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du 12 au 15 janvier 2012 (semaine 02)
 

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15 janvier 2012-
UN PRÉCURSEUR : LE CARDINAL SUHARD

Il fut l'un des prophètes de son temps. Refusant de rester confiné dans la nostalgie d’un âge d’or, il désirait voir l’Église au milieu des hommes et du monde et il aimait à en bavarder souvent avec celui dont il était devenu l'ami, le nonce à Paris.

Entre le cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, et le nonce apostolique, Mgr Angello Roncalli, une même passion, la fidélité à l'Église, une même audace pour l'avenir de cette Église au seuil d'une ère nouvelle, au lendemain de la guerre mondiale. Et c'est le futur Jean XXIII qui, quelques semaines après la mort du cardinal Suhard, ordonnera les prêtres de Paris, évoquant devant eux la fidélité à sa mémoire et la fidélité à l'Église romaine par l'intermédiaire de l'évêque consécrateur, le nonce apostolique.

Le livre de Jean-Pierre Guérend, qui vient de paraître aux éditions du Cerf, nous donne de découvrir, grâce à des documents jusqu’ici inédits, ce cardinal, cet homme peu expansif qui va, durant les quatre années d’Occupation, cacher des juifs, intervenir pour des résistants prisonniers, protéger la JOC, toute action discrète dont il refusa de se vanter après la guerre.

Parlant longuement des événements politiques, ce que ce livre ne dit pas assez, c'est la réalité spirituelle et intime, du passionné de Jésus-Christ en son Église. Pour Lui comme pour elle, il sera
le cardinal de la Mission de France, de la Mission de Paris, à l’origine de l’expérience des prêtres-ouvriers, qui sut encourager nombre d’initiatives pastorales audacieuses, l’auteur de lettres prophétiques sur l’avenir de l’Église, sûr de son espérance.

Car le cardinal de Paris était tout entier et, d’abord, homme d’Église. C’était là sa tâche, et il lui voue une ardeur missionnaire pour la reconstruire, et la "revivifier". Cet homme discret rencontrera un autre homme d'Église, Angello Roncalli.. Aussi discret que lui dans cette ardeur apostolique, dont les accents n’ont rien perdu de leur pertinence : ainsi son audace pour commander, puis tirer les leçons du rapport « France pays de mission », dont l’onde de choc ira jusqu’à ébranler la Curie romaine. Son entêtement à ce que la Mission de France voie le jour, persuadé qu’il était de la nécessité de nouvelles structures pour « briser le mur » qui s’était édifié entre l’Église et le peuple.

Le cardinal mêle à une lucidité aiguë une grande sensibilité pour percevoir l’ampleur de la sécularisation en marche. Le nonce devenu Pape refuse de confiner l'Église et lui donne pour mission "La paix parmi les peuples - Pacem in terris"

Refusant, l'un comme l'autre, de rester confinés dans la nostalgie d’un âge d’or qui n’est plus, ils lancent l’Église dans ce nouveau monde : « N’ayez pas peur, n’ayez pas peur d’être moins chrétiens en étant plus hommes » , s’écrie le cardinal Suhard dans la lettre "Essor ou Déclin de l’Église ?" en dessinant les contours d’une spiritualité catholique « à la taille de la terre » , un « humanisme à la mesure du dessein de Dieu ».

« Ce sera l’honneur de notre génération d’avoir compris que la situation nouvelle de l’humanité exigeait des conditions apostoliques nouvelles, écrit-il : il conviendra d’intégrer dans une perspective religieuse des valeurs humaines authentiques et bonnes. » Avant l’aggiornamento doctrinal du Concile, le cardinal Emmanuel Suhard comprit que l’avenir de l’Église au milieu des hommes dépendait pour une part de l’audace et de la liberté d’esprit de celle-ci.

« Ce sera l’honneur de notre génération d’avoir compris que la situation nouvelle de l’humanité exigeait des conditions apostoliques nouvelles. » Le livre de Jean-Pierre Guerend nous le dit. (source : AP)

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