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du 22 au 24 septembre 2011 (semaine 38)
 

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24 septembre 2011-
QU'EN EST-IL DE LA LIBERTÉ RELIGIEUSE AU NORD-VIETNAM

Dans un récent entretien, le P. Nguyên Van Khai parle avec chaleur de l’état d’esprit qui règne aujourd’hui dans la communauté catholique du Nord-Vietnam et plus particulièrement dans la désormais célèbre paroisse de Thai Ha à Hanoi.

Il doit sa vocation, dit-il, au curé de sa paroisse, un prêtre clandestin, emprisonné par deux fois, qui a exercé sur lui une profonde influence. Devenu adolescent, il entama secrètement sa formation sacerdotale et vécut un temps à Hanoi auprès du seul religieux rédemptoriste encore présent dans la capitale, le P. Bich. Dans le plus grand secret, il vint ensuite parfaire sa formation religieuse chez les rédemptoristes de Saigon. A l’issue de cette formation, en septembre 2001, il fut ordonné clandestinement.

Il exerça ensuite son ministère au Sud et au Nord, où il fit partie du clergé de la paroisse de Thai Ha pendant quelque temps. Ses supérieurs ayant décidé de l’envoyer en mission d’études à Rome, il quitta le Vietnam, toujours clandestinement, en passant par le Laos et la Thaïlande. Le P. Khai vient d’achever un voyage aux Etats-Unis où ses entretiens avec divers groupes de la diaspora ont été très remarqués.

" Le droit à la liberté religieuse subit aujourd’hui, au Vietnam, de très sérieuses violations. Selon ce que j’ai constaté, elles concernent en général les six domaines suivants :

1.) Par divers moyens, l’Etat s’efforce de surveiller et de contrôler étroitement les activités de caractère purement religieux. Ce contrôle s’exerce sur le calendrier des fêtes solennelles (1), sur la formation, l’ordination, le sacre ou encore la nomination des ministres du culte pour les différentes religions.

2.) Les organisations religieuses ne bénéficient ni de la liberté, ni de l’égalité de traitement dans le domaine économique où elles ne peuvent se livrer à aucune activité.

3.) Les organisations religieuses, tout comme les croyants des différentes religions, ne bénéficient ni de la liberté, ni de l’égalité dans le domaine politique où ils ne peuvent accéder à des fonctions importantes au sein de l’appareil d’Etat.

4.) Les fidèles des différentes religions ne jouissent pas de l’égalité sur le plan social. Les fidèles sont d’habitude considérés comme des citoyens de seconde, troisième et même quatrième catégorie… La signature des organisations religieuses et de leurs responsables ne sont reconnus par aucun des services et organismes de l’Etat et de la société.

5.) Les religions sont l’objet de discriminations. Elles ne jouissent ni de la liberté ni de l’égalité dans le domaine de l’éducation, de la culture, de l’information, de la santé et des œuvres caritatives. Elles sont quasiment rejetées hors de tous ces domaines.

Répondant aux questions sur la situation de son ancienne paroisse, il déclare : ""La paroisse de Thai Ha, depuis la prise du pouvoir par les communistes en 1954 et jusqu’à présent, n’a cessée d’être la cible d’agressions, persécutions, intimidations, arrestations, emprisonnements, humiliations et deuils. Tout cela est devenu son pain quotidien, son lot ordinaire. Si maintenant, l’Etat ne disait rien, n’entreprenait rien contre la paroisse, c’est cela qui serait anormal.

" Non, nous n’avons pas peur des persécutions de l’Etat. Chaque fois que nous sommes convaincus que nos paroles et nos actes sont justes, conformes à la volonté de Dieu et aux souhaits de nos frères, alors nous sommes en paix quelles qu’en soient les conséquences. Nous croyons que plus nous acceptons de mourir avec le Christ, plus il nous sera donné de vivre avec lui. La paroisse de Thai Ha a été fortement persécutée, mais, à cause de cela, elle a reçu la vie en abondance et a témoigné avec force."

" Nous ne sommes en rien une « avant-garde ». A vrai dire, nous sommes dans la ligne de la tradition de l’Eglise persécutée du Nord-Vietnam où les évêques, les prêtres, les religieux et les laïcs nous ont précédés et nous ont montré le chemin. Nous sommes avec tous nos contemporains qui agissent avec nous et partagent notre sort. Nous sommes des hommes et des femmes engendrés par cette Eglise, par cette région. Nous vivons pour annoncer l’Evangile aux pauvres, pour témoigner que le Seigneur est le chemin, la vérité et la vie sur cette parcelle de terre. C’est notre vocation, c’est notre mission."

" Ce que nous faisons actuellement, n'est pas de la politique car nous n’appartenons à aucun parti politique. Notre objectif n’est pas non plus de diriger ou d’administrer le pays. Nous n’appartenons pas à l’appareil législatif, judiciaire ou exécutif de l’Etat. Nous ne faisons pas autre chose que témoigner pour la justice, la vérité et la paix.

" Lorsque nous voyons l’injustice se répandre en notre pays, nous sommes obligés de réclamer la justice pour les autres et pour nous. Lorsque nous voyons une société où le mensonge fait loi, nous exigeons du pouvoir qu’il respecte la vérité. Lorsque nous voyons une société submergée par la violence, une violence utilisée par les détenteurs du pouvoir pour arriver à leurs fins, alors nous élevons la voix pour réclamer la paix et témoigner pour elle. C’est cela et cela seul que nous faisons !" (source : Mepasie)


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