Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 10 au 12 mai 2012 (semaine 19)
 

-
12 mai 2012 - Brésil
LE
S CONFLITS EN MILIEU RURAL

Publiées chaque année, dans un rapport, les informations, collectées par la Commission Pastorale de la Terre, (CPT) donnent une visibilité à la dangerosité de cultiver sa terre aujourd’hui, au Brésil.

En rappelant l’assassinat des deux militants de la CPT, José Claudio Ribeiro da Silva et son épouse, le 24 mai 2011, au cœur de l’Amazonie, le rapport souligne à quel point le climat de violence en milieu rural se radicalise chaque année davantage. Le couple est d’ailleurs devenu au Brésil un symbole des violences qui menacent les militants pour la défense de l’environnement. Tout comme l’avait été Sœur Dorothy Stang, la religieuse américaine assassinée sept ans plus tôt dans la même région.

Et le problème s’est aggravé depuis que la présidente, Dilma Roussef, est au pouvoir et que la réforme agraire est absente de ses priorités. Le rapport signale d’ailleurs que, lors la première année de mandat de celle qui a succédé au président Lula, le nombre de familles qui ont obtenu une terre a été le plus bas depuis 1995.

En 2011, la CPT a ainsi recensé 1363 cas de conflits liés à la terre, soit une augmentation de 21,32% par rapport à 2010. Les conflits qui ont le plus augmenté sont ceux impliquant les intérêts économiques privés des grands propriétaires terriens, des exploitants forestiers et des compagnies minières. Ils représentent aujourd’hui près de 70% des violences.

Le rapport est formel. Ce qui domine encore aujourd’hui est la loi imposée par les grands propriétaires qui occupent les terres illégalement, les exploitants forestiers et les grands fermiers. Les lois de l’Etat brésilien ne sont pas respectées dans le monde rural.

La CPT révèle aussi une augmentation de 75,7% du nombre de familles expulsées de terres occupées. Et en 2011, ce sont plus de 15.000 familles, soit plus de 50% par rapport à l’année précédente, qui ont été menacées de mort. Des menaces d’ailleurs en hausse vertigineuse, puisqu’elles sont passées de 125 en 2010 à 347 en 2011. Principales cibles? Les indigènes, les militants pour la défense de l’environnement, les représentants de l’Etat et les leaders de syndicats pour une agriculture familiale.

Le rapport 2011 démontre que ce climat de violence préoccupe la population rurale dans son ensemble. D´autant que, de janvier à avril 2012, 12 personnes, pour l´essentiel des militants de l´environnement, ont déjà été assassinées et que des dizaines d´autres ont été menacées. Le sentiment d´impunité est sans doute plus important que jamais, notamment dans la région Amazonie, au centre de toutes les convoitises (grands travaux, agrobusiness, exploitations minières).

"Il est clair que les lois de l´Etat brésilien ne sont pas respectées dans le monde rural, assure José Batista Gonçalves Afonso. Ce qui domine encore aujourd´hui est la loi imposée par les grilheros (grands propriétaires occupant les terres illégalement, ndlr), les exploitants forestiers et les grands fermiers." Des grands propriétaires également montrés du doigt dans le rapport, au moment d´évoquer le thème du travail esclave. "C´est une plaie qui ne cicatrise pas, assure Carlos Walter Porto Gonçalves. Le nombre de cas est en effet passé de 204 à 230 d´une année à l´autre (+12,7%) et concerne 19 des 27 États de l´Union."

"Malgré cela, conclue le rapport, même au milieu de tant de conflits, de violences et d´agressions constantes, et face à des intérêts économiques toujours plus puissants, la capacité de résistance et de lutte des peuples indigènes, des communautés quilombolas, et des autres communautés paysannes de faiblit pas." Une détermination à laquelle Mgr Leonardo Steiner, Secrétaire général de la Conférence des Evêques du Brésil (CNBB), a tenu à rendre hommage. "Ce document, a déclaré le prélat, rappelle que des enfants de Dieu, à la recherche d´une vie digne, sont morts à cause de l´appât du gain et de l´injustice du modèle agricole brésilien. La rapport de la CPT conserve pour le futur la mémoire des ces vies." (source : Apic)


Retour aux dépêches

retour à la page d'accueil