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9 mars 2012 - Sri Lanka
L'ÉVÊQUE EST MENACÉ D'ARRESTATION PAR LE POUVOIR

Mgr Rayappu Joseph, l’évêque catholique de Mannar, est menacé d’arrestation par le parti bouddhiste au pouvoir, alors qu'il lançait, suivi par une trentaine de prêtres, a lancé un appel afin que le gouvernement reconnaisse ses crimes de guerre.

Cette initiative a fortement irrité le parti bouddhiste nationaliste Jathika Hela Urumaya (JHU), membre de la coalition au pouvoir, lequel a demandé l’arrestation de l’évêque catholique.

Les points de vue adoptés montre une Église divisée par un fossé ethnique : les Tamouls et les Cinghalais.

Le 1er mars, l’évêque de Mannar, un diocèse situé dans la partie tamoule de l’île, a signé avec trente autres prêtres issus de différentes parties du Sri Lanka, une lettre adressée au Conseil des droits de l’homme de l’ONU (UNHRC) qui siège actuellement à Genève du 27 février au 27 mars, pour sa 19ème session.

Dans cet appel, il demandait aux Nations Unies d’intervenir auprès du gouvernement de Mahinda Rajapaksa afin que ce dernier « assure la protection des droits de l’homme » et « mette en œuvre le processus de réconciliation ».

Le cardinal Ranjith, archevêque de Colombo et président de la Conférence épiscopale, a critiqué cet appel et sa présentation à l’ouverture de la session de Genève le 27 février dernier. Il avait qualifié le projet de l’ONU contre le gouvernement sri-lankais, d’« ingérence dans la souveraineté du pays » et avait prôné la poursuite des investigations par la Lessons Learned and Reconciliation Commission (LLRC) instituée par le président sri-lankais, ainsi que l’application des recommandations de cette dernière.

Mais la parution en décembre dernier du rapport de la LRRC n’avait fait que confirmer les craintes des défenseurs des droits de l’homme, la commission gouvernementale blanchissant sans grande surprise l’armée sri-lankaise de toute accusation de crimes de guerre.

De nombreux médias sri-lankais, ont souligné que l’appel lancé à l’ONU par une partie du clergé catholique mené par un évêque connu pour son combat en faveur des droits des Tamouls, en désavouant le chef de l’Eglise sri-lankaise, d’origine cinghalaise, révélait le fossé ethnique qui semblait s’être creusé au sein des catholiques, lesquels comptent un tiers de Tamouls pour deux tiers de Cinghalais.

Les 31 membres du clergé motivent leur appel : " Nous nous exprimons en tant que communauté chrétienne du nord du Sri Lanka, qui a été gravement affectée par la guerre et a toujours travaillé à aider la population de la région, déclarent les signataires dans leur texte adressé à l’UNHRC. Etant donné le refus constant du gouvernement sri-lankais de reconnaître la réalité et l’étendue des abus commis durant le conflit, de venir en aide aux populations qui font face à de graves difficultés dans cette situation d’après-guerre et d’admettre la gravité des crimes commis ainsi que leur responsabilité dans ceux-ci, nous pensons qu’un organisme international et indépendant saurait mieux traiter ces questions, et faire toute la vérité sur les faits, les responsabilités et la réparation qui sont dus aux victimes […] comme aux survivants et leurs familles."

Il est vrai que selon les ONG présentes sur le terrain, il y aurait, malgré les affirmations de Colombo sur « l’achèvement de la réhabilitation », plus de 200.000 déplacés encore entassés dans les camps, 39.000 veuves de guerre sans ressources et avec charge de famille, et au moins 12.000 personnes portées disparues.

"Human Rights Watch" et "Amnesty International" ont dénoncé « les exécutions extrajudiciaires et les disparitions qui ne cessent d’augmenter » en zone tamoule, ainsi que le maintien de la présence militaire et l’application de lois anti-terroristes permettant notamment la confiscation des terres, des faits régulièrement dénoncés par le clergé catholique du nord du pays.

Quant au Jathika Hela Urumaya (JHU), parti bouddhiste nationaliste membre de la coalition United People’s Freedom Alliance (UPFA) dirigée par Mahinda Rajapaksa, il a accusé Mgr Rayappu Joseph de complicité avec les séparatistes tamouls et demandé des sanctions immédiates pour ces propos anti-gouvernementaux. allant jusqu'à l’emprisonnement immédiat de l’évêque de Mannar et des 30 signataires. (source : Mepasie)


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