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du 12 au 15 janvier 2012 (semaine 02)
 

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15 janvier 2012-
LES RIVALITÉS ENTRE MOSCOU ET CONSTANTINOPLE

A la veille de la Semaine pour l'Unité des chrétiens, l’affaire de Vatopédi réveille les rivalités entre Moscou et Constantinople et n’a pas fini de semer la discorde. Un scandale financier est en passe de devenir un bras de fer ecclésial.

Après l’arrestation, le 24 décembre, du P. Ephrem, higoumène de Vatopedi, l’un des plus importants monastères du Mont Athos en Grèce, le Saint-Synode du Patriarcat œcuménique de Constantinople, à l’issue d’une réunion tenue le 10 janvier sous la présidence du patriarche œcuménique Bartholomeos, a pris position pour la première fois et a justifié son silence qu'on lui reprochait dans certains milieux orthodoxes russes.

" Conformément à sa pratique immuable, respectant l’indépendance de la justice, le Patriarcat œcuménique évite toujours toute immixtion dans les affaires judiciaires en cours, étant donné qu’il ignore par ailleurs le contenu du dossier y afférent," est-il précisé de façon très ferme.

Puis le Patriarcat de Constantinople adresse une mise en garde à peine voilée à l’Église orthodoxe russe, dont les représentants avaient pris récemment des positions très critiques vis-à-vis de la justice grecque : " En raison des déclarations faites par une Église orthodoxe sœur sur le sujet susmentionné, le Patriarcat œcuménique rappelle que si la Sainte Montagne, territoire qui lui appartient canoniquement, est bien composée de moines orthodoxes de différentes nationalités, ceci ne lui confère aucunement un caractère panorthodoxe autorisant d’autres Églises autocéphales à y intervenir de quelque manière que ce soit".

En clair, le Patriarcat de Moscou n’est pas fondé à s’exprimer sur le fond de cette affaire.

Dans une analyse publiée le 10 janvier, l’agence AsiaNews replace l’affaire dans le contexte des relations conflictuelles entre les patriarcats de Moscou et de Constantinople, l’un faisant valoir son poids numérique, l’autre son ascendant historique.

Le P. Ephrem, l'higoumène arrêté, est une « personnalité de haut niveau » qui a réussi à nouer au fil du temps des « contacts importants » dans le monde de la politique et au sein des entreprises, en Grèce et à l’étranger, souligne l’agence. Les relations tissées par l’higoumène du Vatopédi avec les autorités russes et le Patriarcat de Moscou, « en exploitant la rivalité historique » entre l’Église russe et le Patriarcat de Constantinople, en seraient l’illustration, selon des sources proches de Constantinople citées par "AsiaNews".

Pour Sergeï Rudov, responsable de la Fondation des Amis du monastère de Vatopédi et membre de la Chambre publique de Russie, le P. Ephrem est victime d’une « persécution judiciaire ». « Il y a deux raisons à son arrestation, affirme-t-il. La première est que sous pression de l’Union européenne, la Grèce cherche à réduire le statut d’autonomie du Mont Athos. La seconde est l’influence croissante de l’orthodoxie russe sur la Sainte Montagne », qu’il a lui-même favorisée, ce que le Patriarcat de Constantinople n’apprécie guère.

Le Patriarche Kirill, de l’Église orthodoxe russe avait adressé le 29 décembre une lettre au président de la République de Grèce, Karolos Papoulias, faisant part d’un « sentiment de profonde préoccupation » et demandant « la mise en liberté » du P. Ephrem. Il faisait état de l’indignation suscitée par cette mesure au sein du monde orthodoxe, en particulier en Russie où le P. Ephrem avait récemment accompagné la relique de la Ceinture de la Vierge, appartenant au monastère de Vatopédi. Plusieurs millions de fidèles russes s’étaient pressés pour la vénérer.

C’est en 2008 que la révélation d’une transaction immobilière suspecte entre l’État et le monastère de Vatopédi avait provoqué un scandale d’une rare ampleur en Grèce. En l’espèce, l’État avait cédé un terrain en bord de mer contre un terrain au bord d’un lac, d’une valeur dix fois supérieure à celle du terrain concédé par le monastère. Selon les détracteurs du monastère, cette transaction cacherait une manœuvre financière destinée à permettre à un promoteur de réaliser un complexe touristique sur le terrain en bord de mer.

Un autre litige, mais de moindre importance, vient de naître entre les deux Patriarcats. L’Église orthodoxe russe considère que les tentatives de clercs géorgiens interdits de célébration,
pour s’assurer le soutien du Patriarcat de Constantinople en vue de créer un nouveau « diocèse métropolitain » en Abkhazie, sont à rejeter.

Alors qu’il faisait partie intégrante du Patriarcat de Géorgie, le diocèse d’Abkhazie se trouve aujourd’hui en rupture avec celui-ci, en raison des circonstances politiques. Le Patriarcat de Moscou reconnaît toujours la juridiction du Patriarcat de Géorgie sur le territoire en question. Les tentatives d’un groupe schismatique d’Abkhazie pour créer un « diocèse métropolitain » n'ont pas à recevoir le soutien du Patriarcat de Constantinople, fait-on savoir à Moscou. (source : Orthodoxie et AP)


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