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du 18 au 21 juin 2012 (semaine 25)
 

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21 juin 2012 - Chine
LA CENSURE ET L'INTOXICATION MÉDIATIQUES

Le texte ci-dessous n’est pas un traité sur la censure chinoise mais le témoignage d’un professeur étranger qui a vécu vingt ans en Chine populaire. On comprendra aisément qu’il tienne à garder l’anonymat.

" Durant mon séjour de presque vingt ans en Chine, dit-il, de nombreuses personnes, bien intentionnées, m’ont régulièrement assuré qu’il n’y avait plus de censure : « Maintenant, c’est la liberté, on peut dire tout ce qu’on veut ! » Pourtant, je restais méfiant et j’avais bien raison. Il est vrai, cependant, que les gens ne se surveillent plus les uns les autres comme lors de la Révolution culturelle (1966-1976), mais le gouvernement continue bien de contrôler et de censurer l’information, et ce à tous les niveaux.

" Un jour, un de mes étudiants me demande d’écrire un article pour le bulletin de l’université. Je l’écris en chinois pour qu’il profite aux étudiants des autres sections : je parle du courage, de la ténacité et de la soif d’apprendre. Rien de très original ! Or, mon article fait problème : « Les professeurs étrangers doivent s’exprimer dans leur langue maternelle », me dit-on. Ce à quoi je réponds : « Mais vous devriez être heureux qu’on apprenne le chinois et qu’on l’aime ! » Finalement, mon article est accepté à contrecœur mais on ne me sollicite plus pour en écrire d’autres.

" Deux mois plus tard, le bulletin en question est publié. Une page attire mon attention ; elle a été écrite par un de mes étudiants : il s’exprime dans une phraséologie révolutionnaire pure et dure. Pourtant, je connais bien l’auteur, c’est un garçon calme et mesuré. Je l’interroge en classe : « Je ne savais pas que tu étais aussi engagé en politique ! » Toute la classe rit : « Mais, Monsieur, il ne pouvait pas dire autre chose. On y est obligé, quand le ‘moniteur de politique’ nous le demande, de répéter ce qu’il y a dans les livres de propagande ! »

" Un jour un voisin de palier chinois, m’interpelle : « Les journaux ont annoncé les lauréats des différents prix Nobel ! ». Je lui lance : « Oui ! Mais il semble bien qu’ils en ont oublié un, celui de la paix ». Il a été attribué au dissident chinois Liu Xiaobo, condamné à dix ans de prison. Les médias chinois n’en ont pas soufflé mot. J’interroge un cadre du Parti sur le sujet. Lui est au courant et défend la position du gouvernement : « C’est une décision politique qui n’a rien à voir avec la paix. » On fournit aux membres du Parti une information parallèle plus complète et, en même temps, les arguments nécessaires pour répondre aux objections.

..." Le Parti veut rester au pouvoir à tout prix et pour cela il ne veut prendre aucun risque. Il censure tout ce qui pourrait le menacer de près ou de loin. Contourner la censure sur les grands sujets (liberté, démocratie, droits de l’homme, etc.) est impossible. La vigilance des nombreux censeurs est constante et sans faille. Un seul écart dans la presse ou à la télévision est sévèrement puni.

" Maintenant que j’ai quitté la Chine communiste, cela me fait du bien de pouvoir agir et parler librement. Je devais me méfier d’un peu tout le monde et ne pouvais ni téléphoner ni correspondre par Internet sans me demander, auparavant, si la censure du gouvernement apprécierait ou non mes activités. Des esprits mal intentionnés – surtout des internautes chinois –, appellent le bureau de la censure, « le ministère de la Vérité», mais heureusement il a de plus en plus de mal aujourd’hui à colmater les fuites !" (source : AP)


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