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du 25 au 27 septembre 2011 (semaine 39)
 

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27 septembre 2011- Allemagne
UN DIALOGUE MAIS SANS AUCUNE CONCESSION


Benoît XVI a joué la carte de la franchise, en annonçant la couleur de son voyage en Allemagne: il n´est pas venu dans son pays pour faire un show et les réformés ne devaient pas s´attendre à un "don oecuménique" de sa part.

A 84 ans, le pape a choisi de piquer au vif le peuple allemand, appelant sans cesse au dialogue et à l´unité, mais sans aucune concession
, analyse
Charles de Pechpeyrou
, de l'agence IMedia.

Durant son voyage, Benoît XVI a su mener ses analyses et ses orientations au point de nous surprendre: il s´est reposé non sans habileté sur Martin Luther, pomme de la discorde entre réformés et Rome, pour étayer son message.Mais il s'est bien gardé d'entrer trop avant dans la situation que les réformés connaissent au sein de leur propre Église comme avec les communautés pentecôtistes. Pour lui, seule compte la foi, qu´il faut au besoin débarrasser des lourdes structures de l´Eglise.

Dans son discours au Bundestag, Benoît XVI a aussi démontré aux députés écologistes qui avaient choisi de le boycotter, qu´un
Pape peut faire l´éloge de l´écologie allemande des années 1970. Chose qu´ils n´auraient jamais imaginée. Et qui plus il l'analyse jusqu'au coeur de sa réalité : une écologie humaine.

Il a également choisi de rencontrer une énième fois des victimes de prêtres pédophiles, après avoir confié qu´il comprenait que l´on puisse s´éloigner de l´Eglise en réaction au scandale des abus sexuels.

Avec force, Benoît XVI a réaffirmé l´importance du dialogue avec les juifs et les musulmans, tout en faisant des orthodoxes les plus proches alliés de Rome.

Et ce Pape
ne s´est pas privé de critiquer sans détours les travers de l´Eglise catholique elle-même, et particulièrement celle de la puissante Eglise allemande. "Les premiers seront les derniers", dit l´Evangile. L´image de bon élève que peut donner une Eglise dont le laïcat est extrêmement engagé et l´action caritative exemplaire ne suffisent pas à Benoît XVI qui, une fois encore, se fait l´écho des critiques formulées cinq siècles plus tôt par Luther: non à une Eglise "mondaine", à des chrétiens "tièdes", trop sûrs d´eux.

Trop sûrs d'eux-mêmes au point d'en être presque suffisants,
aux yeux d'un Pape qui fait de l´humilité une vertu.

Devant les 80
.000 fidèles venus l´écouter pendant la messe à Fribourg, Benoît XVI va même jusqu´à affirmer qu´un agnostique, quand il est en proie au doute, est plus proche du Royaume de Dieu qu´un fidèle "de routine". Aux yeux du Pape, qui a loué le caractère torturé de Luther, c´est finalement dans l´adversité que la foi des chrétiens est la plus authentique: sous les "pluies acides" du nazisme et du communisme, comme durant les vagues d'une sécularisation galopante.

On pourra se poser la question si Benoît XVI n´en demande pas trop aux chrétiens, à tous les chrétiens comme aux chrétiens allemands - catholiques et luthériens -, qui attendaient du concret de ce troisième voyage dans son pays.

Certes, la joie des fidèles a été évidente lorsque le
Pape allemand a fait sa première apparition publique à bord de la papamobile dans le stade olympique de Berlin ou dans les rues de Fribourg. Mais il est également probable qu´une confrontation quotidienne avec les pratiques plus libérales de leurs compatriotes protestants ait rendu les 25 millions de catholiques allemands peu perméables à des requêtes aussi exigeantes.

Difficile pour eux de participer d´une part au "processus de dialogue" entamé depuis quelques mois avec un épiscopat qui se cherche sur des questions très concrètes et de s´en tenir, d´autre part, à la quête de la foi et de Dieu, épurée de tout "fardeau matériel et politique".

De façon paradoxale, on a vu Benoît XVI, à la tête d´une Eglise, l'Église vaticane, hyper institutionnalisée, vanter un retour à la mentalité des petites communautés des premiers temps de l´ère chrétienne.

Le
Pape a mis en garde les fidèles assoiffés de réformes face à leurs "rêves" d´une Eglise qu´ils rendraient "superficielle". C´est donc avec l´Eglise de son pays que le Pape s´est montré le plus exigeant, peut-être parce qu´il y est encore très attaché en dépit d´un séjour romain de près de 30 ans. Et par delà cette Église, c'est à toute l'Église qu'il s'adresse. (source : Apic)

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