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du 9 au 11 janvier 2012 (semaine 02)
 

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11 janvier 2012- Nigeria
GUERRE DE RELIGION ET DÉSINTÉGRATION DE LA FÉDÉRATION


En raison d'une situation sociale et politique explosive, le Nigeria, depuis le 9 janvier, connaît une grève générale, alors qu’il était déjà le théâtre de vives tensions religieuses, après les récentes attaques meurtrières du groupe Boko Haram.

Les syndicats ont appelé le 9 janvier à la grève générale pour une durée indéterminée. Ils exigent que le gouvernement rétablisse les subventions aux carburants, dont la suppression le 1er janvier a entraîné une brusque hausse des prix. La majorité des habitants vivent avec moins de 1,50 euro par jour. Or le premier producteur de pétrole au sud du Sahara, le Nigeria est pourtant importateur de produits raffinés.

" Le Nigeria est présenté comme un théâtre d’affrontement ouvert entre musulmans et chrétiens, mais ce n’est absolument pas vrai
," selon l’archevêque d’Abuja.

Réagissant aux rumeurs d’une possible division du Nigeria en deux Etats indépendants, séparant ainsi le nord musulman du sud chrétien, Mgr Onaiyekan, a déclaré qu’il "s’agit d’une idée folle et insensée qui plongerait la nation dans des problèmes vraiment plus graves
".

Pour l’archevêque, la division entre les deux communautés religieuses n’est pas si nette :
"Musulmans et chrétiens cohabitent parfaitement. Ils vont à l’école ensemble, travaillent ensemble et servent l’armée ensemble". Et ce n'est peut-être pas cela que veulent les extémistes Boko Haram, qui exigeaient le départ des chrétiens du nord pour Noël.

Mgr Onaiyekan a également désapprouvé le portrait que les médias font des chrétiens et les propos et intentions qu’on leur attribue suite à ces attaques : "Dépeindre les fidèles comme des êtres sans défense face aux violences de la secte extrémiste des Boko Haram n’est pas bien
... Les Boko Haram, a expliqué l’archevêque, sont des terroristes qui frappent quiconque entraverait leur chemin. Ils disent agir au nom de l’islam, mais tuer des innocents est totalement contraire à la religion islamique".

De son côté,
le cardinal Anthony Olobunmi Okogie, archevêque de Lagos, dénonce la pression suscitée par les intérêts économiques, à cause des ressources pétrolières. "Les violences qui endeuillent la communauté chrétienne au Nigeria ne sont pas une guerre de religion, mais répondent à des intérêts visant à la désintégration de la fédération".

" C’est une escalade tragique… Je n’ai pas de preuves que les terroristes de Boko Haram reçoivent un soutien de l’étranger, mais il est évident que leur menace a pris de l’ampleur par rapport au passé".

Les attaques actuelles contre les chrétiens rappellent la guerre civile de la fin des années 60 au Biafra.
"La guerre du Biafra avait des racines ethniques et politiques. Les attentats de la secte Boko Haram impliquent des dimensions ethnique, sociale, politique, religieuse et même criminelle. C’est pourquoi la situation actuelle est plus dangereuse que lors de la guerre du Biafra", a commenté Mgr Ignatius Ayau Kaigama, archevêque de Jos, qui précise que " la dimension religieuse s'ajoute en effet l’intimité la plus profonde des personnes. On risque de faire appel aux instincts les plus irrationnels de l’homme".

" Dans les zones nord, les chrétiens, spécialement ceux qui sont originaires du sud, comme les populations Ibo, connaissent une angoisse profonde et s'organisent actuellement pour retourner dans leurs zones d'origine. Les musulmans qui vivent dans le sud ressentent également ce climat de violence et se préparent à retourner dans le nord du pays".

Ainsi Boko Haram pourrait obtenir au nord un État totalement musulman... "Le gouvernement doit agir avec décision afin de faire cesser la violence et de reconstruire un climat de sécurité et de confiance réciproque pour tout nigérian et ce sur l'ensemble du territoire national", conclut l'archevêque de Jos. (source : AP)


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