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du 12 au 15 décembre 2011 (semaine 50)
 

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15 décembre 2011-
LEUR ÉGLISE A BESOIN D'EUX ET NOUS AUSSI


L’Église de France cherche à mieux encadrer la venue des prêtres et des communautés religieuses étrangères dans les diocèses, alors que leur nombre est en forte augmentation et que les diocèses d’origine s'en inquiètent.

Au siège de la Conférence des évêques de France à Paris, le P. Jean Forgeat est justement responsable de la cellule « accueil » mise en place à la demande du cardinal Jean-Pierre Ricard, alors président de la conférence. Le nombre des prêtres venus d’ailleurs pour aider les paroisses françaises ayant fortement augmenté, la création de ce secrétariat, commun à la CEF et à la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) s’imposait.

Pour mettre fin à la désorganisation qui prévalait jusqu’alors et limiter les candidatures isolées, l’appel à un prêtre étranger repose désormais obligatoirement sur un accord entre évêques français et évêques étrangers. En théorie, ceux-ci doivent signer une convention temporaire de trois ans, renouvelable deux fois, même si certaines situations échappent encore à la règle.

Les religieux ont eux aussi éprouvé le besoin d’aider les évêques à recevoir les communautés étrangères de plus en plus nombreuses de façon à réussir réellement leur intégration dans l’Église locale. Afin d’éviter des situations d’échec, à l’image de ces religieuses arrivées il y a quatre ans dans un diocèse rural sans parler un mot de français.

En novembre, réunis à Lourdes pour leur Assemblée plénière, les évêques ont pris connaissance d’une charte, élaborée par la Corref et destinée à les aider dans l’accueil d’une « communauté venant d’ailleurs ».

Le phénomène n’est certes pas nouveau. Après la guerre d’Espagne, par exemple, nombreuses sont les communautés et les prêtres qui avaient trouvé refuge en France. Mais la baisse du nombre des vocations lui a donné une ampleur inédite, poussant les évêques à recourir massivement aux communautés et prêtres en dehors de l’Hexagone.

En France, les prêtres étrangers représentent aujourd’hui 10 % des prêtres en ministère pastoral. environ du presbyterium ! Ce quota est devenu aujourd’hui une règle officieuse pour la majorité des diocèses d’autant que leurs finances ne leur permettent guère de prendre en charge davantage de candidats. D’autres, comme Avignon, Pontoise, Fréjus-Toulon et Évry ont choisi de faire une plus large place encore.

Dans le diocèse de Pontoise, huit paroisses sont confiées à des prêtres venus d’Afrique et notamment du Bénin. Quatorze prêtres étrangers ont même été incardinés, ce qui signifie qu’ils ont rompu les liens avec leur diocèse d’origine en accord avec celui-ci.

À Toulon, Mgr Dominique Rey qui accueille dix-sept communautés, surtout sud-américaines, reconnait les difficultés : " Après un moment d’enthousiasme, qui fait ensuite place à une phase plus difficile, elles mettent au moins cinq ou six ans à trouver un équilibre", explique-t-il.

Dans sa charte, la Corref invite les « instances accueillantes » à étudier en détail les conditions matérielles et économiques de leur installation. Chaque année, en janvier, le P. Forgeat organise une session de cinq jours destinée aux nouveaux arrivants. Un mois plus tard, sœur Françoise Schill, en charge de la vie internationale à la Corref, en anime une autre, à l’intention des religieux et religieuses arrivés en France durant l’été.

D’une manière générale, la durée du séjour en France est le problème le plus récurrent. "La question du retour est extrêmement délicate car de nombreux prêtres dynamiques, compétents et appréciés des jeunes sont tentés de rester", confirme le P. Jean Forgeat.

À Tulle, en Corrèze, Mgr Bernard Charrier a limité l’expérience des trois prêtres béninois présents dans le diocèse à « trois ou quatre ans ». "Notre intérêt serait qu’ils s’attardent chez nous, admet-il. Mais leur Église a besoin d’eux ! On ne va pas vivre sous perfusion."

À la Conférence des évêques de France, le maître mot est réciprocité. Ainsi, le P. Jean Forgeat parle d’un « prêt » de prêtres. " Ils doivent rentrer au pays pour apporter ce qu’ils ont appris. C’est la même chose pour les prêtres français qui partent à l’étranger. Nous avons souvent les mêmes problèmes avec eux car ils ne veulent pas revenir" (source : CEF)

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