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du 16 au 18 décembre 2011 (semaine 50)
 

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18 décembre 2011- Bénin
L'ANALYSE D'UNE SITUATION PARADOXALE

Dans un discours qui se veut consensuel, les évêques du Bénin reconnaissent que si le séjour de leurs prêtres leur est profitable et l'est aussi pour les pays d'accueil, la mission de ces prêtres est d'abord de s'exercer dans leur pays.

" Il est bon que des prêtres béninois vivent une expérience à l’étranger et notamment en France. Ceci est profitable pour leur culture comme pour les pays qui les accueillent. »

Mais l'archevêque de Cotonou, Mgr Antoine Ganyé, dresse un tableau plus nuancé de la situation. " Je demande aux prêtres qui sont candidats au départ de ne pas perdre leur personnalité au contact de la société européenne. Lorsqu’ils reviennent, ils doivent s’adapter. Ils font parfois preuve de suffisance et ne savent plus se mettre à la portée de la population. C’est le principal danger."

Il convient que l’Église du Bénin, riche de 600 séminaristes et de 1,035 prêtres, est confrontée à un problème crucial. Il est souvent plus tentant pour les prêtres africains de subvenir aux besoins des paroisses françaises qui les sollicitent largement, que de celles de leur propre pays.

En particulier parce que les conditions matérielles, même modestes, sont bien plus confortables en Europe qu’en Afrique. À demi-mot, de nombreux prêtres reconnaissent qu’elles peuvent constituer un attrait non négligeable pour leurs collègues expatriés. Même si elles ne représentent pas l’unique motivation.

" Je peux les comprendre, parce que chez nous l’horizon est limité, reconnaît Mgr Ganyé, mais je leur conseille de se mettre d’abord au service de nos diocèses, en particulier dans le Nord." La situation des prêtres est souvent très précaire : faute de moyens, les diocèses ne peuvent prendre en charge les frais financiers du clergé, qui incombent alors aux fidèles, eux-mêmes en grande difficulté.

Mais dans le même temps, s'ils souhaitent quitter leur pays, Mgr Ganyé ne peut ne pas tenir compte de la recommandation de Benoît XVI à Cotonou qui , le 19 novembre dernier, a demandé aux diocèses d’être eux-mêmes missionnaires à travers le continent africain, en particulier là où sont très actives les communautés évangéliques.

Lors d’un symposium organisé à Cotonou quelques jours avant la visite du Pape au Bénin, l’attitude de l’Église de France, accusée de « dépouiller » le clergé béninois de ses forces vives, a elle même été mise en cause.

Ces interrogations soulignent la nécessité de placer l’envoi de prêtres sous le signe d’« échanges de coopération », selon l’expression de Mgr Thierry Jordan, archevêque de Reims, présent à cette réunion en sa qualité de membre de la Commission épiscopale pour la mission universelle de l’Église. Une manière pour chaque Église de reconnaître ce que lui apporte sa consœur : une formation solide, à Rome ou en France, pour les séminaristes béninois. Un clergé jeune et dynamique pour les paroisses de France.

Malgré les difficultés rencontrées pour obtenir les visas. " Que votre administration se rassure, glisse Mgr Ganyé avec une légère amertume. Nous n’allons pas créer un diocèse du Bénin en France. Mais, insiste-t-il, il faut, pour tout le monde, que la venue de nos prêtres reste provisoire." (source : La Croix)


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