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du 5 au 8 janvier 2012 (semaine 01)
 

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8 janvier 2012 - Sri Lanka
LE PROBLÈME TAMOUL PERSISTE ET S'AGGRAVE


Le « problème tamoul » persiste et s’aggrave, alertent l’Eglise catholique et les ONG. Depuis la fin de la guerre civile, il y a près de trois ans, les terres des civils sont confisquées, et 200 000 déplacés vivent toujours dans des camps.

Des familles entières attendent d’être réinstallées en dépit des promesses gouvernementales. L’Eglise et les ONG, qui jugent préoccupante la discrimination envers les populations tamoules. La présence militaire dans les territoires du nord n’a pas diminué. Malgré les pressions internationales, Colombo continue d’y faire appliquer des lois répressives comme la Loi de prévention du terrorisme (PTA) au nom de laquelle les autorités peuvent procéder à des arrestations arbitraires, maintenir des personnes en détention sans jugement, ou encore confisquer des terres « pour raison de sécurité ».

En ce début 2012, un peu plus de 200 000 déplacés attendent toujours dans une soixantaine de camps du gouvernement d’être « réinstallés ». Le gouvernement affirme que les camps de déplacés ont été vidés et que la réhabilitation des Tamouls est achevée.

Il n'en est rien. Dans le camp de Cheddikulam, des prêtres catholiques, autorisés à venir célébrer la messe de temps en temps, témoignent de conditions de vie des déplacés tamouls qui s’aggravent. Ces familles qui n’ont pu se réinstaller ont souvent vu leurs terres confisquées et transformées en « zones de haute sécurité », ou attendent toujours que leurs villages soient déminés, expliquent-ils.

" Certains Tamouls ont été déplacés à plusieurs reprises, et vivent toujours dans des cahutes de fortune sans même le minimum vital ", rapporte Anthony Jesudasan, coordinateur d’un programme pour les déplacés.

Selon un rapport de l’International Crisis Group (ICG) ICG paru le 21 décembre dernier, depuis la fin de la guerre, des milliers de femmes tamoules sont désormais seules à assumer la charge de jeunes enfants ou de parents âgés, leur mari ayant été tué ou emprisonné. Elles n’ont droit à aucune aide du gouvernement, n’ont pas de terres, d’habitation, de travail et ne peuvent se tourner vers aucune institution.

Le 12 décembre dernier, des milliers de Tamouls, de chrétiens et les représentants d’une quarantaine d’ONG se sont réunis à Colombo pour dénoncer les violations des droits de l’homme dans le nord du pays par l’armée sri lankaise, et demander la libération des prisonniers détenus sans inculpation depuis la fin de la guerre.

C’est dans ce contexte tendu que vient d’être porté à la connaissance du public le rapport de la commission mandatée par le président sri-lankais pour enquêter sur d’éventuelles violations des droits de l’homme pendant la dernière phase de la guerre civile. Sans grande surprise, le 16 décembre dernier, le rapport de 400 pages de la Lessons Learnt and Reconciliation Commission (LLRC) a blanchi l’armée sri-lankaise de toute accusation de crimes de guerre, et violation des droits de l’homme.

" Ce rapport va entretenir et relancer le problème interethnique au lieu de le résoudre, s’inquiète le P. Reid Shelton, du diocèse de Colombo. Le Sri Lanka a besoin de retrouver la justice, ce qui signifie d’appliquer la loi, et de cesser de soumettre les régions du Nord et de l’Est à un régime militaire tout puissant."

La Conférence épiscopale du Sri lanka, présidée par le cardinal Ranjith, a quant à elle tenu à encourager les fidèles dans son message de Noël à « être des outils de paix et de réconciliation » et à « rencontrer le Seigneur parmi les plus pauvres, comme ces familles tamoules qui attendent toujours de pouvoir retourner chez elles ».

« Notre pays doit faire face aujourd’hui à un nouveau défi : permettre que les principes d’égalité soient garantis à toutes les communautés, et que leur dignité et leur identité soient préservées », a conclu l’archevêque de Colombo. (source : Mepasie)


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