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du 13 au 16 mars 2012 (semaine 11)
 

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16 mars 2012 -
CE QUE NOUS DISENT LES DÉMARCHES DE BENOÎT XVI

La rencontre entre Benoît XVI et le Primat de le Communion anglicane, le 10 mars, au monastère Saint-Grégoire-au-Mont-Caelius, signifie que, pour l'un comme pour l'autre, l'œcuménisme doit renoncer aux tactiques pour aller à l'essentiel.

Parmi les nombreuses critiques adressées à Benoît XVI, il en est une qui a perdu sa valeur depuis qu’il a célébré des vêpres avec le Dr Rowan Williams.

C’est celle qui lui consiste à lui reprocher d’enterrer l'œcuménisme et de faire passer le rapprochement avec les lefebvristes avant le dialogue avec les autres confessions chrétiennes.

Les faits disent le contraire. Les adeptes de l’archevêque schismatique Marcel Lefebvre sont justement les plus irréductibles dans leur rejet des offres de paix du Pape. Et ils les repoussent précisément à cause des remarquables avancées, qu’ils considèrent comme une concession à l’erreur, de Benoît XVI sur le chemin de la réconciliation avec les Anglicans, avec les Églises d'Orient et même avec les héritiers de Martin Luther.

En ce qui concerne la Communion anglicane, le rapprochement que l’on constate depuis que Joseph Ratzinger est pape est tout simplement stupéfiant. En toute logique, on se serait attendu au contraire. À l'automne 2009, Benoît XVI a promulgué une Constitution apostolique intitulée "Anglicanorum Cœtibus" pour mettre en communion avec l’Église catholique romaine des communautés entières de fidèles provenant de l'anglicanisme, avec leurs évêques et leurs prêtres.

Cette initiative a été condamnée, par certains comme étant un geste gravement anti-œcuménique, c’est-à-dire une restauration de l'idéologie du "grand retour" et une volonté de l’Église catholique d’"étendre son empire" en arrachant des portions d’Églises rivales, selon les orientations romaines durant des décennies. L'initiative de Benoît XVI, du côté anglican, n’a provoqué aucun rejet, et, comme en témoigne l'homélie du Dr Rowan Williams le 10 mars, a été considérée comme un véritable discernement.

"Anglicanorum Cœtibus" avait été annoncé simultanément par Rome et par Londres, dans cette dernière ville par le primat anglican Williams lui-même, bien qu’il n’ait pas participé à la préparation du document. Par la suite, quelques milliers de fidèles et des dizaines de prêtres et d’évêques sont effectivement passés à l’Église de Rome et ont été organisés en "ordinariats" spéciaux, deux jusqu’à présent, le premier en Grande-Bretagne et le second aux États-Unis.

En termes d’effectifs, les passages de la Communion anglicane à la Comunion romaine, dans le cadre d’"Anglicanorum Cœtibus" ont été jusqu’à présent assez limités.

Les nouveaux venus ont la possibilité de conserver leur rite liturgique précédent ; les prêtres et évêques, qui sont mariés et pères de famille pour la plupart, sont ordonnés prêtres dans l’Église catholique et continuent à diriger leurs communautés respectives.

Mais dans le même temps le fossé s’est élargi, parmi les quelque 77 millions d’anglicans existant dans le monde, entre une tendance "liberal" qui est favorable à l’ordination de femmes comme prêtres et comme évêques, aux prêtres et évêques homosexuels, au mariage entre personnes de même sexe, et une tendance beaucoup plus nombreuse qui est fortement opposée à ces innovations.

La plupart des gens qui appartiennent à cette seconde tendance sont d’inspiration "evangelical" et ils sont très loin de l’idée de passer à l’Église catholique.

Cela n’empêche pas la majorité des anglicans du monde entier d’avoir aujourd’hui une perception beaucoup plus positive que par le passé de l’Église de Rome en tant que gardienne autorisée des traditions apostoliques communes contre les dérives modernistes. C’est pourquoi la frontière entre catholicisme et anglicanisme est aujourd’hui plus ouverte. Et le primat anglican Williams lui-même, qui est un fin théologien, a trouvé dans le magistère théologique de Benoît XVI une vision qu’il partage largement.

L'œcuménisme de Benoît XVI n’est pas un œcuménisme de négociations, de cessions réciproques de souveraineté, d’affaiblissement de la doctrine, ayant pour but de créer une structure acceptable par tous. Il veut simplement raviver la fidélité aux racines de la mission des chrétiens dans le monde, telle que Jésus-Christ l’a voulue. Il veut faire l’unité à partir de cette fidélité.

C'est cette fidélité dont le primat anglican a fait la trame de son homélie : " dans la discipline du silence et de la patience, dans l’attente que la vérité se manifeste à nous, au fur et à mesure que nous laissons de côté les déformations de notre vision."

Un clin d'oeil à ne pas négliger :
le chœur anglican, peut-être le meilleur chœur de musique liturgique au monde, qui a chanté durant ces vêpres, était dirigé par le catholique James O'Connell. Et c’est ce chœur anglican qui accompagnera les liturgies célébrées par Benoît XVI dans les basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul-hors-les-Murs, à Rome, lors de la prochaine fête des saints Pierre et Paul. Là encore sous le signe commun de Grégoire le Grand et du chant auquel son nom a été donné. (source : Chiesa)

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