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du 13 au 16 février 2012 (semaine 05)
 

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16 février 2012- Chine
LE DÉCÈS DE L'ÉVÊQUE "CLANDESTIN" DU YUNNAN


Le clergé « officiel » s’est approprié les funérailles de l’administrateur apostolique « clandestin » de Kunming, le P. Laurent Zhang Wenchang, administrateur apostolique "clandestin" des trois diocèses de l´Eglise catholique au Yunnan.

Décédé le 5 février, à l´âge de 92 ans, l’administrateur apostolique « clandestin » de Kunming fut un homme constamment opposé aux velléités de contrôle de l´Eglise par le gouvernement communiste chinois. L'
administrateur apostolique « clandestin » de Kunming, Dali et Zhaotong. Ses funérailles ont eu lieu lundi dernier au matin. Ces sept jours respectaient la coutume des Yi, peuple auquel appartenait le P. Zhang, qui veut qu’un mort soit veillé durant sept jours avant d’être inhumé

En réalité les autorités ont exigé que la dépouille du P. Zhang soit incinérée dès le 9 février, soit quatre jours après son décès. Elles ont aussi laissé la partie « officielle » de l’Eglise du Yunnan, à la tête de laquelle se trouve un évêque illégitime (non reconnu par Rome), prendre en main la cérémonie, en écartant ainsi les prêtres et les fidèles "clandestins."

En l’absence de l’évêque de Kunming, Mgr Joseph Ma Yinglin, également président de la Conférence des évêques « officiels » de Chine, c’est le vicaire général « officiel » de Kunming, le P. Joachim Yue Tiande, 42 ans, membre lui aussi de l’ethnie Yi, qui a présidé la cérémonie. Les funérailles chrétiennes ont été célébrées à Haiyi, village natal du P. Zhang. Neuf prêtres « officiels » des diocèses de Kunming et de Dali ainsi que de la préfecture apostolique de Zhaotong étaient présents, ainsi que des diacres, des religieuses et plusieurs centaines de fidèles.

Selon le P. Yue Tiande, si la communauté des « officiels » a ainsi organisé les obsèques, c’est qu’elle tenait à rendre hommage au P. Zhang. « J’ai entendu dire que des prêtres « clandestins » auraient voulu se joindre à la cérémonie, mais finalement ils ne se sont pas montrés », a-t-il expliqué, ajoutant que les cendres du défunt avaient été enterrées dans la cour de l’église de Haiyi à l’issue de la célébration.

Du côté de la communauté « clandestine » du Yunnan, l’écho est tout autre. On y déplore l’incinération du corps du vieil administrateur. Cette incinération ne respecte ni les volontés du P. Zhang ni les coutumes du peuple Yi. De plus, la cérémonie était placée sous le sceau d’un évêque "illégitime", ce qui constitue un paradoxe pour rendre hommage à un prêtre dont la vie est un témoignage de fidélité à l’Eglise universelle et à son chef, le Souverain pontife.

Ce serait pour toutes ces raisons que les prêtres « clandestins » du Yunnan auraient choisi de ne pas prendre part aux funérailles du 13 février à Haiyi. Ils ont préféré célébrer en toute discrétion des messes à la mémoire de leur ancien administrateur apostolique.

Né en 1920, entré au petit séminaire à l´âge de 12 ans, ordonné prêtre en 1946, le Père Zhang appartient à cette génération de serviteurs de l´Eglise catholique en Chine dont toute la vie a été traversée par les épreuves imposées par le pouvoir communiste. Après 1949 et la prise du pouvoir de Mao Zedong, l´emprise communiste sur le lointain Yunnan et sa capitale Kunming se fit progressivement sentir. Le jeune prêtre Zhang est alors affecté au service de la cathédrale.

En 1953, une campagne politique lancée par les communistes l´en chasse et il est contraint de se retirer pour aller travailler dans une ferme. En 1958, il est condamné pour "crimes contre-révolutionnaires" et envoyé en prison. Il a été interné en réalité pour sa fidélité à l´Eglise universelle et son refus d´entériner la politique "patriotique" que le régime impose à l´Eglise.

En 1962, il est transféré dans un camp de rééducation par le travail, d´où il ne sortira qu´en 1982.
Le P. Zhang, reprenant courageusement sa mission, visite les familles catholiques et, à mesure que "l´ouverture" se précise, recommence à travailler pleinement pour l´Eglise. Réhabilité en 1987, il refuse néanmoins de rejoindre les structures "officielles".

Constamment surveillé par la police, il mène son ministère avec efficacité et discrétion, vivant très simplement à Kunming. En 2000, prenant la suite du Père Louis He Dezong, il est nommé par le Saint-Siège, administrateur apostolique de Kunming, Dali et Zhaotong, contribuant notamment à la construction ou la reconstruction de nombreux lieux de culte dans la province. (source : Mepasie)


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