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du 20 au 24 février 2012 (semaine 08)
 

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24 février 2012- Égypte
JUSQU'OÙ VA LA LIBERTÉ DE CROYANCE ET D'OPINION


Selon les déclarations de l’actuel Shaykh Ahmad at-Tayyeb de l'Université al-Azhar du Caire, l’ordonnance des libertés fondamentales se déclinent en liberté de croyance, d’opinion et d’expression, et de créativité artistique et littéraire.

Après les dernières élections égyptiennes qui ont vu la victoire plébiscitaire des Frères Musulmans et des partis salafistes, le débat sur l’ordre futur du pays ne semble pas diminuer d’intensité. Al-Azhar y participe aussi activement par la volonté personnelle de l’actuel Shaykh Ahmad at-Tayyeb.

Il y a quelques mois déjà, la mosquée-université historique, point de référence traditionnel de l’Islam égyptien et plus en général du monde sunnite, avait battu le rappel d’un groupe d’intellectuels pour une importante déclaration sur le futur de l'Egypte, que Martino Diez analyse dans la dernière revue de "Oasis".

Après le document de soutien à la mobilisation des peuples arabes pour la liberté et la démocratie, il s’agit maintenant d’une nouvelle déclaration consacrée exclusivement à l’ordonnance des libertés fondamentales. Pour les auteurs du document, elles se déclinent en liberté de croyance, d’opinion et d’expression, de recherche scientifique et de créativité artistique et littéraire.

Pour évaluer de manière adéquate ce document, il faut tenir compte de sa double dimension, nationale et internationale. Au niveau égyptien, on y lit une critique de certaines positions salafistes, en particulier là où l’on fait allusion aux abus possibles du principe d’ordonner le bien et d’interdire le mal.

Un tel principe, de dérivation coranique, enseigne que chaque musulman a le devoir d’être vigilant sur la conduite de la communauté pour favoriser la diffusion des vertus et réprimer l’émergence des vices. Le problème est que si l’indication est comprise de manière juridique et non seulement éthique, cela porte facilement à un contrôle envahissant des individus de la part de censeurs autoproclamés (pensons à la police religieuse saoudite), jusqu’aux extrêmes d’une « justice bricolée » expéditive, comme cela se produit fréquemment pour les accusations de blasphème au Pakistan.

Voilà la raison pour laquelle la tradition politique majoritaire a considéré le principe en termes non absolus, par exemple en stipulant que « la commanderie du bien » puisse se produire à la limite aussi dans la forme d’une simple condamnation intérieure (« dans le cœur »). De plus, historiquement elle a attribué la fonction de la censure (hisba) de préférence à des fonctionnaires précis plutôt qu’à la communauté en général.

Le texte de al-Azhar stigmatise les « tentatives de fouiller dans la conscience des fidèles » (le terme pour « fouiller » est de manière significative taftîsh, qui rappelle en arabe les perquisitions de la police) et motive cette condamnation autant sur la base des ordonnances constitutionnelles qu’en référence à la charî‘a.

À partir de là, le discours dans la conclusion du premier point (probablement le passage conceptuellement le plus dense de tout le document) conduit immédiatement à la licéité du pluralisme au sein de l’Islam. Ce pluralisme est reconduit à l’effort interprétatif, qui, comme l’argumente le deuxième point, est toujours faillible et donc exposé à des révisions.

Personne ne peut prétendre posséder la vérité absolue en matière religieuse, surtout là où il n’y a pas de texte explicite ou un consensus de longue date.

...Mais une question sur laquelle cela vaudrait la peine de revenir est " quel type de raison le texte a à l’esprit."

Il semble que la prééminence absolue soit donnée à la raison scientifique, si non même purement technologique. En revanche, il est évident que pour une exégèse renouvelée – et plus généralement pour la nouvelle interprétation culturelle de la foi islamique exigée par les révolutions arabes – il faudra faire appel à toutes les dimensions de la raison humaine.

... Il faut une conception de la raison qui soit capable « d’accroître la conscience de la réalité, de stimuler l’imagination, d’élever le sens esthétique, d’éduquer les sens humains, d’élargir les capacités intellectuelles et d’approfondir l’expérience de la vie et de la société propres à l’homme ».

Voilà énoncé le programme d’un humanisme authentique. Cet humanisme que la civilisation islamique, avec ses figures les plus nobles, a déjà démontré apprécier et pratiquer. (source : Oasis)
L'ensemble de cette étude de Martino Diez est à rejoindre dans Oasis-Marcianum

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