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du 13 au 16 février 2012 (semaine 05)
 

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16 février 2012- RD Congo
LA MANIFESTATION INTERDITE CONNAÎT DES INCIDENTS


Le gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta, avait interdit la marche pacifique des chrétiens prévue le 16 février sous le prétexte que la procédure légale en la matière n'avait pas été respectée. La police y est intervenue brutalement.

Le Conseil de l'apostolat des laïcs catholiques du Congo (CALCC) projetait cette manifestation qui devait exprimer le rejet des résultats des élections du 28 novembre dernier par la population. Elle devait aussi exiger la démission du bureau de la Commission électorale nationale indépendante, la CENI.

Il était prévu qu'elle devait mobiliser les fidèles de toutes les paroisses catholiques de Kinshasa et être ouverte à tous les Congolais.

Le gouverneur André Kimbuta a prétexté que la lettre de notification de la marche était parvenue à l'hôtel de ville en retard, d'autant, ajoute-t-il, que le CALCC n'est pas répertorié parmi les associations agréées par l'hôtel de ville.

Pour lui, la loi est violée par les organisateurs, qui n'ont pas donné les indications exigées. Ils ont ignoré «leur adresse physique - puisqu'ils n'ont rien signalé- il n'y a même pas eu un seul contact ; le délai n'étant pas respecté.»

Mais, sur la lettre qui lui a été envoyée par les organisateurs, a-t-il poursuivi, il y avait un repère: «J'ai vu 'catholique', je me suis adressé à l'Église catholique, à l'archevêché» pour lui demander de plus amples précisions sur cette « structure qui se dit catholique».

En outre, a déclaré André Kimbuta, «l'objet sollicité ne peut pas être accepté par l'hôtel de ville, parce que la loi qui organise des manifestations donnent certains préalables. Et ceux-ci ne sont pas respectés par les organisateurs».

A la question de savoir ce qui se passerait ce jeudi, après l'interdiction de cette marche, le gouverneur de Kinshasa a été catégorique : « Il n'y ara pas d'incidents. C'est pourquoi je demande à tous les Kinois de vaquer librement à leurs occupations.»

En fait des groupes de fidèles ont quitté tôt jeudi matin leur paroisse pour tenter de regagner l’église Saint-Joseph, lieu de rassemblement, mais des policiers les ont rapidement dispersés notamment avec des gaz lacrymogènes, appliquant les consignes des autorités de la ville.

" Nous avions prévu cette marche depuis longtemps, et à notre grande surprise, nous avons appris que le gouverneur de Kinshasa l’avait interdite. Mais nous tenions à sortir, et nous avons manifesté, même si c’était sur quelques mètres", expliquait un prêtre accompagné d’une dizaine de fidèles.

La police a ramené les marcheurs dans leur paroisse, brutalisant quelques vieilles femmes récalcitrantes, menaçant les contestataires et jetant du gaz lacrymogène pour disperser les rassemblements dans la rue.

" Ils ont réprimé terriblement : ils ont lancé du gaz lacrymogène partout dans l’enclos de l'église saint Joseph, jusque dans la chambre des prêtres", a affirmé le P. Pierre Bonsangia, l’un des organisateurs de la marche. Selon lui, trois prêtres, deux religieuses et deux fidèles ont été arrêtés, selon un bilan établi à partir de plusieurs informations paroissiales.

La scène s’est répétée à plusieurs reprises dans la capitale. " Nous sommes déterminés," disait à l'AFP un homme, qui revenait d’une paroisse de la commune de Lemba où des « kulunas" (voyous) ont attaqué des chrétiens, machette à la main."

Le CALCC voulait une manifestation « non violente » qui marquerait ainsi le 20ème anniversaire de la « marche des chrétiens » du 16 février 1992 pour réclamer plus de démocratie au régime du dictateur Mobutu. La marche avait été réprimée et les corps de victimes tuées par les forces de sécurité avaient été amenés à la paroisse Saint-Joseph.

Les organisateurs avaient appelé non seulement à la commémoration des morts du 16 février 1992 mais à exprimer leur "rejet des résultats des élections » présidentielle et législatives du 28 novembre 2011, en les qualifiant de « conformes ni à la vérité ni à la justice."

Le chef de l’État sortant Joseph Kabila a été officiellement réélu, et son camp a remporté les législatives selon les résultats provisoires de la Commission électorale. Mais l’opposant Étienne Tshisekedi, classé deuxième de la présidentielle, a rejeté ces résultats et s’est autoproclamé « président élu », dénonçant des irrégularités également relevées par des missions d’observation nationales et internationales. (source : AP)


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