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du 10 au 12 février 2012 (semaine 06)
 

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12 février 2012 - Syrie
Y AURA-T-IL ENCORE UNE PLACE POUR LES CHRÉTIENS

"La réalité n´est pas binaire
. Elle est complexe. Y aura-t-il encore une place pour les chrétiens syriens dans la déstabilisation en cours dans cette société composite ? écrit l'internet du Monastère de Saint Jacques le Mutilé (Deir Mar Yakub).

Sur le site internet de ce couvent, situé dans le village de Qâra, à 15 km de l´Antiliban, à la frontière libanaise, et à 100 km au nord de Damas, on peut lire que les chrétiens du diocèse de Homs, Hama et Yabroud étaient intégrés au tissu social comme des citoyens à part entière, mais la situation a radicalement changé.

Le Monastère, qui milite "contre tout ce qui est contraire à la loi de Dieu et aux droits de l´homme", déclare prendre position pour les pauvres et les maltraités, "particulièrement pour les civils innocents, qu´ils soient ciblés par le régime ou par les bandes armées de l´insurrection".

"Avant les évènements qui ensanglantent la Syrie, il était inconvenant de décliner sa confession religieuse. Aujourd´hui il n´en est plus ainsi. Le conflit qui s´instaure est passé d´une réclamation populaire de liberté et démocratie à une révolution islamiste.
Le destin de la Syrie va-t-il ressembler à celui de l´Irak, nous le savons pas".

Le vendredi 20 janvier le slogan fatidique a été brandi par les Comités de coordination de la révolution: "Le peuple veut déclarer le Jihad !". Jusqu´à présent nous n´avons pas fait état d´une ´persécution´ directe qui frapperait les chrétiens. Ils étaient englobés dans les sévices ciblant la population participant à la vie civile. Mais il semble que la donne commence à changer. Comme si la tendance qui couvait devenait dorénavant une consigne. Le futur le dira".

La liste des attentats antichrétiens s´allonge
et le Monastère de Saint Jacques le Mutilé a déjà dressé une liste des attentats contre les chrétiens de ces dernières semaines, à commencer par l´assassinat par les insurgés, le 25 janvier, du Père Basilios Nassar, curé grec orthodoxe du village de Kfar Bohom, dans la province de Hama.

Il a été abattu alors qu´il venait en aide à un homme agressé par les insurgés dans la rue Jarajima à Hama. "C´est la première fois, depuis l´insurrection, qu´un prêtre est la cible de la violence aveugle qui est devenue l´arme redoutable d´une insurrection de plus en plus manipulée", peut-on lire sur le site internet du monastère.

"Ce meurtre est alarmant. Il conforte les craintes de voir la révolution syrienne tourner au conflit confessionnel. Sous couvert d´une quête de liberté et de démocratie les insurgés se révèlent comme des islamistes qui s´en prennent à des civils innocents dans une démarche de discrimination religieuse".

Le site mentionne également l´exécution le 26 janvier, devant sa maison, de Zafer Karam Issa, un major âgé de 30 ans appartenant à la communauté chrétienne, abattu d´une centaine de balles par un commando dirigé par le fils de l´Emir islamiste de Yabroud, M. Khadra. Durant la même semaine, un jeune chrétien, Khairo Kassouha, âgé de 24 ans, a été lui aussi abattu en sortant de chez lui à Kusayr.

Le Père Mayas Abboud, recteur du petit séminaire grec-catholique à Damas, témoigne de ce qu´il a entendu au téléphone de la veuve de Nidal Arbache, un chauffeur de taxi abattu par les insurgés. "Ici à Kusayr nous sommes livrés au bon plaisir des insurgés qui font la loi chez nous. Nous nous attendons à toutes sortes de sévices. Nous n´avons rien ni personne pour nous protéger. Je vous en supplie Père, prenez cela comme un testament. S´il m´arrive quelque chose de fâcheux je vous confie mon fils, prenez soin de lui. Toute notre famille est menacée par les bandes armées".

A Kusayr, un cousin de Père Louka, curé de Nebek, raconte qu´il rentrait dans la localité lorsqu´à un rond-point de la ville il a été arrêté par des insurgés. "Ils m´ont réclamé mes papiers et m´ont fait attendre deux heures pour vérifier si mon nom est cité dans les listes issues par les comités de coordination de la révolution qui sont désormais des organes de référence judiciaire. Si mon nom avait été mentionné, j´aurais été exécuté sur place comme ils le font avec d´autres".

A Homs, la liste des victimes s´allonge, selon le Monastère: Plus de 230 chrétiens ont été abattus. Plusieurs sont kidnappés. Souvent les insurgés réclament une rançon qui varie entre 20
.000 et 40.000 dollars par personne. Certains quartiers mixtes comme Bab Sbah ou Hamidiyeh à Homs voient 80% de leurs habitants chrétiens les déserter pour s´établir chez des amis ou des parents dans les régions de la Vallée des chrétiens. Les chrétiens de Hama et de sa province font de même. (source : Apic)

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