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du 3 au 6 novembre 2011 (semaine 44)
 

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6 novembre 2011-
EN UN LANGAGE D'UNE FRANCHISE DIRECTE

Recevant les évêques d’Angola en visite "ad limina", Benoit XVI a critiqué la violence qui, au nom des traditions religieuses africaines, en arrive à tuer des enfants et des personnes âgées, alors qu'il l'avait fait d'une manière discrète à Assise.

Certains ont été étonnés de la critique tellement explicite de ces meurtres à laquelle s’est livré Benoît XVI quand il a parlé aux évêques d’Angola. En effet la rédaction des discours du Pape aux évêques en visite "ad limina" est toujours passée au crible par la diplomatie vaticane, habituellement très prudente.

Mais cette fois-ci, le rédacteur qui s’en est personnellement occupé, à la Secrétairerie d’état, connaissait bien son affaire,et est connu pour sa franchise directe, dont Benoît XVI a assumé les termes. Mgr Giovanni Angelo Becciu, aujourd’hui substitut de la Secrétairerie d’État pour les affaires générales, c’est-à-dire numéro 2 du gouvernement central de l’Église, immédiatement en-dessous du cardinal Tarcisio Bertone, connaît bien l'Afrique d'autant qu'il était nonce en Angola lorsque Benoît XVI s’est rendu en visite dans ce pays, après une étape au Cameroun. Et devant le Pape, il avait levé le voile sur cette abomination.

Dans certaines religions traditionnelles, on en arrive à tuer des personnes âgées et des enfants comme dans une chasse aux sorcières moderne.

Anna Bono, experte en traditions africaines, cite des cas récents de meurtres d’enfants pour des raisons de sorcellerie dans différents pays d’Afrique, ou de mutilations qu’ils ont subies "à cause des propriétés spéciales attribuées à leurs organes", comme c’est le cas pour les albinos.

À Assise, le 27 octobre dernier, M. Wande Abimbola, le porte-parole de la religion traditionnelle africaine « Yoruba » avait pris la parole "au nom des dirigeants et des adeptes des religions indigènes d'Afrique". Lui-même est prêtre et représentant mondial de la religion" Ifa et Yoruba", qui est répandue dans une grande partie de l'Afrique subsaharienne et qui est arrivée jusqu’aux Amériques dans le sillage des émigrations.

Dans son discours d’Assise, Wande Abimbola demandait que "les religions indigènes africaines se voient accorder le même respect et la même considération que les autres religions". Disant également : "S’ils ne respectent pas la nature, les êtres humains ne pourront pas trouver la vraie paix que nous recherchons tous".

Et deux jours après la rencontre d'Assise, Benoît XVI, qui, lorsqu’il rédige personnellement ses discours, n’est jamais politiquement correct, l'a pris au mot.

Déjà dans le discours qu’il avait adressé peu après aux trois cents dirigeants religieux et "chercheurs de la vérité", le pape avait exprimé des considérations critiques à propos de toutes les religions, y compris les religions traditionnelles africaines. Il les a rapprochées dans une histoire qui est aussi faite de "recours à la violence au nom de la foi" : une histoire, donc, qui a besoin, pour toutes les religions, de purification.

Mais, deux jours après la rencontre d’Assise, a parlé en termes encore plus crus et plus précis en recevant au Vatican les évêques d’Angola en visite "ad limina".

" Un écueil auquel se heurte votre œuvre d’évangélisation, leur a-t-il dit, est le cœur des baptisés, qui est encore partagé entre le christianisme et les religions traditionnelles africaines. En proie aux difficultés de la vie, ils n’hésitent pas à recourir à des pratiques qui sont incompatibles avec le fait de suivre le Christ. Cela a pour effet abominable la marginalisation et même le meurtre d’enfants et de personnes âgées, qui y sont condamnés par de faux impératifs de sorcellerie.

" Pour rappeler que la vie humaine est sacrée à toutes ses phases et dans toutes les situations, continuez, chers évêques, à élever la voix en faveur de ces victimes. Mais, puisqu’il s’agit d’un problème régional, il convient que les communautés ecclésiales éprouvées par ces calamités fassent un effort commun et qu’elles cherchent à comprendre la signification profonde de telles pratiques, à identifier les risques pastoraux et sociaux qu’elles comportent et à trouver une méthode qui conduise à leur éradication définitive, avec la collaboration des gouvernements et de la société civile".

Anna Bono en a donné le commentaire suivant dans le journal catholique en ligne "La Bussola Quotidiana" : "Ce que le Pape a dénoncé n’existe pas seulement en Angola. En Afrique la sorcellerie est l’une des institutions tribales les plus enracinées et les plus persistantes. On en parle peu, peut-être aussi parce que son existence contredit la représentation dominante des communautés traditionnelles africaines, celle de modèles de coexistence pacifique, de tolérance, d’équité et d’harmonie sociale, dépositaires de valeurs humaines que l’Occident aurait au contraire sacrifiées au pouvoir et à l’argent".

Le 18 novembre prochain, Benoît XVI se rendra au Bénin pour remettre à une délégation d’évêques du continent africain l'Exhortation apostolique qui constitue la conclusion du synode des évêques de 2009, précisément consacré à l'Afrique. Il sera intéressant de voir ce que ce document dira à propos des religions traditionnelles africaines et des modifications apportées aux premières notes des "Lineamenta". (source : Chiesa et Service de presse du Vatican)


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