Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 28 septembre au 1 octobre 2011 (semaine 39)
 

-
1 octobre 2011- Birmanie
MOBILISATION GÉNÉRALE CONTRE LE PROJET DE BARRAGE

La préoccupation grandissante des Birmans au sujet du barrage de Myitsone est aujourd’hui perceptible jusque dans les dernières tentatives avortées de manifestation à Rangoun, certaines soutenues par les responsables des Églises.


L’Irrawaddy, qui irrigue la Birmanie du Nord au sud, n’est pas seulement son plus grand fleuve, ni sa principale voie commerciale, mais aussi la source de subsistance de la majeure partie de sa population (le delta nourrit plus de 3 millions de personnes et fournit près de 60 % de la production de riz du pays) et enfin le symbole de son « riche patrimoine sacré et culturel ».

Signé en 2005, l’accord entre le ministère birman de l’Energie et la China Power Investment Corporation, l’une des plus grandes entreprises d’électricité chinoise, a prévu la construction dans l’Etat kachin de sept barrages hydroélectriques sur l’Irrawaddy et ses affluents. Le plus important, celui de Myitsone, dont le chantier a débuté en 2009, est destiné à fournir à la Chine entre 3 600 et 6 000 mégawatts.

Mgr Saw Po Ray, évêque de Mawlamyine et président de la Commission ‘Justice et Paix’ de la Conférence épiscopale de Birmanie, s'est félicité de la récente prise de conscience des enjeux du projet par toute la société birmane : " Ce barrage aura un impact sur l’ensemble de la population, pénalisant les agriculteurs, les pêcheurs, noyant des territoires, avec de sérieuses conséquences pour l’environnement."

Le gouvernement entend poursuivre jusqu’au bout le projet de barrage, malgré la controverse qui enfle depuis plusieurs mois. Multipliant alors les concertations, les écologistes et les représentants des différentes religions en Birmanie, dont l’Eglise catholique, ont décidé de faire front commun contre le projet gouvernemental.

Le 24 septembre dernier, plus de 500 responsables des Eglises et des différentes religions de Birmanie, des militants écologistes, des défenseurs des droits de l’homme et de simples citoyens se sont rassemblés à Rangoun pour un séminaire de réflexion sur l’impact du projet de Myitsone.

Mgr Lasap Za Hawng, évêque de Lashio, a été impressionné par l’importance de la participation à cette réunion .

Le dynamitage des lits des fleuves, l’inondation des villages, des forêts et des cultures, ainsi que le déplacement forcé de milliers d’habitants relocalisés par l’armée dans des zones où ils n’ont aucun moyen de subsistance, a réveillé la colère de la minorité ethnique et de la Kachin Independence Army (KIA) qui vient de reprendre les armes contre le gouvernement, après dix-sept ans de cessez-le-feu.

Après une forte offensive de l’armée birmane à l’arme lourde qui a fait reculer les positions du KIA, les réfugiés civils continuent de fuir en masse les combats mais sont refoulés à la frontière par les autorités chinoises.

Dans une lettre adressée le 26 septembre dernier au Secrétaire général de l’ONU, les indépendantistes kachin ont demandé à la communauté internationale d’intervenir : « La question du barrage de Myitsone est la clef de l’harmonie future de notre pays. Les gouvernements qui se sont succédés ont détourné à leur profit les richesses naturelles de notre nation. Ces politiques ont été menées sans aucune consultation de la population, comme tout ce qui concerne l’héritage culturel de nos régions. »

Un argument qui a été repris tout récemment encore par l’opposante Aung San Suu Kyi, qui participe activement à la mobilisation contre le projet de barrage.

Parmi les conséquences les plus désastreuses du projet hydroélectrique, les opposants ont recensé, outre la disparition d’une biodiversité unique dont le dauphin de l’Irrawaddy déjà menacé d’extinction, les déplacements forcés de population, l’inondations de sites naturels et culturels rares, la diminution drastique de l’exploitation des ressources fluviales pour les pêcheurs comme pour les cultivateurs, l’impossibilité d’utiliser la principale voie de communication et de commercialisation du pays, et la mise en danger de la vie de milliers de personnes, le barrage étant édifié sur une faille sismique active.

Par une décision sans précédents et qui a surpris les observateurs, le gouvernement du Myanmar a annoncé l'arrêt des travaux relatifs à la digue de Myitsone sur le fleuve Irrawaddy, dans le nord du pays.

Le Président Thein Sein l'a communiqué au Parlement après plus d'une semaine de rencontres, d'événements publics, d'initiatives de la société civile birmane qui ont impliqué des militants, des écologistes, des journalistes, des défenseurs des droits de l'homme, des étudiants, des pêcheurs et des paysans ainsi que le leader démocrate et Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi. A la campagne dénommée « Sauvez l'Irrawaddy » s'étaient également associés les moines bouddhistes et les évêques chrétiens. (source : Mepasie)


Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil