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du 23 au 26 janvier 2012 (semaine 04)
 

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26 janvier 2012- Venezuela
CHANGER DE PRÉSIDENT OU CHANGER DE SYSTÈME

La nouvelle direction de la Conférence épiscopale du Venezuela plaide pour l’unité alors que les relations entre la hiérarchie catholique et l’État ne s’améliorent pas, en raison de la politique menée par le président Hugo Chávez.

Mgr Diego Padrón, archevêque de Cumanaa, depuis son élection le 9 janvier à la présidence de la Conférence épiscopale du Venezuela (CEV) a plusieurs fois prononcé le mot de réconciliation. Ce qui est un appel significatif de la part des évêques. L’année qui s’ouvre est celle de l’élection présidentielle, en octobre, et des primaires de l’opposition en février. Pour la 97e Assemblée de la Conférence épiscopale, elle doit être surtout une « année de la réconciliation nationale » .

Dans un pays où la population est divisée entre défenseurs et opposants de la politique menée par le président socialiste Hugo Chávez, l’Église craint un regain de tension. "Aux élections d’octobre, les Vénézuéliens ne doivent pas arriver comme des ennemis en guerre. L’événement électoral doit être vu dans cette perspective humaine et chrétienne de réconciliation nationale", insiste le message de la Conférence épiscopale.

" Nous appelons la population à voter, à donner un vote responsable car il ne s’agit pas seulement d’un changement de président mais aussi d’un changement de système."

Cette réconciliation concerne aussi la hiérarchie catholique vénézuélienne, perçue par l’État comme faisant partie de l’opposition. Hugo Chávez n’a jamais pardonné au cardinal et archevêque de Caracas de l’époque, Mgr Ignacio Velasco, d’avoir joué un rôle dans le coup d’État qui l’a chassé du pouvoir durant 48 heures en avril 2002. Mgr Ignacio Velasco avait signé l’acte de la Constitution du gouvernement éphémère.

Malgré les polémiques récurrentes avec le pouvoir, le nouveau président de la CEV, Mgr Diego Padrón, assure que « la ligne de la Conférence épiscopale est la même depuis toujours : celle du respect et de la non-confrontation, du dialogue et de la paix » . Quelques signes montrent une volonté d’atténuer ce conflit larvé. Le président de la CEV a par exemple donné des entretiens à des journaux dits « chavistes » comme Correo del Orinoco.

L’élection de Mgr Mario Moronta, évêque de San Cristobal, comme second vice-président de la CEV, a également été interprétée comme une tentative de jeter de nouveaux ponts. Ce dernier est connu pour être proche du pouvoir. Mgr Mario Moronta a ainsi participé à une messe en l’honneur du chef d’État alors que ce dernier, atteint d’un cancer, suivait des chimiothérapies.

De son côté, Hugo Chávez a pu déclarer : « Le cardinal est pour moi Mario Moronta et non ce prêtre indigne ! », faisant référence à Mgr Urosa Savino.

Le P. Miguel Matos, jésuite, qui se revendique comme socialiste, ne croit pas en cette réconciliation : " La hiérarchie catholique n’a pas l’intention de faire la paix. La preuve : la nouvelle conférence veut qu’Hugo Chávez s’excuse."

L’État et l’Église semblent encore très loin de la réconciliation attendue. Le texte « 2012 : année de la réconciliation nationale », qui évoque la violence, la situation pénitentiaire, le respect des droits de l’homme, la citoyenneté sonne comme une énumération des faillites du gouvernement.

" Les critiques doivent être respectueuses. Elles sont faites pour améliorer le pays", explique Mgr Diego Padrón, qui assure ne pas être systématiquement en opposition avec le gouvernement. Le nouveau président de la CEV fait valoir que le dialogue n’a toujours pas repris avec le gouvernement mais qu’il l’espère. (source : AP et ACI)


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