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du 19 au 21 décembre 2011 (semaine 51)
 

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21 décembre 2011- Russie
CE N'EST PAS ENCORE LA FRATERNITÉ OECUMÉNIQUE

Les rapports critiques de l´Eglise orthodoxe russe avec l´Eglise catholique en Russie sont passés, ces dernières années, de la franche hostilité à la tiédeur. "Le temps des accusations de prosélytisme et des insultes est passé depuis longtemps!"

Mgr Joseph Werth, évêque de Novossibirsk, de passage en Suisse à l´invitation de l´oeuvre d´entraide catholique "Aide à l´Eglise en Détresse" (AED)
, a commenté les relations entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe.

L´évêque de Novossibirsk, la capitale de la Sibérie occidentale située à quelque 2´800 Km à l´est de Moscou, admet cependant que "si les fronts se sont adoucis et l´atmosphère hostile des premières années a disparu, ce n´est pas encore la fraternité oecuménique!"

Une décennie a passé depuis février 2002, quand, en réponse à la décision du pape Jean Paul II de créer le diocèse catholique de la Transfiguration à Novossibirsk, l´archiprêtre Alexander Novopashin organisait des manifestations contre "l´Eglise catholique et les sectes totalitaires"… Le doyen de la cathédrale orthodoxe de Saint-Alexandre-Nevsky était à la pointe du combat contre tous ceux qui voulaient s´implanter sur le "territoire canonique de l´Eglise orthodoxe russe", qui se relevait à peine de décennies de persécution antichrétienne.

Avec la perestroïka, les catholiques qui avaient conservé clandestinement leur foi – souvent transmise dans leurs foyers par les "babouchkas", les grands-mères – étaient peu à peu sortis des catacombes. Ce "réveil catholique", somme toute de modeste ampleur, avait suscité méfiance et hostilité de la part d´une Eglise orthodoxe qui avait, elle aussi, été décimée par le régime totalitaire.

Lorsque les temps sont devenus plus favorables et que la répression s´est faite moins pesante, nombre de catholiques se sont alors fait baptiser dans l´Eglise orthodoxe, "mais le contraire n´est pas vrai", relève Mgr Werth. "Des prêtres orthodoxes ont baptisé des familles d´origine allemande… Nous n´avions plus de prêtres, ils étaient dans les camps. Alors quand un prêtre orthodoxe venait, il baptisait tout le monde, même les catholiques qui avaient déjà été baptisés par les babouchkas…"

Dans les campagnes, à des centaines de kilomètres à l´ouest de Novossibirsk, dans la région de Tobolsk ou de Tiumen, on rencontre des villages où vivent des Lituaniens, des Lettons, des Polonais, des Allemands, des Ukrainiens, des Biélorusses qui sont ainsi devenus orthodoxes depuis le début des années 90.

"On ne peut plus avoir accès à eux, leurs enfants vont désormais à l´Eglise orthodoxe, et ils ne veulent plus changer. A mon sens, c´est là un vrai prosélytisme, car nombre d´entre eux étaient catholiques à l´origine. Mais on tait cela…", relève l´évêque de Novossibirsk.

Alors, les accusations de prosélytisme lancées contre l´Eglise catholique il y a encore quelques années font sourire Mgr Werth: "Chaque année, nous avons seulement 30 à 50 personnes qui se préparent au baptême à la cathédrale, 5 à 10 chez les franciscains et peut-être 5 à Akademgorodok. La préparation aux sacrements dure un an, et plus de la moitié viennent de familles mixtes. Très peu n´ont aucune racine catholique".

De leur côté, au début des années 90, les orthodoxes baptisaient chaque samedi – "sans grande préparation" – entre 200 et 400 personnes. "Il est difficile dans ces circonstances de nous accuser de prosélytisme…", lâche le religieux jésuite, qui note tout de même un certain dégel dans les relations entre orthodoxes et catholiques.

"L´atmosphère change peu à peu. En surface, tout va bien, cependant il va falloir encore du temps avant que cela ne change à la racine!", note le prélat qui fêtera ses 60 ans en octobre prochain. (source :
Apic)

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