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du 18 au 21 septembre 2011 (semaine 38)
 

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21 septembre 2011- Chine
PATRIOTISME ET INSTRUCTION CIVIQUE


L’Eglise catholique à Hongkong, par la voix de son Bureau catholique pour l’éducation, a dénoncé avec fermeté les limites et les manquements du projet gouvernemental visant à introduire des leçons de morale à l’école.

Le 31 août dernier, dans les derniers jours de la période de consultation ouverte à ce sujet par le Bureau pour l’éducation du gouvernement de Hongkong, l’Eglise catholique, après une consultation menée par ses propres moyens, souligne que le projet gouvernemental vise à produire un enseignement moral et patriotique étroitement nationaliste, là où il devrait ouvrir les élèves à l’importance de la vie, la recherche de la beauté, de la vérité et de l’amour.

La mise en place d’un enseignement de morale à l’école s’appuie sur un texte de 2002, année de publication du Fundamental Education Curriculum, qui stipule que l’école ne doit pas imposer aux élèves l’apprentissage d’un « sentiment national » mais les amener à développer par eux-mêmes un « amour naturel pour la patrie ».

Selon le Bureau catholique pour l’éducation, les autorités, en agissant ainsi, s’éloignent de l’objectif fixé par le document de 2002 et privilégient l’attachement des enfants au Parti et au gouvernement plutôt qu’à la patrie.

L'Eglise ajoute que chaque habitant de Hongkong est aussi un citoyen du monde et que l’apprentissage du patriotisme n’est pas une fin en soi mais doit ouvrir sur un horizon plus large et universel. Ainsi, écrivent les responsables du Bureau catholique pour l’éducation, la citoyenneté ne suffit pas à définir l’identité d’une personne ; celle-ci s’inscrit dans un cadre plus vaste où le rôle de l’école et de l’éducation est d’amener chaque enfant à comprendre le sens de la vie et l’importance de la transcendance qui amène à la recherche de l’amour, de la vérité et du beau. Pour l’Eglise, ce sont là des valeurs fondamentales sans lesquelles il est vain de réfléchir à un enseignement du patriotisme.

Concrètement, la réponse de l’Eglise à la consultation publique indique que le projet gouvernemental place en premier le bien de l’Etat et du gouvernement et en second celui des citoyens, là où, au contraire, il serait nécessaire de faire comprendre que l’Etat et le gouvernement n’existent que pour le bien-être des citoyens. Elle souligne encore que chaque personne vit au sein d’un certain nombre de sphères : son entourage immédiat, sa communauté, la société, le pays et enfin le monde ; les jeunes d’aujourd’hui devraient comprendre l’importance de chacune de ces sphères, sans mettre au pinacle la sphère patriotique. En résumé, là où l’Etat cherche à promouvoir une éducation morale et patriotique, l’Eglise voudrait une instruction civique et morale.

La réponse de l’Eglise à la consultation publique vise également à démentir un point qui, selon elle, est suggéré dans le projet du gouvernement selon lequel les Hongkongais ne témoigneraient pas suffisamment de patriotisme, ou plutôt d’amour de la mère-patrie, c’est-à-dire la Chine continentale. Or, indique le Bureau catholique pour l’éducation, loin de se désintéresser du continent, les habitants de Hongkong ont, à travers l’histoire, toujours fait preuve de leur amour pour leur pays.

Sur la forme, la mise en place du programme d’éducation civique par le gouvernement approchant à grands pas, le Bureau catholique pour l’éducation rappelle que Hongkong est toujours une « Région administrative spéciale » de la Chine et qu’à ce titre, l’introduction d’un enseignement de la morale à l’école devrait se faire selon la règle « Un pays, deux systèmes », qui permet d’éviter la transposition sans adaptation à Hongkong de ce qui se fait en Chine continentale.

Or, souligne Francis Chan Nai-kwok, coordinateur de l’Eglise catholique pour la consultation sur le projet gouvernemental, le temps va manquer d’ici à 2012, date de l’introduction prévue du nouvel enseignement dans les programmes scolaires. Tout semble concourir pour reproduire ce qui a été fait à Macao, où sous prétexte de manque de temps l’éducation patriotique qui a cours dans les écoles du continent a été transplantée directement dans les établissements de l’ancienne colonie portugaise.

Déjà, ajoute Francis Chan, le document du Bureau pour l’éducation du gouvernement de Hongkong met l’accent sur les glorieuses réalisations de l’Etat chinois sans aucunement évoquer les faces sombres de celles-ci. Comment susciter le développement d’un patriotisme vrai chez les citoyens sans proposer une perspective nuancée de la réalité du pays ?, interroge le responsable catholique. " Il ne serait pas mauvais que les élèves apprennent à formuler des questions telles que : ‘le développement amène-t-il à la promotion de la dignité humaine, à une répartition plus juste des richesses ou bien encore à une véritable attention des plus faibles ?’" (source : Mepasie)

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