Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 16 au 19 janvier 2012 (semaine 03)
 

-
19 janvier 2012- Corée
LA CONSTRUCTION DE CETTE BASE NAVALE EST DISCUTABLE


Tandis que les travaux vont bon train sur le site qui verra, en 2014, l’inauguration d’une importante base navale sur l’île de Jeju (Cheju), les protestations des opposants au projet, parmi lesquels figurent les catholiques, ne cessent de croître.

Le 16 janvier, des religieuses ont tenu une conférence de presse pour dénoncer l’interpellation qui avait concerné plusieurs d’entre elles quelques jours auparavant. Le 10 janvier dernier, devant le chantier de construction de la future base navale de Gangjeong, des opposants au projet s’étaient réunis pour une veillée de prière. Ils ont été dispersés par la police qui a procédé à une trentaine d’interpellations, dont 19 religieuses et religieux. Tous ont été remis en liberté 48 heures plus tard.

Selon des responsables de la Conférence des supérieures majeures de Corée ainsi que de l’ONG ‘Solidarité catholique pour la paix à Jeju’, les autorités sud-coréennes, en choisissant de faire intervenir la police contre des religieuses et des religieux catholiques, se sont comportées comme n’auraient pas osé le faire les régimes militaires autrefois au pouvoir à Séoul.

La présidente de la Conférence des supérieures majeures, Soeur Marie Aquina Yoon Jung-ok a déclaré que « les régimes militaires n’avaient jamais exercé de contrainte physique à l’encontre de religieuses catholiques en prière et ne les avaient jamais non plus emmenées au poste de police ». « Nous ne pouvons passer sous silence de tels agissements », a-t-elle affirmé, ajoutant que la police devait s’excuser sans délai auprès de l’Eglise catholique et de la nation sud-coréenne pour « avoir détenu des personnes qui ne faisaient que danser et chanter pacifiquement depuis deux jours ».

Le vice-président du Comité spécial du diocèse de Jeju pour « la paix à Jeju », le P. John Go Byeong-soo a pour sa part dénoncé « une action inconsidérée de l’Etat visant à limiter la liberté de religion ».

A Hongkong enfin, l’association "Asian Human Rights Commission" a publié un communiqué critiquant l’incident et dénonçant la volonté du gouvernement sud-coréen d’arrêter « toute personne manifestant son opposition à la base navale ». Il s’agit là d’une « défaillance grave en matière de gouvernance et d’une atteinte sérieuse à l’Etat de droit », a encore ajouté l’association.

Sur le fond, l’opposition manifestée par les religieuses catholiques à la construction de la base de Gangjeong ne semble pas de nature à pouvoir empêcher le projet gouvernemental d’aller à son terme. Envisagé dès 2007, la base navale deviendra le port d’attache d’une vingtaine de bâtiments militaires sud-coréens, destinés à patrouiller les eaux de la mer du Japon – ou mer de l’Est – ainsi que celles de la mer de Chine orientale, afin de protéger les lignes commerciales d’une économie tournée vers les exportations et dépendante de ses importations de pétrole par voie de mer.

Pour les membres de l’Eglise catholique engagés dans ce combat contre la base navale, la cause est entendue : une implantation militaire à cet endroit est un mauvais signal envoyé à la Chine et une future menace pour la paix, d'autant que depuis les incidents de 1948, cette île s'appelle"l'île de la paix"

Le 3 avril 1948, craignant que des habitants de Jeju ne sympathisent avec les communistes, les forces armées sud-coréennes avaient alors investi l’île pour la dévaster : 30 000 personnes furent massacrées, soit un dixième de la population d’alors. Pour les militants catholiques, il y a quelque ironie aujourd’hui à vouloir construire une base militaire sur une île dédiée à la paix. (source : Mepasie)


Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil