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du 10 au 12 mars 2012 (semaine 10)
 

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12 mars 2012 - Inde
L'ÉGLISE EST MISE EN ACCUSATION SUR LE NUCLÉAIRE


Le 8 mars, à Chennai (Madras), Mgr Chinnappa, archevêque de Madras-Mylapore et président du Conseil épiscopal du Tamil Nadu a déclaré à la presse que "le parti du Congrès pratiquait une véritable 'chasse aux sorcières' envers les chrétiens."

Ils dénoncent les « allégations mensongères» du gouvernement fédéral, et ont accusé à leur tour New Delhi de « persécuter la communauté chrétienne» pour son soutien aux manifestants anti-nucléaires de Kudankulam.

Les évêques ont condamné le blocage par le ministère fédéral de l’intérieur, des comptes de quatre ONG - dont deux sont étroitement iées à l’Eglise catholique - , pour « financement illicite » du mouvement anti-nucléaire qui ne désarme toujours pas à Kudankulam où la "Nuclear Power Corp of India" (NPCI) tente de mettre en fonctionnement deux réacteurs nucléaires de fabrication russe de 1.000 MW chacun

Le 28 février, le gouvernement fédéral a donné l’ordre de geler les comptes de la "Tuticorin Diocesan Association" et la "Tuticorin Multipurpose Social Service Society", deux organisations dirigées par Mgr Yvon Ambroise, évêque de Tuticorin, également trésorier du Conseil des évêques catholiques du Tamil Nadu.

Les évêques ont également accusé le Congrès de donner la fausse impression que l’Eglise menait les manifestations et avait le pouvoir de les arrêter. " Avec ou sans nous, les habitants de Kudankulam continuerons à manifester" , a déclaré Mgr Chinnappa, avant d’ajouter que "l’Eglise n’avait aucun intérêt particulier à lutter contre le nucléaire, mais qu’il était de son devoir d’être aux côtés de ses fidèles lorsqu’ils avaient besoin de leur soutien [même] si elle risquait d’être visée ensuite pour cela".

Dans une région qui a été ravagée par le tsunami de 2004, les habitants craignent particulièrement un nouvel accident nucléaire, mais aussi les conséquences des rejets de la centrale sur les réserves de pêche qui constituent leur principale source de subsistance.

C’est en septembre dernier, au plus fort des manifestations et du jeûne collectif lancé par une centaine de participants afin de retarder la mise en route de la centrale, que l’Eglise catholique a décidé de s’engager publiquement aux côtés des contestataires.

Mais contrairement aux prévisions des autorités, la mobilisation, toujours pacifique mais déterminée des habitants de Kudankulam s’était maintenue. Décidé à faire passer en force ce projet qui a coûté plus de 3 milliards d’euros, le gouvernement est finalement passé à la répression depuis décembre dernier : les arrestations de manifestants se sont multipliées, ainsi que les inculpations pour « sédition contre l’Etat », un crime qui peut être puni d'emprisonnement à perpétuité.

Depuis Fukushima, l’Inde a de plus en plus de mal à mettre en application le vaste programme nucléaire qu’elle avait projeté de développer pour accompagner la forte croissance du pays. Les dirigeants et les industriels s’affrontent aux opposants de plus en plus nombreux, non seulement à Kudankulam, mais aussi à Jaitapur dans le Maharashtra où les manifestants bloquent les convois du groupe d’Areva, ou encore au Bengale occidental où ils ont obtenu l’avortement du projet d’une gigantesque centrale. (source : Mepasie)


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