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du 6 au 9 juilet2012 (semaine 27)
 

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9 juillet 2012 - Pakistan
IL EST BRÛLÉ VIF POUR CAUSE DE BLASPHÈME

Dans le sud du Pendjab, un homme handicapé mental, soupçonné de profanation du Coran a été brûlé vif par une foule déchaînée, menée par des chefs religieux islamistes.

A la suite d’une plainte déposée par des habitants du bourg de Chani Ghoth appartenant au district de Bahawalpur, dans le sud du Pendjab, la police a arrêté un homme accusé d’avoir profané le Coran (selon certaines versions, il aurait jeté des pages du Coran dans la rue, selon d’autres il aurait tenté de le brûler).

Le soir même, alors que l’homme, qui semblait ne pas jouir de toutes ses facultés mentales et « ne même pas savoir où il habitait », était interrogé par les policiers, des chefs religieux islamistes ont incité par haut-parleurs la population à se rendre au commissariat pour « punir le blasphémateur ».

En moins d’une heure, une foule menaçante d’environ 2 000 personnes, s’est rassemblée devant le commissariat de Chani Ghoth réclamant que la police lui livre l’homme, alors que sa culpabilité n'avait pas encore été vérifiée. « Ils nous ont demandé de le tuer sous leurs yeux sinon ils se feraient justice aux-mêmes » a rapporté Mohammed Azhar Gujar, l’un des officiers de police.

Il affirme que lui et ses collègues ont tenté de protéger la victime en lançant des bombes lacrymogènes sur les agresseurs, mais que la foule était incontrôlable et en surnombre. La victime a été violemment frappée et torturée devant le commissariat avant d’être traînée par la foule hystérique. Après l’avoir aspergé d’essence, il a été brûlé vif, alors qu'l était bien vivant au moment de son immolation et a longuement appelé à l’aide la foule assistant à son exécution sans bouger.

Ghulam Abbas était âgé d’une quarantaine d’années et aurait été musulman. C’est du côté des chrétiens que la réaction a été la plus vive et la plus rapide. Dès que la nouvelle de l’exécution a été connue le 4 juillet, Mgr Andrew Francis, évêque de Multan, a condamné vigoureusement « un acte inhumain et d’une extrême gravité ».

Le district de Bahawalpur, qui abrite de très nombreuses madrasas tenues par des islamistes, est le théâtre d’actes de violence et d’exécutions extra-judiciaires récurrents. Le P. Samuel Raphael qui dessert l’église St. Dominic à Bahawalpur, confirme que les chrétiens du diocèse craignent de plus en plus pour leur vie.

Peter Jacob, secrétaire exécutif de la Commission ‘Justice et Paix ‘de la Conférence épiscopale du Pakistan (NCJP), a rapporté que depuis le début de l’année 2012, au moins trois personnes (deux musulmans et un chrétien) avaient été victimes d’exécutions extrajudiciaires et 88 autres étaient toujours en attente de jugement pour blasphème. Avec différentes ONG comme la Fondation Masihi ou encore Life for All, le NCJP a demandé l’intervention de la Cour Suprême du Pakistan afin de « garantir l'Etat de droit dans le pays » et mettre fin aux abus de la loi anti-blasphème, qui ne cessent de croître.

Dans une démarche officielle plutôt rare, le président pakistanais Asif Ali Zardari a exprimé le jeudi 5 juillet, son « profond chagrin » et s’est déclaré « excessivement choqué par cet atroce incident ». (source : Mepasie)


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