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du 27 au 30 novembre 2011 (semaine 48)
 

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30 novembre 2011-
UN TABLEAU PRUDENT ET MESURÉ

Alors que les dialogues islamo-chrétien se poursuivent, la diplomatie vaticane s’inquiète du sort réservé aux minorités chrétiennes par les régimes nouvellement issus des urnes et de leurs conséquences sur la liberté des chrétiens.

Premier indicateur, "L’Osservatore Romano" brosse depuis quelques jours un tableau prudent et mesuré de l’évolution en Égypte, mais aussi au Maroc. " Si le roi peut pousser un soupir de soulagement, il ne peut pas non plus se réjouir", lisait-on dans ses colonnes le samedi 26 novembre, relevant par ailleurs la « confusion » qui règne en Égypte.

Pour sa part, le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, présidé par le cardinal français Jean-Louis Tauran, qui ne gère pas les dossiers diplomatiques, affichait le lundi 28 novembre sur "Radio Vatican" « une grande prudence », car « il est très difficile de prévoir les évolutions », disait-il.

De son côté, le patriarche maronite libanais Béchara Raï, le 8 septembre à Paris, avait exprimé sa crainte de voir le « printemps » arabe devenir un « hiver » et laisser place « à la guerre civile et à l’oppression des minorités ». Mais ces propos n’ont pas été officiellement repris à Rome.

Car, officiellement, à la suite du Synode pour le Moyen-Orient d’octobre 2010, Benoît XVI incite les chrétiens d’Orient à être pleinement acteurs des changements de leurs sociétés civiles, revendiquant une citoyenneté intégrale, loin de leur être toujours accordée. En Égypte, les coptes catholiques jouent cette carte.

Pour autant, fait remarquer Frédéric Mounier qui est à Rome pour le quotidien "la Croix", alors que les victoires démocratiques islamistes se multiplient, les inquiétudes romaines se multiplient, elles aussi, sur le mode : "Jusqu’à quel point de nouvelles majorités démocratiques ignorant les droits des minorités seront-elles positives pour les chrétiens ?"

" Avec le domino syrien, c’est sur le Liban que porte cette vigilance." Un prochain voyage du pape à Beyrouth reste ainsi suspendu à ces évolutions.

Plus généralement, l’attention du Saint-Siège se focalise sur l’enjeu de l’éducation. " Nous avons évité le choc des civilisations, explique le cardinal Tauran. Il nous faut éviter le choc des ignorances, poursuit-il : nos écoles rendent un service extraordinaire ; nous sommes une minorité qui compte, qui est estimée."

Mais quel sort les nouvelles constitutions, démocratiquement rédigées, réserveront-elles à ces institutions, comme aux manuels scolaires ? Comment l’histoire sera-t-elle écrite ? Selon certains acteurs du dossier, à Rome, c’est bien sur ce plan, culturel, que se joue la partie.

Dans les coulisses du dialogue islamo-chrétien, on évoque le « long chemin à parcourir » sur des notions loin d’être communes : la liberté religieuse, le droit de changer de religion, les droits de l’homme. Dans ce cadre, l’Église n’a d’autre choix que le dialogue : « Si nous ne parlons pas, il ne reste que la violence », affirme le cardinal Tauran. (source : Radio-Vatican et La Croix)


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