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du 1 au 7 avril 2012 (semaine 14)
 

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7 avril 2012 -
LA CONFIGURATION HUMAINE ET CHRISTIQUE DU PRÊTRE

Les prêtres contestataires autrichiens ont apprécié les paroles de Benoît XVI, dans son homélie de la messe chrismale, en réponse à leur élan qui veut transformer l’Église. "Est-ce possible selon nos désirs et selon nos idées ?"

La presse a parcouru rapidement quelques phrases et les a sorties de leur contexte, les situant dans l'actualité médiatique. Nous préférons donner le texte réel du Pape qui ne veut pas simplifier le problème mais l'aborde en une méditation rejoignant l'essentiel de toute vocation sacerdotale.

..." En cette messe nos pensées se tournent vers le moment où l’Évêque, par l’imposition des mains et la prière, nous a fait entrer dans le sacerdoce de Jésus Christ, de sorte que nous soyons « consacrés dans la vérité » (Jn 17, 19), comme Jésus, dans sa Prière sacerdotale, a demandé pour nous à son Père. Il est lui-même la Vérité.

" Il nous a consacrés, c’est-à-dire remis pour toujours à Dieu, afin que, à partir de Dieu et en vue de lui, nous puissions servir les hommes. Mais sommes-nous aussi consacrés dans la réalité de notre vie ? Sommes-nous des hommes qui agissent à partir de Dieu et en communion avec Jésus Christ ?

" Avec cette question le Seigneur se tient devant nous, et nous nous tenons devant lui. « Voulez-vous vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus et chercher à lui ressembler, en renonçant à vous-mêmes, en étant fidèles aux engagements attachés à la charge ministérielle que vous avez reçue au jour de votre Ordination sacerdotale ? »

" C’est ainsi qu’après cette homélie, j’interrogerai individuellement chacun de vous et aussi moi-même. Par là, deux choses s’expriment surtout : ce qui est demandé c’est un lien intérieur, ou mieux, une configuration au Christ, et en ceci nécessairement un dépassement de nous-mêmes, un renoncement à ce qui est seulement nôtre, à la si vantée autoréalisation.

" Il est demandé que nous, que moi, je ne revendique pas ma vie pour moi-même, mais que je la mette à la disposition d’un autre – du Christ. Que je ne demande pas : qu’est-ce que j’en retire pour moi ?, mais : qu’est-ce que je peux donner moi pour lui et ainsi pour les autres ? Ou encore plus concrètement : comment doit se réaliser cette configuration au Christ, lequel ne domine pas, mais sert ; il ne prend pas, mais il donne – comment doit-elle se réaliser dans la situation souvent dramatique de l'Église d’aujourd’hui ?

" Récemment, un groupe de prêtres dans un pays européen a publié un appel à la désobéissance, donnant en même temps aussi des exemples concrets sur le comment peut s’exprimer cette désobéissance, qui devrait ignorer même des décisions définitives du Magistère – par exemple sur la question de l’Ordination des femmes, à propos de laquelle le bienheureux Pape Jean-Paul II a déclaré de manière irrévocable que l’Église, à cet égard, n’a reçu aucune autorisation de la part du Seigneur.

" La désobéissance est-elle un chemin pour renouveler l’Église ? Nous voulons croire les auteurs de cet appel, quand ils affirment être mus par la sollicitude pour l’Église ; être convaincus qu’on doit affronter la lenteur des Institutions par des moyens drastiques pour ouvrir des chemins nouveaux – pour ramener l’Église à la hauteur d’aujourd’hui.

" Mais la désobéissance est-elle vraiment un chemin ? Peut-on percevoir en cela quelque chose de la configuration au Christ, qui est la condition nécessaire de tout vrai renouvellement, ou non pas plutôt seulement l’élan désespéré pour faire quelque chose, pour transformer l’Église selon nos désirs et nos idées ?

" Mais ne simplifions pas trop le problème. Le Christ n’a-t-il pas corrigé les traditions humaines qui menaçaient d’étouffer la parole et la volonté de Dieu ? Oui, il l’a fait, pour réveiller de nouveau l’obéissance à la vraie volonté de Dieu, à sa parole toujours valable. La vraie obéissance lui tenait justement à cœur, contre l’arbitraire de l’homme.

" Et n’oublions pas : il était le Fils, avec l’autorité et la responsabilité singulières de révéler l’authentique volonté de Dieu, pour ouvrir ainsi la route de la parole de Dieu vers le monde des gentils. Et enfin : il a concrétisé son envoi par sa propre obéissance et son humilité jusqu’à la Croix, rendant ainsi sa mission crédible. Non pas la mienne, mais ta volonté : c’est la parole qui révèle le Fils, son humilité et en même temps sa divinité, et qui nous indique la route."

Mgr Helmut Schueller, coordinateur du mouvement de prêtres autrichiens Pfarrer-Initiative, se dit satisfait de la réponse à ses revendications exprimée jeudi 5 avril par Benoît XVI, dans son homélie lors de la messe chrismale à Saint-Pierre de Rome.

« Il n’y a eu de la part du pape aucune interdiction, ni aucune sanction, mais une explication ouverte », a constaté l’ancien vicaire général du diocèse de Vienne, interrogé par l’agence italienne TM News.

Le mouvement fédéré par Mgr Schueller, lancé en juin 2011, demande, entre autres, l’admission des femmes à l’ordination sacerdotale. Sur ce point, le pape a répondu par la négative. Mais, souligne Mgr Schueller, « le pape a reconnu que nous sommes « animés par la sollicitude pour l’Église » et du désir de la faire avancer. Et son ton n’a pas été dur ».

Sachant que son mouvement, qui regroupe environ 400 prêtres, soit un prêtre autrichien sur dix, a été rejoint également par des prêtres irlandais, français, belges et américains, Mgr Schueller estime « significatif que le pape n’ait pas répondu à notre groupe par une excommunication » : « Il est conscient qu’il existe un débat en Autriche sur ces thèmes, et que nos idées sont partagées par de nombreux fidèles. Une sanction ne résoudrait rien ».

Parmi les autres revendications de ce groupe, figure l’abolition du célibat sacerdotal, l’admission à l’eucharistie pour les divorcés remariés, la possibilité pour des laïcs de prêcher et de diriger des paroisses.

Un autre responsable de la Pfarrer-Initiative, le P. Hans Bensdorp, interrogé par le site italien Vatican Insider, a, lui aussi, apprécié l’homélie de Benoît XVI : « En reconnaissant que “le Christ a corrigé les traditions humaines qui menaçaient d’étouffer la parole et la volonté de Dieu”, le pape a choisi des termes qui ne sont pas éloignés de ce que nous disons. » Et lui aussi souligne que « le pape n’a pas condamné notre groupe : il a exprimé des demandes que nous devrons prendre au sérieux ».

(source : VIS et KNA)

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