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du 2 au 5 février 2012 (semaine 05)
 

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5 février 2012 -
LA PRÉSENCE DES CHRÉTIENS DANS LE MONDE ARABO
-ISLAMIQUE

Le colloque sur la présence des chrétiens dans le monde arabe, qui s'est déroulé du 24 au 28 janvier à Antelias au Liban, au catholicosat arménien, voulait poursuivre un dialogue direct et franc. "La présence chrétienne est une question musulmane."

Il était organisé par le Conseil œcuménique des Églises pour discuter de la présence des chrétiens dans le monde arabe, sous le regard de Dieu et au service de l'homme et voulait éviter le principe de double langage qu’il soit privé ou public.

Dans le discours d'ouverture de cette réunion islamo-chrétienne, le P. Boulos Rouhana, secrétaire général du Conseil des Eglises du Moyen-Orient, a remercié le COE à Genève, représenté par son secrétaire général, le Rév. Dr. Olav et par M. Michel Nusseir, directeur du bureau du COE au Moyen-Orient.

" Cette réunion, a-t-il dit, est l’expression d'une préoccupation partagée à la fois par les chrétiens et les musulmans, par l’Orient et l’Occident, concernant la poursuite de l'édification de sociétés plurielles reposant sur le principe de la dignité humaine. Dignité qui tire sa force de la conviction partagée dans le Dieu unique, créateur de tous et Père de tous.

" Cette dignité humaine est la source fondamentale de tous les droits et devoirs humains auxquels tous les croyants et hommes de bonne volonté espèrent. Pour souligner ce fondement divin de la dignité humaine partagée par tous, je voudrais citer le couplet d'un vieil hymne syriaque pour les défunts qui comprend une belle et concise description de la création du « bel Adam », la plus grande de toutes les créatures.

" L'être humain, chaque être humain, selon la signification symbolique de cet hymne remarquable est un abrégé du monde. Peut-être que nous pourrions monter jusqu'à ce niveau de conscience spirituelle dans la dimension cosmique ou globale de notre humanité commune.

" Cette dimension ne concerne pas seulement les chrétiens et les musulmans, mais toutes les personnes indépendamment de leur race, de pays ou affiliation religieuse. La religion, en premier lieu, vise à développer et renforcer les espaces humanitaires communs entre tous les êtres humains afin qu'ils se rencontrent comme des frères dans la large sphère du divin.

" Toutefois, nous pouvons souligner que dans ce domaine, l'histoire religieuse des peuples, témoigne malheureusement d'un rétrécissement de ces espaces. Cela est dû probablement à la myopie de croyants qui limitent Dieu au cadre de leurs concepts étroits. Ici, réside la tragédie de la religion, mais un certain nombre de religieux, théologiens et ecclésiastiques ... ont tous un intérêt commun : ne pas vivre la religion comme une tragédie, mais comme un message de libération et à travers laquelle nous découvrons la beauté de la dignité humaine qui nous rassemble.

" La présence chrétienne dans le monde arabe est une question ancienne renouvelée et un point focal dans les activités du COE. Il s'agit d'un "Danho" (mot syriaque qui signifie « révélation et proclamation »). Une présence qui révèle une situation, une vocation et un message. Dans la tradition syriaque, le baptême de Jésus dans le Jourdain est un acte de "Danho", ou une révélation et la proclamation de l'identité réelle de Jésus et de sa mission publique.

" Dans ce contexte, la présence chrétienne dans le monde arabe, avec tout ce qu'elle implique en matière de coexistence chrétienne et musulmane, n'est pas une question pragmatique, dictée par l'évolution des conditions sociales et politiques. De ce point de vue, chrétiens et musulmans ne sont pas deux partis politiques opposés. Ils sont, en premier lieu, les témoins d'une nouvelle humanité à la lumière de leur foi commune en un Dieu unique, créateur de tous les êtres, même si cette foi utilise différentes formes et expressions respectivement.

" Aujourd'hui, nous sommes appelés non pas à répéter tout ce que ces documents contenaient, mais à une conscience renouvelée de cette présence dans la lumière des changements profonds dont nos sociétés arabes au Moyen-Orient sont les témoins.

" Cela concerne aussi bien les chrétiens que les musulmans. Il nous incombe, dans l’examen personnel et collectif de ces changements, de prendre en considération les préoccupations actuelles des chrétiens par égard pour eux, et elles sont nombreuses.

" Tout d'abord, quel est le statut des chrétiens en tant que citoyens au sein de sociétés à majorité musulmane qui aspirent à réglementer les sociétés arabes conformément aux normes religieuses islamiques ?

" Deuxièmement, quel est le statut d'un être humain dans les nouveaux régimes arabes? Est-ce que ces régimes adopteront le principe de l'égalité absolue entre les personnes sur la base d’une dignité humaine commune ou vont-ils établir une discrimination se basant sur l'appartenance religieuse, la race ou les rites?

" Les chrétiens d'Orient, les ressortissants et les croyants, ne sont ni de simples spectateurs ni des personnes que ne s’intéressent pas à ce qui se passe dans leur pays. Ils sentent plus que jamais qu’ils sont, dans leurs différents rites, partenaires des musulmans et qu’ils partagent avec eux un destin commun.

" La présence chrétienne au Moyen-Orient, dans cette perspective, est une question musulmane autant que qu’elle est une question chrétienne.

" Nous avons besoin d'un dialogue et d'un amour franc et vraiment constructif. Nous avons besoin de programmes destinés à promouvoir la coexistence entre chrétiens et musulmans pour rejoindre les jeunes dans les écoles et les universités.

" La route est encore longue et ardue ! En amour, nous nous réunissons comme une famille dans l'étendue de Dieu, car Dieu est amour (1Jean 4, 7) (source : LPJ)


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