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du 19 au 22 janvier 2012 (semaine 03)
 

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22 janvier 2012 -
DE LA RÉFORME ET DE LA CONTINUITÉ

Pour le vaticaniste Sandro Magister,
Benoît XVI, peut être appelé "le Réformateur". La "réforme", dit-il, est la clé d'interprétation du concile Vatican II et de l'évolution du magistère, "dans la continuité du sujet-Église".

Cela, Mgr Lefebvre et les traditionalistes n'ont jamais voulu admettre. Pendant plusieurs années, l’herméneutique de Vatican II ne semblait pas poser problème. Tous étaient bien d’accord pour dire que Vatican II introduisait une nouveauté dans la tradition catholique, au moins dans la tradition récente et non pas dans la tradition première.

Le différend ne portait alors que sur un point : pouvait-on envisager le dépassement de l’expérience historique du catholicisme de Contre-réforme qui avait marqué l’Occident moderne ? En d’autres termes, l’émergence d’une nouvelle figure historique du catholicisme (et non une nouvelle Église) était-elle permise et envisageable ?

Lorsqu’il a proclamé une Année de la foi qui coïncidera avec le cinquantième anniversaire de l'ouverture du concile Vatican II, Benoît XVI a insisté une fois encore sur la nécessité d’une "juste herméneutique" de cet événement.

La compréhension correcte du concile – précisent les instructions pour l'Année de la foi – n’est pas ce que l’on appelle "l’herméneutique de la discontinuité et de la rupture", mais ce que Benoît XVI lui-même a appelé "l’herméneutique de la réforme, du renouvellement dans la continuité de l’unique sujet-Église".

Cette définition est tirée du mémorable discours adressé par le Pape à la Curie romaine, le 22 décembre 2005, peu après son élection. Discours qui fut alors interprété comme étant principalement destiné à réfuter la conception progressiste selon laquelle Vatican II constituait une rupture avec le passé et un "nouveau début" pour l’Église. Mais, en réalité on a laissé de côté une autre interprétation, que Benoît XVI met en valeur depuis.

En effet, ce discours – spécialement dans son développement final consacré au thème de la liberté religieuse – avait comme arrière-plan principal un autre courant de pensée et d’action, celui des traditionalistes et en particulier des adeptes de Mgr Marcel Lefebvre.

Benoît XVI connaît à fond les lefebvristes. En tant que cardinal préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Joseph Ratzinger a négocié et discuté avec eux pendant des années. Et, en tant que Pape, il s’est employé avec beaucoup d’énergie à les réconcilier avec l’Église; sans concession fondamentale.

Le théologien canadien Gilles Routhier, professeur à l'Université Laval, à Québec, et auteur d’un livre relatif à la réception et à l'herméneutique du concile a reconstitué tout le parcours de la controverse entre Rome et les lefebvristes. Il en a analysé les rapprochements, les ruptures, les changements de ligne.

Pour en arriver à cette conclusion : l'herméneutique "de la discontinuité et de la rupture", aussi bien que celle "de la continuité", qui ont été toutes les deux soutenues, à des moments différents, par les lefebvristes et par d’autres courants traditionalistes, restent invinciblement éloignées de l'herméneutique "de la réforme" qui est proposée par Benoît XVI, avec sa conception dynamique de la tradition. (source : Chiesa)


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