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du 13 au 16 octobre 2011 (semaine 41)
 

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16 octobre 2011- Chine
L'ÉGLISE "OFFICIELLE" ET L'ÉVANGÉLISATION


Une fois par an, les autorités chinoises organisent des sessions d’études où sont conviés des responsables de l’Eglise catholique officielle en Chine pour leur communiquer la ligne politique que le Parti et le gouvernement attendent d’eux.

Une telle rencontre a été organisée à Ningde, dans la province du Fujian, où dix évêques, des prêtres, une religieuse et des laïcs ont écouté le message que leur a transmis un haut responsable du "Front uni," cet organisme qui assure la transmission des directives du Parti et du gouvernement aux organisations de la société civile dont les religions officiellement reconnues.

La rencontre de Ningde avait toutes les apparences d’une rencontre ecclésiale. Elle était organisée par le Comité pour l’évangélisation et la pastorale, comité épiscopal créé en décembre dernier à l’occasion de la tenue à Pékin de la Huitième Assemblée nationale des représentants catholiques. Tant l’Association patriotique des catholiques chinois que la Conférence des évêques « officiels » avaient donné leur accord à cette rencontre.

Selon un compte rendu publié sur le site Internet de l’Association patriotique et de la Conférence épiscopale, dix évêques, treize prêtres, une religieuse et huit laïcs y ont pris part, et le point d’orgue de la rencontre a été le discours prononcé devant eux par Zhu Weiqun, vice-ministre du Bureau du travail du Front uni.

Dans son discours, Zhu Weiqun a insisté à plusieurs reprises sur la priorité que l’Eglise devait donner à la défense du patriotisme. Il a précisé que la théologie dictant la conduite de l’Eglise devait être définie en fonction du contexte chinois et que les fidèles devaient être amenés "à emprunter un chemin compatible avec la société socialiste chinoise ". Il a enfin affirmé que les deux autorités qui dirigent l’Eglise au plan national (l’Association patriotique et la Conférence épiscopale) « ne devaient pas laisser place à l’ambiguïté mais se montrer ferme sur le principe d’indépendance de l’Eglise ».

A la suite de cette rencontre, les participants ont convenu de publier prochainement un « message pastoral » à l’attention des communautés catholiques qui aura l’évangélisation pour thème. Le P. Joseph Yang Yu, porte-parole des deux instances « officielles » de l’Eglise, a indiqué que le texte du message devrait être finalisé dans le courant du mois d’octobre et qu’il sera largement diffusé, notamment via les médias électroniques.

Selon Mgr Vincent Zhan Silu, président du Comité pour l’évangélisation et la pastorale, le message s’inspirera des nombreuses initiatives en matière d’évangélisation apparues un peu partout dans le pays et « permettra au monde extérieur de savoir que l’Eglise de Chine partage avec l’Eglise universelle le souci et la responsabilité de l’évangélisation ».

Au sein des cercles catholiques de Chine, les commentaires sont allés bon train quant à la signification tant de la rencontre elle-même que du message à la tonalité très « patriotique » du ministre Zhu Weiqun. Un des participants de la rencontre a dit avoir été pris par surprise, la rencontre lui ayant été présentée comme devant être « une discussion et un partage d’expériences ».

La présence du ministre et de représentants des autorités chinoises ne lui avait pas été annoncée et il en a ressenti de la "gêne", même si l’impact d’une telle rencontre pour les Eglises locales était limité, l’influence des structures centrales que sont l’Association patriotique et la Conférence épiscopale sur les diocèses étant faibles.

D'ailleurs, à son avis, dans certains diocèses, l’évêque, les prêtres, les religieuses et les fidèles se sont organisés pour maintenir à distance ces corps très « officiels ».

La présence du ministre Zhu Weiqun peut être interprétée certes comme un signe de l’importance que Pékin attache à l’ancrage « patriotique » de l’Eglise de Chine mais aussi comme une tentative des autorités centrales de soutenir un évêque très affaibli localement et placé en marge de son Eglise du fait de son illégitimité. A Mindong, on estime que neuf fidèles sur dix se rattachent à la partie « clandestine » plutôt qu’à la partie « officielle » de l’Eglise.

Les propos du ministre Zhu Weiqun témoignent cependant de la persistance de la volonté du gouvernement chinois à vouloir contrôler l’Eglise, et cela en dépit du discours officiel voulant faire accroire que la sphère politique est distincte de la sphère religieuse.

Il s’indigne notamment de la volonté du gouvernement et des évêques qui lui sont inféodés de promouvoir des objectifs politiques sous le couvert d’une action ayant trait à l’évangélisation et au travail pastoral. Il ajoute également que « c’est faire insulte aux chrétiens de Chine que de leur dire qu’ils n’aiment pas assez leur pays et qu’ils ont donc besoin d’une association patriotique pour guider leur pastorale. (source : Mepasie)

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