier, en arguant que le tracé du tramway dans la partie arabe de la Ville sainte, annexée par Israël en 1967, violait le droit international.

Les conséquences sont aujourd’hui encore difficiles à évaluer. Les Israéliens ont cependant insisté pour installer des vitres de sécurité .... à l'épreuve des jets de pierre et autres cocktails Molotov. Une unité de lutte contre le terrorisme a d’ailleurs été montée. Quant aux palestiniens, ils risquent d’être hésitants à utiliser un tramway dominé par les colons.

D’autres observateurs soupçonnent qu’après la première attaque qui suivra l'ouverture du tramway, celui-ci sera fermé aux voyageurs palestiniens. Il y a donc derrière cet ouvrage un fond de crispation sur la légitimité d’une telle entreprise. Jérusalem tient une place prépondérante dans le sentiment national palestinien et israélien, l'Autorité palestinienne souhaite quant à elle faire de Jérusalem-Est la capitale d'un futur Etat palestinien.

L’avenir dira si un jour il y aura deux Jérusalem politiquement distinctes et géographiquement liées, « le tramway pourrait alors être considéré comme un vrai pont de paix entre les deux peuples» conclut l’évêque auxiliaire pour Jérusalem. (source : LPJ)


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