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du 5 au 8 janvier 2012 (semaine 01)
 

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8 janvier 2012 - Malaisie
LES ÉGLISES CHRÉTIENNES HAUSSENT LE TON


Les Eglises haussent le ton et demandent à être respectées par l’Etat. Elles demandent au Premier ministre de se conformer au droit et de démanteler l’arsenal juridique qui permet à l’administration de maintenir les chrétiens dans un statut inférieur.

Le 4 janvier dernier, quelques heures après avoir partagé un déjeuner de travail avec le Premier ministre de la Malaisie, les responsables de la Fédération chrétienne de Malaisie (CFM), qui réunit la plupart des Eglises et dénominations chrétiennes du pays, ont publié un communiqué au ton particulièrement tranchant.

Ces responsables demandent au Premier ministre Najib Razak de se conformer au droit et de s’atteler au démantèlement de l’arsenal juridique et réglementaire qui permet à l’administration de maintenir les chrétiens dans un statut inférieur.

La CFM, qui rassemble 90 % des chrétiens de Malaisie, compte parmi ses principaux membres le Conseil des Eglises de Malaisie, la Communauté chrétienne évangélique nationale ou encore la Conférence des évêques catholiques de Malaisie.

Elle demande notamment au Premier ministre de faire cesser les attaques dont ont été victimes les chrétiens en Malaisie au cours des douze derniers mois, que ces attaques aient été physiques et directes ou via les médias contrôlés par l’Etat.

Le Premier ministre Najib Razak s’est construit une image de leader musulman modéré et est connu sur la scène internationale pour son action en faveur de l’harmonie interreligieuse ; or, souligne le communiqué de la CFM, cette image ne tiendra pas s’il ne se résout pas à agir pour stopper les tentatives visant à « détruire » son action en ces domaines.

" L’an passé (…), nous avons été témoins d’incidents sans précédent où les chrétiens ont été victimes d’accusations infondées et d’insultes auxquelles la police a donné crédit en acceptant d’enregistrer des plaintes. Plus encore, des organes officiels du gouvernement, dont des médias d’Etat, ont agi dans le même sens dans la plus parfaite impunité", peut-on lire dans le communiqué signé par le président de la CFM, le prélat anglican Ng Moon Hing, évêque du diocèse de West Malaysia.

Face aux manifestations d’hostilité de certains groupes musulmans, l’administration a renoncé à faire appliquer le jugement qui permet à la publication catholique d’utiliser ce terme "Allah" dans ses colonnes. Pour la CFM, il est urgent que le gouvernement « entame le processus de démantèlement des lois, règlements, politiques, directives et autres instructions qui restreignent, voire interdisent, aux religions autres que l’islam à utiliser le mot Allah et un certain nombre d’autres termes ».

" Nous constatons un écart aussi considérable qu’alarmant entre ce que vous vous attendez à voir advenir et ce qui se passe – ou plus exactement ce qui ne se passe pas – sur le terrain", a déclaré Mgr Hing, "La politique de modération que vous incarnez ne semble pas s’être diffusée aux différents échelons de l’administration."

Peu avant Noël, deux paroisses catholiques d’une banlieue de Kuala Lumpur ont reçu une requête de la police demandant les noms et adresses des personnes qui chanteraient des cantiques et des hymnes de Noël les 24 et 25 décembre. Selon la police, une autorisation était nécessaire pour de tels chants, qu’ils soient entonnés au domicile privé ou à la paroisse.

Mgr Hing demande au Premier ministre de créer un ministère des Affaires religieuses non musulmanes dont la tâche serait de protéger et défendre les droits et les intérêts des minorités religieuses, qu’elles soient chrétienne, bouddhiste, sikh, taoïste ou hindoue. La création d’un tel ministère a, semble-t-il, été évoquée lors du déjeuner à huis clos entre le Premier ministre et les responsables de la CFM.

A l’issue du déjeuner avec la CFM, le Premier ministre a promis que le mode de désignation des directeurs des écoles dites « de mission » serait dorénavant mené en collaboration plus étroite avec les Eglises.

Mais la situation du Premier ministre Najib Razak est tendue, tout particulièrement à l’approche du 9 janvier prochain, jour où la Haute Cour de justice doit rendre sa décision concernant le deuxième procès d’Anwar Ibrahim, chef de file de la coalition d’opposition. Le 9 janvier, le PKR a prévu une manifestation monstre de 100 000 personnes devant la Haute Cour à Kuala Lumpur. Le pouvoir semble craindre toute mobilisation populaire en faveur d’Anwar Ibrahim et, ce vendredi 6 janvier, les mosquées avaient reçu pour consigne de délivrer des prêches mettant en garde contre « le chaos et le désordre » qui résulteraient de toute manifestation ou rassemblement illégal. (source : Mepasie)


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