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du 13 au 16 mars 2012 (semaine 11)
 

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16 mars 2012 - Nigeria
ILS DOIVENT SE PROTÉGER EUX-MÊMES

À la demande de la conférence épiscopale, chaque paroisse du pays est invitée à constituer une brigade d’autodéfense, composée de jeunes gens, pour protéger les églises. Ce nouveau dispositif s’étend peu à peu à l’ensemble du territoire.

" C’est Dieu qui est le protecteur de son peuple. Mais Il a besoin d’hommes pour l’aider dans cette tâche. Nous, les cadets, nous avons répondu à cet appel. Nous assurons la sécurité de l’église, nous protégeons les chrétiens de ceux qui les menacent", explique Daniel Agbo, un jeune homme de 25 ans portant rangers, pantalon kaki et chemise militaire. Il arbore fièrement l’uniforme des MOD (Men of Order and Discipline, «les hommes de l’ordre et de la discipline» ).

Fondé dans les années 1980 par un prêtre de Maiduguri, ville travaillée par l’intégrisme islamique dans l’État de Borno (nord-est du pays), ce mouvement s’étend depuis peu à l’ensemble du Nigeria. Devant l’actuelle montée des violences dont sont victimes les chrétiens, la Conférence épiscopale et le gouvernement nigérian encouragent les diocèses à doter leurs paroisses d’une brigade MOD pour assurer la sécurité des fidèles.

Daniel Agbo et ses camades, assure tous les dimanches la protection de son église. " Nous contrôlons tous les véhicules qui viennent se garer dans la cour, nous fouillons les sacs. Pendant les cérémonies, nous patrouillons dans l’église pour repérer les comportements suspects, détecter les dangers potentiels. À Wukari, nous nous méfions des musulmans. Depuis que le groupe islamiste terroriste, Boko Haram, s’attaque aux chrétiens, nous devons redoubler de vigilance".

Dans cette ville estudiantine, les relations entre chrétiens et musulmans sont tendues. En juillet 2010, de jeunes chrétiens détruisirent une mosquée que construisait le commissaire de police dans la cour du commissariat. Aussitôt, de jeunes musulmans s’en prirent à une église.

L’affrontement entre les deux communautés fut direct et violent : huit personnes furent tuées, six mosquées et une église brûlées. L’armée dut intervenir pour rétablir l’ordre.

Ce service d’ordre du MOD n’est pas sans évoquer un groupe paramilitaire et les jeunes se retrouvent une fois par semaine pour s’entraîner. "Nous devons nous préparer à toute forme d’attaque. Nous ne sommes pas armés. S’il y a un problème, nous ferons barrage avec nos corps."

" Il faut bien comprendre que pour l’heure, c’est le seul moyen à notre disposition pour nous protéger. Depuis que Boko Haram nous menace directement, les MOD sont devenus indispensables", explique le P. Charles Nyameh, vicaire épiscopal de Jalingo, tout en reconnaissant que son diocèse ne connaît «pas particulièrement de tension confessionnelle dans notre ville. Le climat d’insécurité dans lequel le Nigeria est plongé nous incite à nous organiser pour protéger nos églises. Les MOD sont pacifiques. Ils sont le premier rempart contre d’éventuelles agressions conduites par des extrémistes venues d’ailleurs."

Dans d'autres régions, les MOD ont une allure bien moins martiale. En guise d’uniforme, ils portent un tee-shirt blanc crème et un pantalon sombre. Pendant les messes du dimanche, ils se déploient autour de l’église, contrôlent la circulation, les allées et venues. Ils dirigent les voitures vers un parking éloigné de l’église, empêchent les motocyclettes de s’approcher, ouvrent les sacs des fidèles.

" C’est beau de voir nos enfants s’organiser pour nous protéger", constate de son côté le P. Geoffrey Baka. (source : AP)


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