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du 25 au 27 février 2012 (semaine 08)
 

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27 février 2012 -
ILS NE PEUVENT RESTER SANS ÉCOUTE

Après l’Allemagne, l’Autriche, l’Irlande et la France, c’est désormais en Belgique que des prêtres et des laïcs exposent ouvertement une demande de réformes profondes, des contestations qui embarrassent les évêques d’Europe.

En Autriche, le P. Helmut Schüller a lancé en 2011 un « appel à la désobéissance » signé de 300 prêtres et diacres.
Même si les questions qu’ils soulèvent ne relèvent pas toutes des évêques, elles placent ces derniers dans une situation délicate.

C’est au tour de la Belgique d’être gagnée par la vague contestataire. Rejoint par quelques collègues et quelques laïcs, un prêtre de Courtrai a été, à l’automne, à l’initiative du manifeste Des croyants prennent la parole (Gelovigen nemen het woord) ; celui-ci a réuni plus de 8.200 signatures, dont pratiquement un prêtre ou un responsable de paroisse sur dix, d’après l’hebdomadaire chrétien flamand Tertio .

Sur la base d’un diagnostic assez sévère pour l’Église catholique en Flandre, il demande des « réformes indispensables » : la communion pour les divorcés remariés, l’ordination d’hommes et de femmes mariés et l’accès des laïcs à la prédication ou à la direction des paroisses. « Une communauté ecclésiale organisée reste nécessaire. Mais sa forme actuelle ne correspond plus aux réalités, parce qu’elle laisse encore tout reposer sur le sacerdoce réservé aux seuls hommes, célibataires de surcroît », déclarent les signataires.

Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers, a depuis confié qu’il reconnaissait « légitime » la question des critères d’ordination. « Avec un certain nombre d’évêques, nous avons souvent dit que le fait que des hommes mariés puissent aussi être ordonnés pourrait être un enrichissement pour la pastorale. Mais ce ne serait pas une solution miracle au manque de prêtres », a-t-il tenu à préciser.

Le même scénario semble se reproduire successivement dans divers pays européens. Le 3 février 2011, en plein scandale lié aux révélations d’actes pédophiles commis par des prêtres et alors que de nombreux catholiques allemands faisaient le choix de quitter l’Église, le quotidien Süddeutsche Zeitung a publié un mémorandum intitulé « Église 2011, un renouveau indispensable », signé par 150 théologiens allemands, suisses et autrichiens.

En visite en Allemagne quelques mois plus tard, Benoît XVI leur a répondu en proposant une méditation sur l’expression Wir sind Kirche (Nous sommes l’Église), du nom de cette association née en Allemagne au milieu des années 1990, favorable à des réformes en profondeur. Preuve que le débat n’est pas éteint pour autant, près de 100 000 signatures viennent d’être récoltées par la Communauté des femmes catholiques d’Allemagne pour une pétition en faveur de l’accès à la communion des divorcés remariés.

Mais c’est en Autriche que la confrontation a été la plus rude. Menés par le P. Helmut Schüller, ancien vicaire général du cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, et initiateur déjà, en 2006, d’une « initiative de prêtres », plus de 300 prêtres et diacres ont signé l’été dernier son « appel à la désobéissance » .

En Irlande, un prêtre sur dix a rejoint l’Association des prêtres catholiques et en France une poignée de prêtres du diocèse de Rouen, rejoints par des laïcs auteurs d’une Lettre ouverte aux chrétiens du diocèse, ont créé cet automne l’association « Soutien à l’appel des prêtres autrichiens ».

Pour le théologien Arnaud Join-Lambert, "de tels mouvements ne peuvent rester sans écoute, car ne pas être écouté peut provoquer une sorte de frustration"... "Même si ce n’est pas facile et s’il se sent coincé, le rôle de l’évêque est de tenir les deux bouts, de maintenir la communion dans son diocèse", affirme-t-il.

" L’Église ne peut être une démocratie mais Vatican II, avec les synodes, les conseils pastoraux ou presbytéraux, a créé les outils adaptés à notre culture démocratique, estime ce théologien. Les pères conciliaires avaient vu venir cela." (source : AP)


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