Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 10 au 12 février 2012 (semaine 06)
 

-
12 février 2012 - Soudan
UN CONFLIT SE PROFILE ENTRE LE NORD ET LE SUD


" Entre le Soudan Nord et le Soudan Sud, dans les monts Nouba est en cours un massacre oublié", déclare Mgr Macram Max Gassis, évêque de El-Obeid, qui ajoute :" Les prêtres et les religieuses n'abandonneront pas le terrain".

Son diocèse se trouve à cheval entre le Soudan et le Soudan du Sud. De ce territoire, fait également partie le Kordofan, Etat du Soudan au centre d'affrontements entre l'armée de Khartoum et l'armée du nouvel Etat indépendant depuis juillet 2011.

Environ 500.000 Nouba peuplaient la province de Kordofan au centre du Soudan, au début des années 80. Quelques milliers d'entre eux vivaient toujours d'une manière traditionnelle, dans les montagnes. Leurs ancêtres s'y sont réfugiés il y a deux à trois cents ans, fuyant les trafiquants d'esclaves.

En 1983, le pouvoir de Karthoum, représentant le nord arabe et musulman, décrète l'application de la charia islamique sur tout le territoire. Le sud, animiste et chrétien, s'enflamme, mais la paix n'est pas encore revenue.

En douze ans de conflit, les Nouba ont été pris entre trois feux : l'armée gouvernementale et les milices arabes armées par Karthoum d'une part et l'armée de libération du sud.

Mgr Gassis rappelle que " la population locale se sent partie intégrante du Soudan du Sud, tant il est vrai qu'elle utilise la monnaie du Soudan du Sud et non celle de Khartoum. Les soldats du SPLA des Monts Nuba se sont battus pour l'indépendance du Soudan du Sud : l'Etat d'Ouest Equateur, désormais appartenant au Soudan du Sud a été libéré par eux. Le Soudan du Sud a donc une dette envers les combattants des Monts Nuba".

Mgr Gassis fait remarquer qu'aucun prêtre, religieux ou religieuse pas plus que le personnel médical n'a quitté son poste. Ils sont là pour démontrer que, comme l'affirme Jésus, « il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Ce n'est pas simple de rester là, sous les bombardements continuels et de voir les corps broyés des civils, souvent des enfants," souligne-t-il.

La tension monte actuellement entre le Soudan du Sud et le Soudan au point que l'on peut craindre un conflit entre les deux Etats, même si les chinois prônent la paix, pour être assurés que la production du pétrole ne leur échappera pas.

Pour d'autres raisons, après tant d'années de guerre, le nouvel Etat du Soudan du Sud ne veut pas la guerre, affirme Mgr Gassis. Mais le problème est représenté par le président soudanais de Khartoum, Omar Bashir, qui espère pouvoir en sortir par une nouvelle guerre. Récemment d'ailleurs, il s'est rendu en Chine.

Après avoir perdu le Sud, le président soudanais cherche à conserver le contrôle sur ces zones du Soudan qui cherchent à se libérer du pouvoir central ," explique l'évêque. "Les forces de Khartoum, continue Mgr Gassis, sont entrées dans la région du Nil Bleu mais elles sont encerclées par les rebelles."

" Par ailleurs, il y a les situations critiques qui s'aggravent de jour en jour dans les monts Nuba, comme dans les régions d'Abyei et du Darfour. Maintenant que le Soudan du Sud a fermé le robinet du pétrole, la cherté de la vie commence à se faire sentir à Khartoum. Les officiers de l'armée ont envoyé un mémorandum au président Bashir, au ministre de la Défense et au chef d'Etat-Major dans lequel ils se plaignent de la condition des militaires."

" Il existe donc une série de signaux qui préoccupent le président qui pense pouvoir résoudre les problèmes au travers de nouvelles guerres," affirme l'évêque de El-Obeid.

" L'occupation d'Abyei a réussi parce qu'il s'agit d'une zone de plaine. Mais celle des Monts Nouba est une autre histoire. La zone comporte des montagnes avec des cavernes où les guérilleros locaux peuvent se cacher pour attaquer à l'improviste les militaires de Khartoum. Les guérilleros des Monts Nuba sont en outre disciplinés et bien armés. Ceci n'empêche malheureusement pas que la population civile souffre.

" L'Eglise a elle aussi eu ses victimes, comme le représentant de la "Caritas diocésaine", un laïc, qui a été fusillé par les troupes soudanaises à Kadugli, il y a cinq mois," conclut Mgr Gassis. (source : Fides)


Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil